FLAMMARION
(Paris, France) Dépôt légal : mars 2003 Première édition Recueil de nouvelles, 288 pages, catégorie / prix : 19 € ISBN : 2-08-068397-7 Genre : Imaginaire
Quatrième de couverture
Maurice G. Dantec, né à Grenoble en 1959 et résidant aujourd'hui au Canada, a été musicien et rédacteur publicitaire durant les années 80, avant de faire .une entrée fracassante dans la « Série Noire » avec La Sirène rouge, presque aussitôt adaptée au cinéma. Ses romans suivants, Les Racines du mal et Babylon Babies, sont des thrillers de science-fiction qui portent un regard impitoyable sur le monde d'aujourd'hui et de demain : Sa réflexion se prolonge dans son journal « Le théâtre des opérations » (deux volumes parus à ce jour : Manuel de survie en territoire zéro et Laboratoire de catastrophe générale).
Les livres signés Maurice G. Dantec étant tous de « forts volumes », certains se demandaient ce qu'il donnerait sur de plus courtes distances. Périphériques est à cet égard la meilleure réponse qui soit. Composé de quatorze textes, jusque-là éparpillés dans la presse — Le Monde, Les Temps modernes, Le Magazine littéraire... — dans des collectifs ou sur le Net, ce recueil fait cohabiter nouvelles et essais, montrant du même coup que non seulement Dantec est aussi à l'aise sur le court que sur le long, mais que, contraint à une certaine concision, il parvient à davantage encore de précision dans son propos, à une écriture quasi chirurgicale et une densité optimale.
Articles engagés — sur les attentats du 11 septembre 2001, sur la politique, l'art et la littérature — , nouvelles cauchemars — réponse aux Cyberpunks américains — , ces textes font de leur auteur, Grand prix de l'Imaginaire pour son second roman, un écrivain visionnaire et un esprit farouchement indépendant (d'où son rapport terroriste avec la machine à décerveler qu'est la télévision)... qui n'hésite pas à se raconter longuement ici, dans un entretien où on le retrouve tout entier, toujours désireux d'« atteindre la vérité en pleine tête, avec un fusil à lunette ».
1 - Joël HOUSSIN, Toxines, pages 7 à 13, préface 2 - Dieu porte-t-il des lunettes noires ?, pages 15 à 46, nouvelle 3 - Trips, pages 47 à 51, article 4 - Richard COMBALLOT, Écrire nous rend de plus en plus cinglés !, pages 53 à 102, entretien avec Maurice G. DANTEC 5 - Réactionnaires de tous les pays, unissez-vous !, pages 103 à 107, article 6 - La Littérature comme machine de troisième espèce, pages 109 à 121, article 7 - Thx Baby, pages 123 à 130, nouvelle 8 - La Fiction comme laboratoire anthropologique expérimental, pages 131 à 148, article 9 - Là où tombent les anges, pages 149 à 220, nouvelle 10 - Millenium machines, pages 221 à 232, article 11 - Transitions urbaines, pages 233 à 242, article 12 - Mille ans à inventer, pages 243 à 247, article 13 - Quand clignote la mort électrique, pages 249 à 270, nouvelle 14 - By all means necessary, pages 271 à 274, article 15 - Let's roll - Mon amérique est une femme afghane, pages 275 à 281, article
Critiques
Michel Houellebecq donne, dans un article publié dans la NRF en avril 2002, une définition de ce que peut faire la science-fiction lorsqu'elle est judicieusement exploitée : réaliser une authentique mise en perspective de l'humanité, de ses coutumes, de ses connaissances, de ses valeurs, de son existence même ; étant ainsi, au sens le plus authentique du terme, une littérature philosophique. Les romans de Dantec collent parfaitement à cette définition. En lisant Les Racines du mal, Babylon babies ou la superbe novella « Là où tombent les anges », on se doute que leur auteur n'hésite guère à plonger ses mains dans le chaos métaphysique. Quitte à ce qu'elles en ressortent avec quelques stigmates. Ce recueil est là pour nous le confirmer, que ce soit au travers des textes critiques ou de l'interview minutieuse, quasi chirurgicale, conduite par Richard Comballot. La chair de la fiction et les nerfs de la critique s'y greffent pour engendrer en une mystérieuse alchimie, en une miraculeuse transsubstantiation, en une infinie recombinaison du grand séquenceur verbomoteur, le portrait pixellisé de l'auteur.
A côté des textes précités, la thématique beaucoup moins tendue, voire saupoudrée d'humour qui habite ses premières nouvelles : « Dieu porte-t-il des lunettes noires ? » ou « THX Baby », n'est pas sans rappeler certains récits d'Andrew Weiner, comme « Fugue »ou « Devenir indigène ». De petites perles où le cocasse alterne avec l'angoisse.
La lecture des textes critiques dans l'ordre chronologique nous révèle qu'au fil des années, Maurice Dantec s'imprègne, s'imbibe, se nourrit de sa propre fiction et que la distance qui le sépare de ses écrits s'amenuise de plus en plus pour, peut-être un jour, disparaître et donner naissance à une sorte d'entité hybride, une copulation virale, une usine à produire le réel, le grand Broyeur de la Nouvelle Synthèse Sub-Réaliste qui établira définitivement les premiers principes de thermodynamique transfictionnelle chers à l'auteur. Maurice G. Dantec, tout comme Philip K. Dick il y a quelques années, devient, par le biais d'une hallucinante transmigration verbomotrice, Le Livre duquel il arrache les pages de ses fictions.
A ce titre, ce recueil, en alternant articles, entretiens, conférences, nouvelles et discours, brosse un portrait-miroir passionnant de l'auteur et de son œuvre et démontre une fois de plus que le tout est bien supérieur à la somme des parties.
Alors si vous ne voulez pas rater le train pour Villa Vortex 1, foncez tout de suite sur les périfs 2 !
Notes :
1. Titre de son dernier roman (Gallimard) 2. Autres périphériques conseillés : Les larmes de Nietzsche — Richard Pinhas (préface de Maurice Dantec) — Flammarion — 2001 Schizotrope III (Richard Pinhas & Maurice Dantec) le/pli — CD 73' — Emma production — 2001