Il y a les pompiers qui ne servent à rien. Le feu les nargue et brûle lentement, inexorablement.
Mais leur impuissance ne gêne personne, au contraire. Ni les mélanos que les relents pulvérulents du brasier ont noirci et qui se prennent pour des mutants. Ni les forgerons qui ne pourraient pas vivre sans la fournaise et qui fabriquent, paraît-il, de l'or dans leurs forges. Ni les ramasseurs d'étincelles qui attrapent les braises volantes comme des papillons et dont la survie est assurée par l'énergie qu'ils puisent dans leur orgueil étriqué. Ni les laiteux qui refusent la réalité du feu et s'accrochent au passé. Ni, enfin, le Clan dont les membres se prennent pour des extincteurs justiciers...
Pyrania se consumme. Les hommes s'adaptent.
Le décor était pourtant superbe, non ? L'incendie qui dure, un monde de suie et de chaleur avec ses castes et ses intérêts spécifiques...
Mais l'écriture est à la fois trop lourde et trop riche. Les premières pages, en particulier, sont indigestes ; trop de descriptions, indigestion de métaphores.
De fait, Le Rire du lance-flammes est un roman mou, peuplé de personnages flasques. L'intrigue, à l'image des incendies pyraniens, progresse trop lentement, trop monotonement. Même les révélations distillées par l'auteur ne possèdent pas un impact suffisant pour emballer la machine et faire ronfler les flammes du plaisir.
Le lecteur, un tant soit peu pyromane, aurait envie de brûler ce roman que l'on subit ; roman impossible à vivre, impossible à ressentir.
Le Rire du lance-flammes laisse un goût de cendre dans la bouche...