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Le Manteau des étoiles

Garry KILWORTH

Titre original : The Roof of Voyaging, 1996
Première parution : Orbit, août 1996
Cycle : Les Rois Navigateurs vol. 1 

Traduction de Sandra KAZOURIAN
Illustration de Florent MAUDOUX

MNÉMOS , coll. Icares
Dépôt légal : septembre 2006
Première édition
Roman, 360 pages, catégorie / prix : 22 €
ISBN : 2-915159-81-5
Genre : Fantasy



Quatrième de couverture
     Les hommes du Peuple du Vent, habiles navigateurs et farouches guerriers, vivent aux confins de l'océan, dans les îles du bout du monde.
     Un jour, lors d'une chasse en mer, un équipage est entraîné loin des îles paradisiaques et découvre dans le Nord un étrange archipel. Un pays perpétuellement couvert de brouillard où vivent des hommes à la peau trop blanche et aux cheveux couleur de feu...
     De retour sur leur île avec deux hommes du Nord, les navigateurs découvrent que le roi est mort... La lutte pour la succession au trône oppose les deux fils du défunt. Accompagné d'une partie de la population et de Seuma, l'un des hommes blancs qui détient le secret du fer, Tangiia, le cadet, choisit l'exil et part pour un dangereux voyage, à la recherche d'une nouvelle île.

La fantasy épique
Du peuple du vent

     Né à New York en 1941, Garry Kilworth n'a cessé de parcourir le monde. Traduit dans une vingtaine de langues, lauréat du World Fantasy Award, il est l'auteur de plus de 60 romans. Le cycle des Rois Navigateurs — une fantasy épique captivante, bouillonnante de passions et de légendes, un univers exotique pétri d'humanisme et de sensualité — est né de sa fascination pour les mythes polynésiens.
Critiques
     Kupe et son équipage, lancés à la poursuite d'un fabuleux poulpe, quittent leur archipel polynésien et font une si longue route qu'ils abordent un mystérieux territoire brumeux, où ils rencontreront un Pict et une Scot...
     Peu après cette épopée, le vieux roi de Bora-Bora se meurt et ses deux fils, Tutapu et Tangiia, menacent de s'entretuer. Tangiia choisit de fuir vers de nouveaux territoires mais il enlève au passage la fiancée de Tutapu, qui se lance aussitôt à sa poursuite...

     Il y a beaucoup de fraîcheur dans cette fantasy polynésienne, en raison du décor et des divinités peu exploitées dans ce genre — signalons toutefois les romans jeunesse colorés d'Eric Sansa.
     L'intrigue, elle, est relativement simple, voire naïve. En réalité, ces voyages héroïques et ces intrigues familiales ne sont pas sans rappeler les épopées grecques, l'Iliade et l'Odyssée en tête. On y retrouve d'ailleurs l'intervention d'un panthéon de divinités pittoresques, dont les agissements sont plus souvent liés à des accès d'humeur ou de jalousie qu'à des raisons supérieures et inaccessibles à l'homme.
     C'est donc la découverte de nouveaux horizons qui retient surtout l'attention, mêlée à une belle vitalité qui insuffle une indéniable énergie à cette épopée entre ciel et mer. On appréciera aussi quelques personnages haut en couleurs, comme ce couple de « britanniques » exilés ou un androgyne justement nommé Hommefemme.
     Un joli voyage pour les amateurs de fantasy exotique.

Pascal PATOZ (lui écrire)
Première parution : 8/1/2007 nooSFere


     On a beau baigner dans les mers chaudes d'une antiquité mythique, avec dieux, héros musclés et prodiges de rigueur, Le Manteau des étoiles n'est pas ce qu'il parait. Oubliez Ithaque (quoique...), direction la Polynésie.

     Au-delà de mers plus ignorées vivent les hommes du Peuple des vents, qui ne jurent que par les exploits guerriers (un peu) et les explorations (beaucoup). C'est par une de ces expéditions que s'ouvre le roman. Au bout d'une longue chasse au poulpe, des pêcheurs polynésiens tombent sur une île brumeuse où les hommes ont la peau blanche et les cheveux carmin. Les pêcheurs capturent deux spécimens — un homme, une femme — , qu'ils ramènent sur leur île paradisiaque de Raiatea. Dès lors, les deux étrangers, intégrés de force, n'auront de cesse de se mêler (volontairement ou non) aux affaires de la communauté...

     La grande affaire du roman (de tous les romans ?), c'est la mort. Vicissitude classique : le roi défunte, deux fils se disputent l'héritage. Pour éviter un bain de sang, Tangiia, le cadet, s'exile avec une partie de la tribu. L'aîné, Tutapu, qui veut dormir tranquille, lève une flotte pour liquider le danger potentiel que représentent les fuyards. Au fil d'une navigation qu'on imagine ponctuée de nombreux écueils et merveilles, Tangiia, par sa passion et sa détermination, rend peu à peu possible, prégnante, son utopie d'un paradis lointain.

     La plume fertile de Garry Kilworth s'est illustrée dans de nombreux ouvrages de S-F et fantasy, dont une part infime a été traduite en français. Récemment, on se souvient d'avoir lu La Compagnie des fées (réédité chez Terre de Brume) et surtout « L'Arbre aux épines » (un World Fantasy Award publié dans la petite anthologie Aventures lointaines n°2, chez Denoël en avril 2000), novella coécrite avec l'excellent Robert Holdstock (ne ratez pas La Chair et l'ombre, tout juste paru chez Denoël « Lunes d'encre », qui sera critiqué dans notre pochaine livraison). Dans ce dépaysant récit d'aventure mâtiné de tragédie, Kilworth applique ou anticipe la recette que Holdstock, justement, avait concoctée pour son « Codex Merlin » (le Pré aux clercs et Pocket) : le choc des cultures, la fusion des imaginaires. Celte et grec pour Holdstock ; celte, polynésien... et grec, pour Kilworth.

     Le cycle des « Rois navigateurs », c'est d'abord un background, avec juste ce qu'il faut d'ensoleillé, de sensuel, d'exotique ; c'est aussi la découverte progressive du peuple polynésien, ses mythes, ses mœurs, son folklore, le tout décrit et illustré minutieusement, de manière amusante et savante ; c'est surtout une galerie de personnages puissamment incarnés, figures humaines, divines, ou semi divines : Maui le rusé, Seumas le Picte, Maomao le Vent, Tangaroa l'Océan, Nangananga, déesse du Châtiment qui attend les célibataires à l'entrée du pays des morts pour les dévorer... On se croirait presque au seuil de l'Hadès, ou sous les portes de Troie, ou en quête de la Toison d'or. Le parallèle avec les équipées de Jason ou d'Ulysse est assez pertinent : comme chez Homère, les héros de Kilworth se retrouvent à caboter dans un univers aux contours troubles, entre des îles remplies de géants fous, d'oiseaux cannibales et de fées lubriques — jouets de forces qui les dépassent. Grâce à une intrigue convenue, Garry Kilworth mène sa barque sans peine : on se laisse entraîner plutôt de bonne grâce. Il faut juste passer outre les quelques longueurs du début, quelques fantaisies du traducteur (j'ai relevé notamment un « hypothermique » et un « kebab » !) ainsi que plusieurs temps faibles pas toujours très bien maîtrisés.

     Sans avoir le charme d'un Corto Maltese, ou la petite musique d'un Le Clézio (voir le récent Raga, approche d'un continent invisible), voilà une fantasy qui affirme suffisamment sa différence pour mériter plus qu'un coup d'œil blasé. A suivre...

Sam LERMITE
Première parution : 1/1/2007 dans Bifrost 45
Mise en ligne le : 24/5/2008

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