Une enfant indigo
Dans son deuxième roman, Emmanuelle Maia fait preuve d'une rare audace. Elle décrit, de manière haletante, la pluie de météorites qui s'écrase sur Terre en 2012 et détruit Genève de manière irrémédiable !
Mais Résurgences n'est pas qu'un roman de science-fiction, pas qu'un récit catastrophe assez réussi. Son héroïne, Julia, est ce qu'il est convenu de nommer une « enfant indigo ». La théorie, rattachée au mouvement New Age, dit qu'il s'agirait d'anciennes âmes chargées d'une mission particulière, qui reviendraient sur Terre depuis les années 1980 pour aider l'humanité à prendre un nouveau chemin.
Poursuivie par La Chose, sorte de Gollum humain, esclave au service d'un fanatique religieux, l'adolescente Julia aura fort à faire pour lui échapper et réunir les rares rescapés autour d'elle afin d'organiser la survie.
Rationnel par son côté science-fiction et irrationnel en débouchant sur le pouvoir de l'esprit sur la matière, Résurgences est un récit qui mélange les genres sans complexe. Le mysticisme y prend parfois le pas sur la crédibilité. Mais on y retrouve cet élégant style coulé, agréable et imagé qui est la marque de fabrique de l'auteure genevoise.
Jean-François THOMAS (lui écrire)
Première parution : 1/8/2006 24 heures
Mise en ligne le : 21/12/2008
Résurgences est le second roman, après La Croix du Néant, que signe Emmanuelle Maia aux Éditions Nuit d'Avril.
Julia en est l'héroïne, une héroïne que nous suivons de sa conception, de sa naissance en mai 2000 à son adolescence. Sytelle et Philippe, ses parents, vivent à Genève. Sa mère a vécu jusqu'à l'âge adulte sous la coupe d'un père tyrannique, un disciple acharné d'une secte dénommée Les Remparts du Christ. Il lui a fallu une force de caractère peu commune pour rompre ses attaches, ne pas entendre les anathèmes et les promesses d'apocalypse. Aidée par l'amour patient et opiniâtre de Philippe, elle s'échappe et retrouve sa liberté.
Julia est une fillette ordinaire. Mais des incidents, qui émaillent la prime enfance, troublent sa mère. Par exemple, elle réagit en anticipant des événements comme les attentats de New York ou des situations en décalage avec la capacité de raisonnement d'une enfant de trois ans. Sytelle, aidée par la sœur de Philippe, une « accro » aux nouvelles technologies, fait des recherches sur les « enfants indigo » appelés aussi « Les Enfants de la Lumière ». Il s'agirait d'anciennes âmes, qui reviendraient sur Terre depuis les années 80, et qui seraient chargées d'aider l'humanité à franchir un cap crucial.
Parallèlement, dans l'ombre la plus profonde, la Chose trouve un Maître, Celui-Qui-Sait, et en devient l'esclave.
Et puis, en 2012, c'est l'apocalypse !
Et Julia se révèle alors tout autre chose qu'une petite fille...
Cela commence par une chronique familiale où l'auteur met en place les différents éléments du passé, s'attarde sur la grossesse de la mère, progresse dans l'avancement de son intrigue, laissant cependant une large part aux événements familiaux. Elle relate agréablement la vie quotidienne avec ses heurts et ses joies, la découverte et l'éveil d'un enfant. Les éléments de mystère et de fantastique sont entretenus par les capacités de Julia et l'évolution de La Chose, dont on prend conscience, peu à peu, de la nature.
L'auteur s'inspire, sans aucun doute, de son vécu pour de nombreuses scènes et réflexions personnelles. Mais elle ponctue celles-ci avec des images inattendues, des annotations sur la nature des gens et leur comportement. Elle porte un regard tendre et ironique sur le monde présent. Elle prend en compte les évolutions sociales et sociologiques pour construire ses personnages. Ainsi, la position de certains face aux matériels modernes, le retrait de nombre de personnes de la société physique, qui refusent les rapports directs avec leurs contemporains pour ne plus communiquer que par les moyens nouveaux et technologies virtuelles...
C'est fort bien écrit. Emmanuelle Maia possède des dispositions pour raconter, pour créer des personnages vivants, dont on suit avec plaisir les diverses tribulations. Elle sait faire des portraits attachants, précis, démontrant une bonne connaissance des humains et de leur fonctionnement.
La lecture des 297 pages de Résurgences est très agréable et on passe un bon moment. Cependant, on pourrait souhaiter une intrigue un peu plus musclée, un peu plus corsée, car dans ce domaine, on reste sur sa faim.
Serge PERRAUD
Première parution : 24/7/2006 nooSFere