Sous la lumière rouge, Un maniaque ou encore Le Droit au couteau : à travers ces nouvelles aux titres éloquents, Maurice Level nous emmène dans un monde où l'humour noir et le sarcasme ne sont là que pour nous éviter de plonger trop frontalement dans l'effroi de l'existence. Grand-guignolesque ou ironiques, elles sont toujours nourries de cet humour nécessaire pour parvenir à vivre notre condition.
Grâce à ce recueil, nous vous proposons une étonnante redécouverte d'un auteur injustement oublié.
Maurice Level (Paris 1875-1926), bien que régulièrement publié dans le monde anglo-saxon depuis les années 1920, a sombré chez nous dans l'oubli. Or, si on le trouve dans de nombreuses anthologies aux côtés d'Edgar Poe ou d'auteurs contemporains, c'est qu'il excelle, grâce à une écriture moderne et vivante, à nous faire frémir et sourire de nos propres peurs. Journaliste (il a notamment collaboré au Figaro), il avait pour domaines de prédilection le conte, le roman et le grand guignol.
1 - « Mes Yeux », nouvelle 2 - Le Baiser, nouvelle 3 - Circonstances atténuantes, nouvelle 4 - Confrontation, nouvelle 5 - Le Coq chanta, nouvelle 6 - Les Corbeaux, nouvelle 7 - Le Coupable, nouvelle 8 - Le Disparu, nouvelle 9 - Le Droit au Couteau, nouvelle 10 - L'Encaisseur, nouvelle 11 - Fascination, nouvelle 12 - L'Horloge, nouvelle 13 - Illusion, nouvelle 14 - La Maison vide, nouvelle 15 - Le Mauvais Guide, nouvelle 16 - Le Mendiant, nouvelle 17 - Le Miracle, nouvelle 18 - Le Père, nouvelle 19 - Le Puits, nouvelle 20 - Le Rapide de 10 h. 50, nouvelle 21 - Soleil, nouvelle 22 - Sous la lumière rouge, nouvelle 23 - Sur la Route, nouvelle 24 - Un Maniaque, nouvelle 25 - Un Piquet ?, nouvelle 26 - Un Savant, nouvelle
Critiques
Les vingt-six contes qui figurent au sommaire de ce recueil donnent une idée précise des thèmes que l'auteur aimait aborder et dressent un panorama des mœurs de l'époque. En vingt-six textes, tour à tour, angoissants, cinglants presque cyniques, humoristiques, il brosse le portait d'une société qui, en fait, n'est guère différente de la nôtre, bien qu'un siècle ait coulé, que les découvertes techniques et scientifiques aient fait de si grands progrès. On mesure que la nature humaine n'a guère changé, que le mal de vivre, les peurs et les angoisses sont les mêmes. Les voitures sont infiniment plus confortables, les photos de Mars sont époustouflantes, le phénomène Internet bouscule tout ce que la SF avait pu imaginer, mais l'homme a toujours la peur au ventre, la terreur à l'âme. Cela fait cinquante mille ans que cela dure. Et cela durera ... « Tant qu'il y aura des hommes ».
On retrouve, un siècle plus tôt, les mêmes besoins de liberté, d'amour, les mêmes craintes de ne plus être aimé, d'être abandonné. La peur de la misère revient comme un leitmotiv à travers des situations, des portraits de chemineaux, de miséreux. La crainte de la cécité est très présente soit avec des personnages qui sont peu à peu privés de liberté et de lumière, soit deviennent aveugles. Était-ce une préoccupation spécifique tenant à l'état de santé de l'auteur (Je ne connais pas suffisamment sa biographie) ou une peur largement répandue chez ses contemporains ? À ce titre, il aurait été agréable, pour mieux cerner l'évolution de l'auteur, d'avoir les dates de première publication des contes. Et, cerise sur le gâteau ...le support où ils furent publiés.
Cependant, certaines de ces scénettes relèvent du pathétique quand il montre comment les criminels redeviennent des hommes simples qui poursuivaient, avec pugnacité, un objectif sans en percevoir le côté monstrueux.
Mais chaque conte contient une dose de remède à l'angoisse sous la forme d'un ton humoristique, un ton qui couvre une large gamme, de l'esprit badin au cynisme.
Les portes de l'enfer, titre générique d'une série de portraits, brosse un large panorama des vicissitudes humaines. Un recueil qui nous convie à un moment de vérité et nous place face à un miroir.
Serge PERRAUD Première parution : 4/10/2006 nooSFere