Faire lire les jeunes générations reste une préoccupation constante des éditeurs jeunesse. La solution serait-elle dans la forme courte ? Les éditions Fleurus lancent une nouvelle collection, « Zeste », qui se décline en de multiples genres (« un zeste d'humour, un zeste d'histoire, un zeste de science-fiction... »). Le principe est de proposer une nouvelle qui ne dépasse pas 30 à 35 pages pour deux euros le livre. Opération rentable pour l'éditeur puisque les textes sont tirés de recueils de la collection « Z'azimut ».
En direct de la guerre et
La Voyageuse, respectivement tirés de
Saga africaine et
Les singes voleurs, sont des textes d'Emmanuel Viau, fer de lance de la fiction jeunesse chez Fleurus notamment pour sa série de fantasy «
Tessa et Lomfor ».
En direct de la guerre évoque les dérives du mariage entre téléréalité et journalisme. Dans un lointain futur, Blur est reporter de guerre : caméra incrustée dans l'oeil, il filme le quotidien des soldats avec rigueur et professionnalisme. Il est amené à suivre la quatrième escouade sur la première bataille jamais filmée entre l'Humanité et une entité extraterrestre non identifiée mais impitoyable. La base humaine de la planète visée ayant été rasée, il fait partie d'un groupe de survivants qui fuit devant l'ennemi inconnu. Longue traque silencieuse qui ne fait guère d'audience : on lui demande alors du sang et des morts pour faire grimper l'audimat. Emmanuel Viau se sort plutôt bien de cette fiction spéculative qui dénonce les excès de notre téléréalité.
La Voyageuse est un texte moins convaincant dans lequel une jeune fille de 2435 doit, pour son examen, confectionner un objet, le cacher et aller le récupérer dans le futur. Pour ce faire, elle doit utiliser la Voyageuse, machine à voyager dans le temps très peu fiable. Et la voilà en 999 999 999, soit près d'un milliard d'années après, ouvrant les yeux sur un vaste complexe froid, entouré d'hommes congelés attendant... quoi ? Emmanuel Viau a voulu traiter le problème du paradoxe temporel et la possibilité de changer l'avenir en modifiant le passé. C'est sans nuance (un milliard d'années, c'est beaucoup) ni efficacité, certainement trop court, mais tel le veut la collection. Sur le principe du livre à deux euros, pourquoi ne pas tenter cette collection : de conception solide, avec couverture soignée (en revanche les illustrations intérieures sont affreuses), vous pouvez choisir le thème de prédilection du jeune lecteur récalcitrant et lui proposer de courts textes faciles à lire, écrits par des auteurs jeunesse reconnus. Expérience à tenter.