Pavel souffre atrocement des terribles souvenirs de la guerre. Comment oublier que ses parent ont été déportés et sont morts massacrés dans les camps ? Incapable de surmonter l'épreuve, il a accepté la thérapie proposée par le gouvernement : un effacement sélectif des souvenirs. Il croira que ses parent sont morts dans un accident de voiture, ce sera mieux. Et puis... n'est-ce pas le meilleur moyen de tourner la page ? De se réconcilier avec les ennemis d'hier ?
Ça, c'est la propagande du nouveau gouvernement de la Poldavie. Mais les choses ne sont pas si simples. On ne peut pas effacer d'un coup d'éponge les tortures, les meurtres, les humiliations. Le négationnisme du président a un objectif, c'est certain. Mais Katarina, qui a perdu son mari et ses enfants lors de l'épuration ethnique, est persuadée que Pavel doit se souvenir. Malgré lui, il sera amené à enquêter sur le passé, à fouiller dans la boue, pour que le monde sache ce qui s'est réellement passé.
Impossible de lire Memory Park sans voir dans sa tête défiler les images des camps de concentration nazis ou des massacres commis aux Balkans ou en Afrique. Ils sont si frais, si nombreux, si présents ! Et pourtant, Fabrice Colin a raison de vouloir transmettre cette mémoire aux jeunes générations : la connaissance n'est-elle pas indispensable pour éviter que de telles tragédies se répètent, encore et encore ? En tout cas, l'auteur réussit parfaitement à faire passer son message de vigilance et de tolérance, tout au long d'une histoire passionnante, un thriller qui se lit d'une traite avec un grand plaisir.
Pour peu qu'on laisse faire Denis Guiot, le fondateur et directeur de l'excellente collection Autres Mondes, gageons que nous pourrons lire encore d'excellents romans qui, comme celui-ci, allient les qualités littéraires aux valeurs humanistes.
Lucie CHENU
Première parution : 12/4/2007 nooSFere