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An 41042

Sergiu FARCASAN

Titre original : O iubire in anul 41042, 1958
Première parution : Roumanie : CPSF (Colectia "Povestiri stiintifico-fantastice") n° 83-86, 1958   ISFDB
Traduction de Maurice FLORESCO
Illustration de Jean-Christophe HOËL

EONS (Caëstre, France), coll. Futurs précédent dans la collection n° 16 suivant dans la collection
Dépôt légal : avril 2007
Roman, 242 pages, catégorie / prix : 15,70 €
ISBN : 978-2-7544-0098-5
Format : 13,0 x 20,0 cm
Genre : Science-Fiction

Publication originale sous le pseudonyme de Crișan Făgerașu.
Version remaniée par l'auteur.
Nouvelle couverture pour l'édition papier.

Autres éditions

Sous le titre Un amour en l'an 41042   ÉDITEURS FRANCAIS RÉUNIS, 1963
Sous le titre An 41042
   EONS, 2004

Quatrième de couverture
     Né en 1924 à Bucarest, Sergiu Farcasan rejoignit la résistance à dix-sept ans. Après la guerre, il fut reporter pendant un quart de siècle, tout en écrivant nombre de romans et pièces de théâtre, tantôt « approuvés », tantôt interdits.
     En 1972, il est distingué par la Convention de Trieste et l'année suivante participe avec Isaac Asimov à la Convention de Toronto. Désormais transfuge, il ne retraversera jamais l'Atlantique.
     Il vit actuellement au Saskatchewan où il continue à écrire.
 
     Après avoir erré dans la galaxie pendant plus de trente mille ans, l'Arche de Noé 124 retrouve enfin la Terre. Toutefois, quinze générations seulement se sont écoulées à bord du vaisseau, tandis que l'Humanité poursuivait son évolution tant biologique que technologique.
     Les hommes du quarante-deuxième millénaire vivent désormais jusqu'à quatre cents ans, alors que les voyageurs ne peuvent guère qu'espérer passer un siècle.
     Comment cette « ancienne » humanité parviendra-t-elle à s'intégrer à la « nouvelle » ?
     Plus grave encore : comment un homme ayant encore plus de deux siècles devant lui peut-il se lier « pour la vie » à une femme n'ayant guère plus du quart de ce temps devant elle ?
 
     « Les pays de l'Est nous avaient envoyé déjà entre autres Lem, Efremov, les frères Strougatski et Jouravleva ; Farcasan les écrase. Après lecture [de ce livre], les noms qui viennent à l'esprit sont ceux de Heinlein, de Clarke et de F. Brown : on y retrouve la rigueur logique dans l'extrapolation du premier, l'hyperscience du second et son sens cosmique, et l'humour du troisième. La comparaison semble redoutable, mais l'auteur la supporte fort bien. (...) »
Jacques Van Herp
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition ÉDITEURS FRANCAIS RÉUNIS, Enigme autour du monde (1963)

    Les pays de l'Est nous avaient envoyé déjà entre autres Lem, Efremov, les frères Strougatski et Jouravleva ; Farcasan les écrase. Après lecture d'Un amour, les noms qui viennent à l'esprit sont ceux de Heinlein, de Clarke, de F. Brown ; on y retrouve la rigueur logique dans l'extrapolation du premier, l'hyper-science du second et son sens cosmique, et l'humour du troisième. La comparaison semble redoutable, mais l'auteur la supporte fort bien. 

    Nous sommes en l'an 50.000, et un auteur vient de terminer ce roman historique sur les hommes de l'an 41.042. Dès le départ, un décalage subtil s'opère, car le narrateur contemple avec un sourire ces hommes d'un époque révolue. Les hommes ne vivaient alors que de 400 à 450 ans, voulaient profiter de chaque seconde de leur vie ; ils ont commencé par tuer le sommeil, mènent une vie survoltée, louvoient sans cesse au bord de la dépression nerveuse, au point, pour préserver leur équilibre, de pendre quatre bavards, pour l'exemple. (On voulut même faire passer une loi limitant le temps de parole en toute circonstance, mais les femmes s'y opposèrent.) C'est l'univers de l'abondance communiste, mais n'est-ce pas également la parodie du « Time is money » ?

    La technologie atteint des limites fantastiques, les hommes transforment des planètes entières en vaisseaux cosmiques, leurs astronefs dépassent la vitesse de la lumière, depuis des millénaires. Et les pages un peu narquoises contant la découverte de Pal, ses luttes, son triomphe posthume, sont un bel exemple de poésie scientifique et de rigueur. Le gouvernement est ultra-démocratique, mais les hommes n'ont plus à s'en soucier. Une fois pour toutes, les machines ont enregistré les caractéristiques de chaque individu, et ce sont elles qui se chamaillent à la place des hommes.

    Est-ce à dire qu'il s'agisse de la société idéale ? Non, ce n'est encore qu'une étape, et l'humanité reste confrontée toujours avec les mêmes problèmes : « Était-il besoin que l'humanité parcourût de telles distances pour tourner autour des mêmes secrets simples, élémentaires : la vie, la mort, la pensée ? » (p. 162). « Nous avons vaincu l'injustice, la misère, la maladie, les distances, tout, mais (levant nous est demeuré, demeure, ce mur qu'on appelle « mort ». Où existe l'infini existe aussi la mort » (p. 226). 

    Ne nous y trompons pas pourtant : si certaines phrases ont une résonance grave, l'ouvrage n'en reste pas moins baigné de bout en bout d'un souriant humour.

    Voici que revient l'Arche de Noé 124, un de ces vaisseaux cosmiques lancés par les hommes de l'an 9.000 à l'exploration de la galaxie. L'Arche manque de se perdre dans le soleil, sans que les hommes osent rien entreprendre pour le sauver. Un seul se dresse et triomphe, en des pages réellement épiques : Ois, le héros du roman. Il fait un peu figure d'anarchiste aux yeux des gens de 41.042, et de précurseur pour l'an 50.000, car, alors que ses contemporains divorcent à leur gré, il croit à la pérennité de l'amour, pour lui la foi donnée engage jusqu'à la mort.

    L'intégration des hommes du passé dans la société nouvelle ne va pas sans heurts, ni douleurs, car tout leur est étranger. L'un d'eux, Tim, veut même se suicider. Mais comment y parvenir dans un monde où l'on se vêt de rayons, où les meubles n'existent plus, ni les couverts, les maisons se modelant au gré de leur propriétaire ? Inutile aussi de se lancer du 120e étage, le vêtement de rayon fait office de parachute. Et quand enfin il se perce le cœur, c'est pour se voir réanimer sur-le-champ, et s'entendre conseiller de ne pas recommencer plus de sept ou huit fois.

    Le passage est sans doute cocasse, contant les déboires d'un malheureux qui ne peut se suicider, quel que soit son désir ; il est grave aussi. Grave, car l'auteur analyse fort bien les sentiments de Tim se croyant perdu dans un monde d'oisifs futiles, faute de pouvoir comprendre la réalité et la nature de leurs activités incessantes de fourmis affairées.

    Accessoirement, se greffe le récit d'une tentative d'établir la communication télépathique. Mais le cœur de l'ouvrage est le roman d'amour entre Ois et Lu, une rescapée de l'Arche de Noé, qui répète : « Là où tout est possible d'avance, il ne peut y avoir de grand amour. » (p. 208). Pourtant cet amour, impossible à première vue, entre un homme assuré d'un siècle et demi de jeunesse, et de cette femme qui, dans trente ans, commencera à vieillir, se réalise, s'épanouit, car la seule connaissance qui ne vieillisse pas est celle-là. 

    « On y fait de la philosophie à bon marché pour finir sur une banale histoire d'amour ! » Ce jugement péjoratif est de l'auteur… l'auteur de l'an 50.000 s'entend, celui qui voulut écrire un roman d'aventures pour enfants de cinq ans, et qui vit la machine écrire le tout. Dernier pied de nez de l'auteur qui en adresse pas mal.

    La foi communiste de Farcasan paraît sincère, et son roman est déjà un best-seller roumain, mais il parodie tant et tant qu'on en vient à se demander si, dans les perpétuelles allusions à la dialectique, les références à Marx, Engels et Darwin, il n'y a pas la même discrète intention que dans la peinture de ces vieux savants, cogitant dans leurs bains et sortant de l'eau en criant « Eurêka…» sans savoir ce que cela signifie, simplement par tradition… 

Jacques VAN HERP
Première parution : 1/11/1963
Fiction 120
Mise en ligne le : 29/7/2024

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