Seize histoires qui parlent d’ouverture : au monde, à l’imaginaire, aux autres, à la vie... même si parfois le terme est pris dans un sens plus littéral — il peut alors s’agir d’une porte, voire d’une braguette. Chacune, cependant, ouvre des perspectives différentes.

     Seize nouvelles entre réel et imaginaire : des dérives de la technologie aux excès du hasard en passant par l’amour, la drogue et la religion.

     Seize âmes qui s’ouvrent pour vous faire rire, pleurer, trembler et rêver. Pour vous faire réfléchir.

     Que ce soit votre première expérience dans le domaine de l’imaginaire ou que vous soyez un habitué de ses sentiers, cette anthologie a été faite pour vous.

     Alors n’hésitez plus, Ouvrez-la !

     C'est fait, les toutes jeunes éditions Griffe d'Encre ouvrent leurs portes, comme prévu, sur une anthologie dont le thème est... l'Ouverture ! Griffe d'Encre — qui a failli s'appeler CeZaMe, association des premières syllabes des pseudonymes de ses fondatrices et symbole hautement revendiqué — avait lancé un appel à textes original : chaque nouvelle devait commencer par l'une des phrases suivantes :

     — Ouvre-toi !

     — Sésame, ouvre-toi !

     — Cezame, ouvre-toi !

     Magali Duez a reçu pas moins de cent onze textes. Elle en a choisi seize ; seize, comme « seize-âmes », seize auteurs, qui ont évoqué l'ouverture sous toutes ses formes et de toutes les manières. De façon tendre et émouvante, comme les deux Nathalie : Nathalie Salvi et Nathalie Dau dont les textes ouvrent à l'amitié, à l'amour, en un mot : à la vie. D'autres font rire aux éclats, comme l'histoire de domotique autoritaire d'Antoine Lencou — avec un tel thème, l'anthologiste des Portes ne pouvait que répondre présent ! — ou bien le pastiche de Don Camillo offert par Don Lorenjy. Anthelme Hauchecorne nous conte l'histoire tragi-comique d'un parachute qui refuse de s'ouvrir, tandis que Thimothée Rey propose une réécriture du conte d'Ali Baba et des 40 voleurs. Certains textes transportent le lecteur dans des pays lointains, comme celui de Nicolas Cluzeau qui nous emmène au pays des Dukhas et des rennes, ou bien dans des futurs angoissants, comme ceux de Livia Galeazzi ou Marie-Lé Camille. Et puis il en est qui font basculer dans l'étrange, comme ceux de Loïc Henry et Michaël Fontayne. Celui de Jérôme Noirez, provocateur à souhait, fait grincer des dents.

     Et puis, il y a les terribles, qu'on ne peut oublier. Ceux qui font saigner le cœur : les nouvelles de Li-Cam, Saholy Gonga, Fred Le Berre ou Chloé George, tellement réelles derrière leur masque de fiction, racontent des histoires dont je préfère ne rien évoquer, de crainte d'en gâcher l'approche au lecteur. Ce sont des nouvelles-choc dans tous les sens du terme, et des auteurs à suivre — comme tous ceux de cette anthologie, qu'ils soient déjà reconnus ou jeunes débutants.

     Contes griffés

     L'idée n'est pas nouvelle, mais bonne : demander aux auteurs d'une anthologie de débuter chaque histoire par les mêmes termes. « Ouvre-toi ! » ou « Sésame, ouvre-toi ! ». Le résultat donne une promenade dans des genres littéraires très différents, mais augure bien de l'avenir de cette toute jeune maison d'édition qui a choisi d'oeuvrer dans les littératures de l'imaginaire (http://www.griffedencre.fr).

     D'ailleurs l'avenir sera peut-être un enfer drôle. Dans Ah, la porte ! d'Antoine Lencou, les meubles ont pris le pouvoir de manière logique mais tyrannique. Timothée Rey revisite avec art le conte d'Ali Baba et les quarante voleurs avec Jassîm Ibn Menollah victime des statistiques ou quand cette fichue porte magique tombe vraiment trop souvent en panne... Au chapitre des découvertes, un vrai style d'écrivain, celui de Nathalie Dau. Son récit, Le goût du miel, au fantastique très émouvant ne laisse pas indifférent. Tiens, Griffe d'Encre publie justement aussi un recueil de Nathalie Dau : Contes Myalgiques I. Contes qui ne sont pas destinés aux enfants mais où brillent quelques pépites comme Le Violon de la fée, Faux-pas ou Lucine. A découvrir.