Alors que la science-fiction française et la science-fiction anglo-saxonne suscitent depuis quelques années l'engouement et l'intérêt d'un public de plus en plus vaste, la science-fiction soviétique reste encore pratiquement inconnue en France.

     Cet essai présente pour la première fois au lecteur français un panorama de la science-fiction soviétique contemporaine et, grâce à de nombreux exemples, met en évidence les rapports entre la réalité soviétique et les mondes parallèles nés de l'imagination des écrivains.

     L'auteur analyse également les critiques officielles parues en U.R.S.S. à propos de ces œuvres ainsi que les réactions — très différentes, mais tout aussi significatives — des critiques américains.

     Ouvrage d'initiation pour celui qui souhaite découvrir la SF soviétique, ce livre fournira aussi au spécialiste une documentation abondante et inédite.

     Jacqueline LAHANA, licenciée de russe et d'anglais, docteur de 3e cycle, est actuellement traductrice du russe.

     ETUDES, ENCORE ET TOUJOURS !

     Cette thèse de 3^e Cycle est une heureuse rencontre que fit J. Goimard qui en a savamment parlé. Aussi en dirai-je peu. Manifestement allégée pour la publication, elle est surtout intéressante, pour le lecteur français, à deux titres. Par ses réflexions sur l'utopie, qui illustrent fort bien les thèses de K. Manhein — Utopie et Idéologie en les appliquant à un univers parallèle au notre, celui des espaces idéologiques « soviétiques ». Par son chapitre IV, le plus neuf, qui jette une lumière neuve sur des types de rapports assez originaux : ceux qu'entretiennent en URSS avec la SF, les critiques officiels et les lecteurs. On retrouve en quelque sorte ce que Zinoviev met en scène dans l'Avenir Radieux (repris en L Poche). La SF, en URSS, peut être sentie comme contestataire (il faut dire qu'il suffit d'un rien pour paraître tel, dans cet univers du conformisme dogmatique puritain et sclérosé !) Mais, à la différence de ce qui se passe pour les ouvrages franchement contestataires (et donc interdits) la SF est publiée, lue et demandée. Elle sert de lingua franca pour un certain nombre de spéculations qui n'ont de scientifique que l'apparence et qu'il serait dangereux d'aborder ailleurs. Son statut de littérature pour adolescents lui permet des ruses que les lecteurs, mieux que les censeurs, décèlent. Comme les lecteurs bourgeois du XVIII^e siècle devant les écrits d'un Voltaire, d'un Montesquieu.

     Pour le reste, rien de très neuf pour qui connaît les travaux de D. Suvin sur la tradition utopique russe. Mais c'est mené à travers une analyse parfois drôle des romans de Strougastki, qui ainsi se parent pour nous de charmes peu évidents au premier abord. A parcourir, malgré le prix excessif de 45 francs pour 168 p. (y compris la bibliographie).