BRAGELONNE
(Paris, France) Dépôt légal : août 2007, Achevé d'imprimer : août 2007 Première édition Roman, 336 pages, catégorie / prix : 17 € ISBN : 978-2-35294-089-0 Format : 15,3 x 23,8 cm Genre : Fantasy
Ce surnom, le capitaine de la horde du Serpent le doit au brassard en acier articulé qui lui permet de manier une épée gigantesque que nul ne peut seulement soulever. On murmure qu'il a conclu un pacte démoniaque pour obtenir cette force surhumaine.
Audric néglige ces rumeurs, tout comme il ne tient pas compte des mises en garde d'Umiade, son augure personnel, à l'encontre d'un jeune paysan qu'il a secouru à l'issue d'une bataille. Lui qui n'avait jamais sauvé personne... Mais le garçon, Marween, en profite pour s'engager dans cette bande de mercenaires, où il ne tarde pas à faire ses preuves et semble contredire, par ses qualités, l'inquiétude d'Umiade.
Après plusieurs succès qui hissent le Serpent au premier plan, le duc Coresh engage la horde pour une mission extraordinaire en pays ennemi : enlever une augure légendaire, qui, dit-on, est non seulement capable de prédire l'avenir, mais aussi de le modifier. Celui qui l'obtiendra dominera le monde...
Laurent Genefort, né en 1968, est l'un des grands auteurs français de science-fiction et de Fantasy, avec pas moins d'une quarantaine de romans, dont certains pour la jeunesse, et de nombreuses nouvelles. Il a obtenu le Grand Prix de l'Imaginaire en 1995 et le prix Rosny Aîné en 2002. Il a également collaboré à différents projets cinématographiques avec le réalisateur Marc Caro. Hordes est sa nouvelle trilogie de Fantasy épique et guerrière.
Critiques
Lire le nom de Laurent Genefort sur une couverture phallique de Didier Graffet, ça fait toujours son effet. Cela dit, si le lecteur n'a pas encore compris de quoi il s'agit, le quatrième de couverture musclé lève le doute : ça va bourriner. De cette association pour le moins étrange entre l'auteur d'une science-fiction sensible et originale et le degré zéro de l'imaginaire, on pouvait s'attendre au pire. Ce en quoi l'on avait pas tort. Au fil des pages, on suit les aventures de la horde du Serpent, une troupe de mercenaires aussi crainte que respectée, à travers les yeux de trois personnages : son capitaine, Audric ; son augure, Umiade ; et une jeune recrue prometteuse, Marween. Au début du roman, le premier sauve la vie du troisième, contre l'avis de la seconde (relisez bien, vous allez comprendre), à qui une transe à révélé que cet acte de bonté menaçait l'équilibre même du monde. Ce qui n'empêchera pas la horde d'enchaîner au cours des trois cents pages suivantes des missions plus ou moins ennuyeuses. Un coup j'assiège telle ville, un coup j'attaque tel convoi, un coup je participe à telle bataille rangée...
Pour qui aime ce genre, ça aurait pu être passionnant. Malheureusement (ou heureusement, c'est selon) Laurent Genefort n'est pas David Gemmell. Il échoue à donner à ses personnages la moindre dimension héroïque. Ces derniers restent creux tout au long du récit ; leurs motivations, leur passé, leurs ambitions se réduisent à une telle peau de chagrin que l'identification nécessaire au fonctionnement de ce type de texte n'opère jamais. Genefort n'est pas non plus Glen Cook, à qui cette troupe de mercenaires fait forcément penser. Là où l'auteur américain parvient à créer un monde d'une noire et profonde originalité, notre Genefort national se contente du minimum syndical en matière de décor et de détails culturels, d'où un univers qui manque totalement de crédibilité. Pire, on trouve des maladresses d'écriture qui achèvent de rendre la lecture laborieuse, comme cette tendance à changer de point de vue au cours d'un même paragraphe, des dialogues d'une platitude effarante, un rythme pour le moins inégal... Bref, oublions cette Ascension du Serpent et gageons que Laurent Genefort saura retrouver au plus vite le chemin d'Omale, cet univers où s'exprime la pleine mesure de son talent.
Audric et ses mercenaires se battent pour le duc Coresh. Malgré la mise en garde d'Umiade, une jeune femme qui lui sert de guerrière mais aussi de masseuse ou d'augure — une vraie « bonne à tout faire » — , Audric sauve d'un viol le jeune Marween avant de l'accueillir au sein de sa horde du Serpent. Ce Marween va se révéler une redoutable recrue...
Loin de l'univers oriental coloré et chaleureux de son héros Alaet, Laurent Genefort s'essaye cette fois à la dark fantasy avec un roman qui s'inspire ouvertement de Berserk, le manga de Kentaro Miura, auteur remercié dans les dédicaces. L'atmosphère rappelle aussi d'autres récits de mercenaires, à commencer par la célèbre Compagnie Noire de Glen Cook.
Tel un mercenaire, justement, Genefort remplit son contrat avec métier et efficacité, mais sans souci d'originalité. On peut donc préférer l'auteur dans ses créations sciences-fictives et notamment dans ses peintures de sociétés confrontées à de mystérieux artefacts, à l'évidence beaucoup plus ambitieuses.
Néanmoins, pour le lecteur qui recherche un bon récit d'aventures à l'ambiance sombre et aux ressorts éprouvés, L'Ascension du Serpent est sans nul doute une fantasy de bonne facture, qui remplit sa fonction distractive de fort honnête manière.