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Songes de Mevlido

Antoine VOLODINE



SEUIL (Paris, France), coll. Fiction & Cie précédent dans la collection suivant dans la collection
Dépôt légal : août 2007
Première édition
Roman, 462 pages, catégorie / prix : 21,80 €
ISBN : 978-2-02-093137-3
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture
     On a bientôt cinquante ans. Pendant la guerre de tous contre tous, la femme qu'on aime a été assassinée par des enfants-soldats. Les années passent, la folie rôde. On fait des rêves bizarres. On a parfois l'impression d'avoir été envoyé sur Terre en mission, et d'avoir failli sur toute la ligne. La guerre est finie, mais on appartient au camp des vaincus. Avec une simple d'esprit on vit à présent à Poulailler Quatre, un immense ghetto où cohabitent mendiantes bolcheviques, réfugiés, junkies, oiseaux monstrueux et mudangs, les chamanes coréennes qui chantent pour apaiser les morts.
     On pense à cette femme aimée qu'on a perdue. Il faudra voyager loin pour la retrouver. S'enfoncer dans les profondeurs de Poulailler Quatre et de ses propres rêves. Il faudra sans doute mourir à son tour pour pouvoir entendre le chant des mudangs et aller plus loin encore, jusqu'au Fouillis. On atteindra le Fouillis et on s'y fixera comme si on avait existé là depuis toujours. Mais ensuite, que se passera-t-il, ensuite ?
Critiques

     Mevlido mène une double vie : il est tout à la fois flic et criminel. Un flic qui s’ennuie, participant mollement à des séances d’autocritiques programmées par une administration essoufflée, traquant sans zèle les derniers militants d’un groupe révolutionnaire qui a échoué il y a longtemps. Mais lorsqu’il rentre chez lui, dans sa banlieue en ruine de Poulailler Quatre, Mevlido se met au service de ce même mouvement séditieux, un parti dont il ne connaît ni le nom ni les objectifs, aux mots d’ordres qui semblent sortis tout droit de Slogans de Maria Soudaïeva (traduction d’Antoine Volodine) et dont les militants sont, pour l’essentiel, de vieilles femmes à moitié folles.

     Le thème du dédoublement se complexifie lorsque Mevlido, qui avance toujours en équilibre au bord de la folie, zigzagant entre ses rêves et la nostalgie, se souvient avoir été incarné dans ce monde afin d’y accomplir une mystérieuse mission pour le compte du service Action des Organes, une institution qui tient à la fois de la bureaucratie galactique chargée de surveiller des univers parallèles et de la transmigration des âmes teintée de chamanisme coréen.

     Le livre est aussi un roman sur l’amour, celui de Mevlido pour une jeune femme assassinée vingt ans plus tôt et qu’il croît retrouver à travers différents personnages, un amour qu’il essaye d’oublier dans la relation émouvante qu’il entretient avec une vieille schizophrène, ou encore dans le désir qu’il éprouve pour la jeune tueuse idéaliste du parti.

     Plus que dans son histoire, dont on ne perçoit que des fragments depuis les différents points de vue qu’offrent la personnalité brisée du protagoniste, le charme des Songes de Mevlido réside surtout dans son univers, à la fois nostalgique et désolé, et dans sa narration envoûtante.

     Les différents chapitres offrent une succession d’images, d’ambiances fortes, une promenade tour à tour triste, belle et angoissante au sein d’un monde en ruine, dans une ville sans avenir, peuplée de fous, d’oiseaux-mutants et de flics, mais d’où ni l’humour ni la tendresse ne sont exclus.

     Par toute une série de procédés maniés avec finesse (flashbacks, rêves, hallucinations...), Antoine Volodine entraîne le lecteur dans son univers étrange et le désoriente, mais sans jamais le perdre totalement.

      Ainsi du narrateur qui nous raconte Mevlido à la troisième personne, comme s’il était à côté de lui, un quidam qui prend le même tram que lui, marche dans la même rue que lui. Et puis, soudain, le narrateur dérape, et parle de Mevlido à la première personne, comme s’il s’était trahi, comme s’il finissait par avouer qu’en fait, Mevlido, c’est lui. La belle affaire : Mevlido lui-même ne sait plus qui il est.

     Les songes de Mevlido est une expérience étrange, parfois déstabilisante, parfois vertigineuse mais qui reste toujours familière, servie par une écriture élégante et originale, qui traite de l’amour, de la folie et de la nostalgie de la Révolution. Comme le résume l’un des slogans du Parti : « RÊVE MILLE ANS, RÊVE MILLE ANS SANS CROIRE QUE LE SONGE EXISTE ! [...] AIME MILLE ANS, AIME SANS CROIRE QUE L’AMOUR EXISTE ! »

Jean-François SEIGNOL (lui écrire)
Première parution : 11/9/2012 nooSFere

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