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Requiem pour Elfe Noir

John GREGAN

Traduction de Eléa DRAX
Illustration de Marc SIMONETTI

MNÉMOS , coll. Icares précédent dans la collection suivant dans la collection
Dépôt légal : mai 2008
Première édition
Roman, 384 pages, catégorie / prix : 22 €
ISBN : 978-2-35408-032-7


Quatrième de couverture
     Dans le Ghetto des Fées, les humains ont disparu et tout le monde perd la mémoire. Quand l'elfe Alfar se réveille un matin dans un hôtel miteux, il découvre que quelque chose ne va pas : le dernier lutin est mort, dans l'indifférence générale. Il se rend sur place, se fait passer à tabac par une bande de Bergtrolls, ne découvre rien de spécial, se pose des questions sur la suite, et décide d'y retourner. Il devient alors enquêteur dans un monde où les enquêtes n'existent pas...

Tu sais ce que contient
ce barillet ? Des féériballes.
J'ai pas encore compris exactement
comment ça marchait,
mais je peux te dire que ça dépote.

     John (Janos) Gregan est né à Budapest en 1948. Ses parents se réfugient à Londres en 1957 après l'intervention des chars soviétiques et obtiennent la nationalité britannique. Après avoir étudié et enseigné pendant vingt ans l'histoire médiévale de Grande-Bretagne, il retourne vivre à Budapest en 1992 en compagnie de sa femme et de sa fille. Il est l'auteur de plusieurs essais et nouvelles en langue hongroise.
Critiques
     Je le confesse, j'ai ouvert ce livre avec un a priori pas franchement flatteur, peut-être dû à sa couverture si peu sexy, mais plus probablement parce qu'il s'agit d'un hybride de roman noir et de fantasy. Si certains se sont cassé les dents sur ce délicat mélange de genres (Mike Resnick, Sur la piste de la licorne), d'autres ont produit d'honnêtes pastiches (Glen Cook, Garrett, détective privé) et quelques-uns ont transformé l'essai en pur moment de bonheur (Jonathan Lethem, Flingues sur fond musical). Bref, le sujet avait déjà été plus qu'exploré, et je me suis longtemps demandé ce que cet auteur hongrois de langue anglaise pouvait apporter de nouveau au schmilblick. Or, si les premières pages alignent les poncifs des deux genres, des éléments originaux leur permettent assez rapidement de se fondre l'un dans l'autre en un récit de dark fantasy bien ficelé. Mea culpa, donc.

     Bienvenue dans le Ghetto des fées. Un endroit inhospitalier, étouffant, grignoté jour après jour par le désert rouge qui le borde. Une ville en pleine déliquescence où se côtoient des Elfes noirs tyranniques, des Bergtrolls brutaux, des Sylphides nympho, des Ondines toxico, des Nibelungen salaces et des Kobolds voraces, tous ces êtres créés — et pervertis — par l'imagination des hommes. Ces derniers, proprement divinisés, ont quitté le tableau depuis belle lurette, privant toutes ces créatures de leur raison même d'exister. D'où la déprime ambiante.

     C'est dans ce monde à l'agonie qu'Alfar, Elfe noir banni des forces de police — pardon, de l'Escadron noir — , aujourd'hui à son compte, est amené à enquêter sur la mort d'un lutin, le dernier de sa race. Comme de bien entendu, tout le monde va se mettre en travers de son chemin, la mafia locale, l'Escadron noir, les Effrits, ces êtres du désert qui voient en lui l'élu d'une prophétie tordue, chacun y allant de son passage à tabac en règle. C'est donc avec un éternel pansement sur son nez fracturé qu'Alfar subira plus qu'il ne mènera son enquête. Il ne pourra compter que sur son fidèle douze coups chargé de féériballes, des projectiles magiques aux effets imprévisibles mais souvent meurtriers, et un étrange allié aux pouvoirs suspects qui se prétend Elfe de sang.

     Ce texte, quoique très référencé, ne tombe jamais dans le piège de l'humour potache, qui aurait tôt fait de changer le pastiche en pochade. Ici tout est noir, très noir. Il est question d'hôpitaux-mouroirs pour camés pleins jusqu'aux yeux, d'industrie du porno, de prostitution sauvage, de torture pas pour rigoler. Une lecture à déconseiller aux plus jeunes, donc, mais tout à fait recommandable aux autres, pour peu qu'un grand écart entre James Ellroy et J. R. R. Tolkien ne leur fasse pas peur.

Thibaud ELIROFF
Première parution : 1/1/2009 dans Bifrost 53
Mise en ligne le : 29/9/2010

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