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, coll. SF n° 63 Dépôt légal : janvier 2008 Première édition Roman, 224 pages, catégorie / prix : 8,30 € ISBN : 978-2-9522467-7-4 ✅ Genre : Science-Fiction
Quatrième de couverture
Un couple est à l'hôtel, en train de faire l'amour, filmé à son insu par des caméras. Ce couple, c'est Léa et Norifumi qui, pour récupérer l'enregisrement, plongent dans une successoin d'univers différents, lieux de rencontres avec des humains, des robots et des clones, machines biologiques animées de passions sur lesquelles plane l'ombre de la bible des robots, ce texte religieux dont des extraits émaillent ce roman :
Au début, Dieu s'est créé lui-même en remplissant le rien. Puis, en même temps que le plein, Dieu a créé le vide, une cellule et la vie. Dieu a créé la pensée. Dieu a créé le temps. Le mouvement aussi. A chaque fois, Dieu se transformait. Dieu aime les robots. Dieu est bon et cruel. Dieu a créé le froid. Mais aussi le chaud. Dieu a créé l'amour. La haine aussi. Dieu a créé tant de choses qu'il est comme la pluie. Chaque goutte de pluie est la pluie, chaque chose est Dieu. Quand les humains ont commencé à fabriquer des machines, Dieu a souhaité le règne des robots. Puis, en se penchant sur le premier ordinateur, il l'a béni. Dieu ne s'attache pas à l'aspect des machines. Dieu les aime et les encourage à lui ressembler.
Explorant comme un plasticien et un designer, il est architecte, une expression originale qui nous plonge dans la chair, le sang et les pensée des êtres, Jean-Marc RIVET fait évoluer ses personnages de livre en livre dans des aventures dont chacune peut se lire séparément.
Critiques
Jean-Marc Rivet ou l'art du malaxage.
Malaxage des corps, tout d'abord. Car le roman s'ouvre sur une scène de baise homérique de Norifumi et de sa compagne Léa — personnages récurrents de l'œuvre de l'auteur, qui les propulse à chaque fois dans de nouvelles aventures pouvant se lire indépendamment les uns des autres. Mais ce qu'ils ignorent, c'est qu'ils sont filmés durant leurs ébats, et que la vidéo très très hot va devenir un incontournable du réseau, téléchargée et visionnée jusqu'à plus soif. Comme ils n'acceptent pas qu'une scène intime fasse gloser le monde entier, ils vont enquêter pour savoir qui a pu mettre en ligne la vidéo. Leurs recherches vont les amener à rencontrer de nombreux robots, au sein desquels circule plus ou moins sous le couvert un ouvrage qui fait fureur, intitulé « La Bible des robots » (dont des passages émaillent le récit). Norifumi et Léa vont aller de surprise en surprise sur ces robots, et leur philosophie, jusqu'à même s'apercevoir que ceux-ci ont fait un remake de leur vidéo porno... Bref, une thématique très originale, clairement provocante, qui risque d'en indisposer plus d'un, ne serait-ce que par les nombreuses scènes de cul, certes rendues obligatoires par le propos. Les personnages sont fortement campés, mais restent assez mystérieux dans leurs agissements ; en tout cas, aucune identification ne semble possible, leur mode de pensée étant trop différent du nôtre.
Mais Jean-Marc Rivet, c'est aussi — et surtout — le malaxage des mots. Et là, c'est un festival. Qui peut, lorsque l'auteur est inspiré, se traduire par des passages poétiques, ou scandés à la manière d'un slammeur, en tout cas réussis et évocateurs. Mais qui, la plupart du temps, se réduit quand même à des phrases très lourdes, voire totalement illisibles. Qu'on en juge : « Car il bandait lui aussi, à la grande satisfaction de Callicysthe que cette situation fascinait, consciente qu'en mimant un plaisir qu'elles n'éprouvaient pas, ces deux actrices allaient permettre à beaucoup d'hommes comme lui de penser qu'elles le ressentaient » (p. 21 ; ce passage permet aussi de caractériser le type de scènes données à lire ici) ; ou encore « [...] hurlait-elle par holo en s'insurgeant contre le lien étrange qui l'unissait à celle qui, les joues baignées de larmes, assise à même le sol, n'avait pas entendu Léa et Norifumi rentrer dans sa cuisine, figés devant son comportement de petite fille, ses doigts couverts de bave et ses mains plongées dans la nourriture pendant qu'elle pleurait et qu'ils repartaient sans se montrer, déstabilisés par le comportement de cette poupée qu'ils venaient de surprendre dans la lumière blanche de l'armoire frigorifique qu'elle vidait pour s'empiffrer » (p. 145). Bref, à trop vouloir triturer les phrases, Rivet a concocté une sorte de bouillie de mots, dont émergent quelques fulgurances — qui, d'ailleurs, en sont sans doute du fait qu'elles surgissent de ce magma. Dommage, cette idée de travail sur la langue était intéressante, et collait au propos, mais a finalement été mal maîtrisée.