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Les Dents de l'amour

Christopher MOORE

Titre original : Bloodsucking Fiends, 1995   ISFDB
Cycle : Love Story vol. 1 

Traduction de Luc BARANGER
Illustration de Néjib BELHADJ KACEM

CALMANN-LÉVY (Paris, France), coll. Interstices précédent dans la collection n° (11) suivant dans la collection
Dépôt légal : octobre 2008
Première édition
Roman, 330 pages, catégorie / prix : 19 €
ISBN : 978-2-7021-3943-1
Genre : Fantastique


Quatrième de couverture
     La rencontre fortuite de Tommy, débarqué à San Francisco de son Midwest natal pour devenir le nouveau Jack Kerouac, et de Jody, une bouillonnante secrétaire de vingt-six ans, aurait pu nourrir une banale histoire d’amour. Seulement voilà, juste avant de faire la connaissance du jeune homme, la belle Jody a été mordue par Élie Ben Sapir, un vampire âgé de huit siècles, qui a fait d’elle un nosferatu — histoire manifestement de lui pourrir la (non-)vie.
     Fort heureusement, Tommy l'écrivain tourmenté, tombé amoureux fou de Jody, veille au grain. Avec l'aide de ses collègues de l’équipe de nuit du supermarché où il travaille et d’un sympathique clochard autoproclamé empereur de San Francisco, il n’aura de cesse de traquer le vieux démon pour défendre sa dulcinée — sans oublier de passer chercher le linge en rentrant, merci.

     Après Godzilla dans Le Lézard lubrique de Melancholy Cove, les zombies dans Le Sot de l'ange ou la Mort herself dans Un sale boulot, Christopher Moore dynamite cette fois le mythe du vampire avec sa folie coutumière. À conseiller aux dépressifs.

     Né dans l'Ohio en 1957, Christopher Moore, qui aime l'océan, le polo à dos d'éléphant, les émissions télévisées sur les animaux et les crackers au fromage, a étudié l'anthropologie et la photographie au Brooks Institute of photography de Santa Barbara — où il écrira son premier roman, Practical Demonkeeping, publié en 1993. Après avoir passé quelques années dans une forteresse perdue sur une île inaccessible du Pacifique, il s'est récemment établi en Californie.
Critiques
     Traduction très libre de Bloodsucking fiends [mais était-ce vraiment traduisible ?], le « nouveau » Christopher Moore date en réalité de 1995. Troisième roman de cet auteur américain sévèrement frappé (écrit juste après l'exceptionnel Un blues de coyote, paru en « Série Noire », puis repris en Folio « Policier »), Les Dents de l'amour revisite le thème éculé du vampire, le délire en plus. Et question délire, Christopher Moore en connaît un rayon. Mais si ce roman est plutôt réussi dans son genre, pourquoi le publier maintenant ? Tout simplement parce que Christopher Moore en a écrit la suite directe, sortie en 2007 outre-Atlantique, et sobrement intitulée You suck, a love story (bon courage au traducteur). L'occasion idéale pour la collection « Interstices » de faire d'une pierre deux coups et de suivre le grand écart de son auteur en proposant au public le premier volet d'un diptyque sanglant et drolatique en attendant le second, encore dans les cartons. Rassurons de suite les lecteurs en signalant qu'en fait de première partie, Les Dents de l'amour se lit comme un seul et unique roman, avec autant de légèreté que les autres. Christopher Moore y déploie un enthousiasme contagieux, via une histoire évidemment drôle, mais surtout étonnamment bien construite. On est loin du Christopher Moore poussif du Secret du chant des baleines, et bien plus près du fou furieux responsable de l'hilarant (et encore inédit chez nous) Practical Demonkeeping. Tant mieux pour celles et ceux que les récentes publications « Interstices » n'avaient pas convaincus. De fait, Les Dents de l'amour s'adresse à tout le monde, fan ou pas. Située à San Francisco, l'intrigue est d'un réalisme imparable : mordue par un vieux vampire désagréable, machiavélique et réellement méchant, la jeune (et jolie) Jody se retrouve créature de la nuit malgré elle. Une situation qui n'a rien de romantique aujourd'hui, quoi qu'on en dise. Prenons un exemple pratique : les vampires ne sortent que la nuit et sont en danger de mort le jour. Pas simple, pour travailler. Car pour avoir un logement confortable où entreposer son cercueil et y dormir le jour, il faut bien travailler. Sinon, comment payer le loyer ? Et le travail de nuit est rarement intéressant, en plus d'être assez mal payé. Et puis c'est bien beau, d'être un vampire, mais où trouver à manger quand on a horreur de la violence ? D'un point de vue strictement objectif, il est plutôt difficile de mordre la bonne veine, et le sang, c'est moyen, question gastronomie. Bref, pour Jody, c'est compliqué. Aussi va-t-elle faire une alliance toute en tension avec un jeune homme aspirant écrivain, monté à San Francisco pour y devenir le nouveau Jack Kerouac. En attendant cette hypothétique reconnaissance artistique, Thomas (c'est son nom) bosse de nuit dans un supermarché, et surveille la bande de crevards hauts en couleurs qui lui servent de collègues. Couple improbable et mal embarqué, Thomas et Jody doivent également composer avec le méchant vampire du début, qui, lui, a des intentions plutôt meurtrières à l'égard du genre humain. Tout ça sous le regard céleste d'un clochard royal respecté par toute la ville, qui confond malheureusement les agissements de Jody et du méchant vampire. Avec en prime la réapparition du décidément très tenace inspecteur Riviera, flic vaseux assez récurrent chez Moore, toujours partant pour s'empêtrer dans des embrouilles monumentales. Secouez, ajoutez quelques délires remarquablement mooresques, et vous obtenez un roman certes déjanté, mais extrêmement bien fichu, intelligent et jubilatoire. Les plus sceptiques hausseront les épaules, mais les autres se précipiteront sur ce court bouquin qui, à défaut de transmuter toutes les valeurs de la littérature universelle, ne prétend à rien d'autre que ce qu'il est : quelques grammes de plaisir gourmand et bien raconté, dans un monde ennuyeux à mourir.

Patrick IMBERT (site web)
Première parution : 1/1/2009 dans Bifrost 53
Mise en ligne le : 28/9/2010


     Le fonds de commerce de Christophe Moore, c'est le détournement des canons de la littérature de SF et fantastique au sein de romans à l'humour tantôt goguenard tantôt corrosif. Les Dents de l'amour appartient à ce genre-là, et même si la recette a déjà été employée par l'auteur, on aurait bien tort de bouder son plaisir, tant celui de lecture du présent ouvrage est contagieux.
     Arrivé sans le sou à San Francisco, en provenance de l'Indiana, avec des rêves de carrière d'écrivain célèbre à la Kerouac plein la tête, Tommy fait très rapidement la connaissance de Jody. Seulement voilà : celle-ci vient de se faire mordre par un vampire, et est devenue pareille à lui. Entre les deux, c'est le coup de foudre. Enfin, presque : pour Jody, c'est surtout un moyen pour que Tommy règle ses affaires diurnes, alors qu'elle ne peut sortir que la nuit...
     La galerie de personnages proposée par Moore est totalement improbable, puisqu'on y croise aussi un clochard auto-proclamé Empereur de San Francisco et accompagné de deux chiens en cotes de mailles, un groupe de manutentionnaires de supermarché qui passent leurs nuits à s'inventer des concours comme le lancer de dindes surgelés, ou encore un groupe de Vampires Anonymes. On rit souvent aux éclats dans ce livre, du fait des nombreuses situations décalées et des dialogues hilarants à foison, à tel point qu'on se demande quel est le dernier livre nous ayant autant fait rire. Mais attention ! Christopher Moore ne perd jamais de vue son intrigue, et on a en permanence l'impression d'un livre maîtrisé, pas d'un fourre-tout potache. Bien sûr, tout n'est pas du plus subtil, l'histoire n'est pas non plus d'une originalité folle, mais Les Dents de l'amour emporte l'adhésion par sa bonne humeur communicative. Le texte de la quatrième de couverture indique que le livre est « à conseiller aux dépressifs » ; sans doute, mais pas seulement à eux.

Bruno PARA (lui écrire)
Première parution : 11/11/2008 nooSFere

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