Lélio, dont les lecteurs ont pu apprécier
Douze heures du crépuscule à l'aube, son premier recueil de nouvelles paru aux éditions de
l'Oxymore, revient sur la scène littéraire sous le nom de Yael Assia avec un recueil de cinq courtes nouvelles :
Cannibales. Ces cannibales, qui sont-ils ? Des gens comme vous, comme moi, des gens qui survivent et affrontent leurs cauchemars et, pour cela, s'entre-dévorent, rituellement — le corps du Christ — ou littéralement.
Certains textes sont résolument ancrés dans le réel, comme «
Menu solo » ou l'art de dépeindre en quelques pages la déchéance d'une vie de femme abandonnée au pied de l'autel, ou «
La Gifle », une terrible histoire de la vie quotidienne qui expose les relations de mauvais voisinage... «
Zombies », l'histoire d'un homme qui souffre de terribles maux de tête depuis sa petite enfance, est plutôt borderline — sans doute
Berthelot classerait-il cette nouvelle dans la transfiction. «
Heaven's door » et «
Poussin », quant à elles, relèvent du fantastique le plus étrange, le plus « barré », qui se puisse imaginer. De ce fantastique qui, sans être réellement gore, sait instiller en nous une peur viscérale parce qu'il s'accroche à ce qui fait du lecteur un être humain et le dissèque, comme sous l'œil d'un microscope. Dans tous les cas, quelle que soit leur étiquette, ces nouvelles sont d'une efficacité redoutable, servie par un style incisif et intimiste à la fois. Elles font l'effet d'un coup de poing à la lecture, et marquent aussi durablement qu'un traumatisme subi, sans doute parce que l'agression est un des thèmes importants du recueil. Sans doute aussi parce quel que soit son nom de plume, Yael Assia est une excellente nouvelliste.
Un grand petit livre, donc, pour trois franc six sous (très exactement : 3,95 €), dont le défaut principal est d'être difficile à trouver. Il ne faut donc pas hésiter à le commander sur le net, il est référencé chez les libraires en ligne.