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Brèves n° 21/22 : Nouvelles dimensions

REVUE

Textes réunis par Richard COMBALLOT

Cycle : Revues - Brèves vol. 21/22 


Illustration de Gilles MURAT

ATELIER DU GUÉ (Villelongue d’Aude, France), coll. Brèves - Actualité de la nouvelle (revue) n° 21/22
Dépôt légal : 1986
Première édition
Revue, 132 pages, catégorie / prix : 40 FF
ISBN : néant
Format : 11,9 x 21,9 cm
Genre : Science-Fiction



Quatrième de couverture

« Les récits inclus dans ce volume en témoignent, la science-fiction évolue très rapidement — et la science-fiction française est loin d’être à la traîne de ses consœurs. Elle a maintenant rattrapé son retard au niveau de l’écriture et reste la littérature la plus ouverte, la plus expérimentale (au sens premier du mot) et la plus « révélatrice » des angoisses suscitées par le monde actuel. Et la plus ancrée dans le présent. L’imaginaire n’est-il pas, après tout, ce qui tend à devenir réel ».

Pierre K. Rey.

On lira dans ce numéro des nouvelles de Jacques Barberi, Serge Brussolo, Pierre-Paul Durastanti, Bruno Lecigne et Jean-Pierre Vernay, Pierre Stolze. Il a été conçu et préparé par Richard Comballot avec la participation de Pierre K. Rey.

Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Richard COMBALLOT, Préface, pages 3 à 7, préface
2 - Richard COMBALLOT, Bio-bibliographie de Pierre-Paul Durastanti, pages 11 à 11, biographie
3 - Pierre-Paul DURASTANTI, Tango bleu, pages 12 à 40, nouvelle
4 - Richard COMBALLOT, Bio-bibliographie de Pierre Stolze, pages 43 à 43, biographie
5 - Pierre STOLZE, L'Amour des étoiles, pages 44 à 55, nouvelle
6 - Richard COMBALLOT, Bio-bibliographie de Jacques Barberi, pages 59 à 59, biographie
7 - Jacques BARBÉRI, Le Landau du rat, pages 61 à 78, nouvelle
8 - Richard COMBALLOT, Bio-bibliographie de Serge Brussolo, pages 81 à 81, biographie
9 - Serge BRUSSOLO, Le Piège à chance, pages 82 à 104, nouvelle
10 - Richard COMBALLOT, Bio-bibliographie de Bruno Lecigne et Jean-Pierre Vernay, pages 107 à 107, biographie
11 - Bruno LECIGNE & Jean-Pierre VERNAY, Le Compagnon de l'opérateur William Gardfeu, pages 108 à 122, nouvelle
12 - Pierre K. REY, Postface, pages 125 à 127, postface
Critiques
 
     BREVES, sous-titrée « actualité de la nouvelle », est sans doute l'une des meilleures revues actuellement consacrées aux textes courts Elle publie des inédits, des traductions (un remarquable numéro sur l'Amérique Latine), mais aussi un travail critique sur la nouvelle (dossiers, entretiens. notes de lecture) qui est de haut niveau. Par ses analyses, ses informations et son caractère même de support privilégié. BREVES est le rendez-vous obligé de tout nouvelliste. Qu'elle se fasse loin de Paris l'éloigne fort heureusement des modes et des coteries. Autre chose que le très superficiel et commercial N COMME NOUVELLES, lancé comme un produit de grande diffusion fin 86, et qui fait tout, sauf prendre des risques 1.
     En novembre 1978 déjà, l'Atelier du Gué avait publié un numéro spécial SF de sa revue, qui s'appelait alors LE GUE. Préparé par Michel Lamart. il contenait un entretien avec Michel Jeury, quatre courtes études sur la SF française alors en pleine crise d'acné, et onze nouvelles manifestant de réussites diverses et convoquant les noms de René Durand. Pierre Ziegelmeyer, Daniel Martinange. Monique Battestini ou Jean Bonnefoy. entre autres. Toute une époque donc : la SF politique. Futurs au Présent, les nouveaux auteurs dont si peu ont survécu littérairement... Rétrospectivement, ce numéro apparaît quasi symbolique de l'état des lieux, fin des années 70, en SF française. Comme une coupe à vif de ces années-là.
     Pourra-t-on en dire autant, vers 1993, du présent numéro de BREVES ? Présenté et préparé par Richard Comballot (animateur de LABYRINTHES et critique ici-même), il tente également de mettre en avant un moment de la production française en SF. Cinq nouvelles seulement, cette fois, pour six auteurs. Et toujours, chez l'anthologue, cette préoccupation de situer la position française dans le genre, d'analyser rapidement le parcours des auteurs du cru (de la génération des Klein, Curval et Dorémieux à celle des Jouanne, Barbéri ou Lecigne), de mettre en avant leurs qualités et... leurs difficultés à publier ! Voici sans doute ce qui sépare l'entreprise de 1986 de celle de 1979 : on pouvait encore croire alors que les supports accueilleraient à bras ouverts les jeunes talents. On se posait des questions de contenu sans analyser (ou très peu) les mécanismes de production du texte. On sait désormais que les supports se sont raréfiés à l'extrême (surtout pour la nouvelle : le roman se publie quand même plus facilement, quoique...) et qu'un texte n'existe réellement que s'il est lu — a fortiori publié. C'est pourquoi l'existence même d'une entreprise telle que celle-ci revêt beaucoup d'importance. Cinq textes, ce n'est peut-être même pas beaucoup, mais c'est néanmoins appréciable.
     Cette importance de l'ouverture d'un support permet d'ailleurs d'émettre l'unique regret qui sera manifesté ici. Sur les cinq textes, deux sont des rééditions : « Le compagnon de l'opérateur William Gardfeu » de Vernay et Lecigne est paru au Québec dans IMAGINE... n° 21 en avril 84, et « Le piège à chance » de Brussolo dans le n° 5 du fanzine ESPACE-TEMPS au début 79. Il n'entre pas dans mon propos de jouer les censeurs : Comballot ne cache nullement qu'il s'agisse de rééditions. Je ne m'étendrai pas non plus sur la présence de Brussoio, qui n'écrit plus de nouvelles depuis longtemps et n'a certes pas besoin d'une telle publication. Je considérerai que Comballot publie Brussolo pour d'autres raisons que son aspect commercial. Soit.
     Il n'empêche pourtant que la présence de deux textes non inédits au sommaire a forcément empêché la publication de deux inédits virtuels. Mr de la Pallisse eût été d'accord, je pense. Dommage : l'entreprise perd ainsi un peu de sa nécessité.
     Ceci dit, on ne peut reprocher au choix de Comballot de grossières erreurs de goût ou de qualité. Vernay et Lecigne sont peut-être légèrement en-dessous de leurs potentialités respectives, et Brussolo n'étonne plus depuis longtemps. Mais Jacques Barbéri (« Le landau du rat ») confirme l'imprégnation de ses univers imbriqués si personnels : manipulation des êtres et éclatement des perceptions ne sont jamais chez lui tout-à-fait ce qu'elles eussent été ailleurs. Mais Pierre Stolze (« L'amour des étoiles ») fait naître, comme à chacune de ses apparitions, le regret de ne pouvoir le lire plus régulièrement : ce récit qui parle d'une perte d'innocence et des pulsions de mort qui nous habitent est un petit bijou. Et la grande surprise provient sans conteste de « Tango bleu », que signe Pierre-Paul Durastanti. Critique, traducteur et lecteur d'édition, Durastanti n'avait pas encore réellement convaincu comme auteur. Cette longue nouvelle devrait y contribuer. « Tango bleu » aurait dû figurer au sommaire des morts-nées Utopies 85 que Klein a renoncé à publier. C'est un texte plutôt jeuryen, ce qui veut dire tout et n'importe quoi mais n'étonnera pas ceux qui connaissent l'auteur. Et c'est donc une utopie : comme toute utopie elle décrit un monde statique, une terre inondée où circulent de curieux house-boats, où un mode de vie franchement écologique manifeste du respect mutuel des êtres et des choses. On s'y déplace lentement et on cultive le corail. Le postulat de Durastanti n'est pas réellement original : toute utopie est aussi dystopique en ce que l'arrêt de l'Histoire nourrit toujours des mécontents. Ici, le narrateur découvre la réapparition de l'esprit de compétition et du mépris de l'autre qui s'y trouve lié. D'abord horrifié, il comprend que pour survivre, l'utopie ne doit jamais cesser d'évoluer, de changer (coucou Jeury : la fête du changement ?). Tant par son rythme et son traitement esthétique (malgré l'une ou l'autre petite faiblesse) que par les questions soulevées, « Tango bleu » mérite une lecture attentive. Une belle réussite. Ce seul texte donnerait tout son sens au recueil de Richard Comballot. BREVES : vaut le détour.

Notes :

1. Dans les genres qui nous occupent, SF et Fantastique, on y réédite à tour de bras Matheson, Bloch, Seignolle, Poe, Brown, Van Vogt ( !), Lovecraft et Derleth... et Dick, certes : « Le père truqué » pour la quantième fois ? Les trois inédits SF (sur six numéros et 80 textes) sont plutôt mauvais voire franchement ringard pour celui de Patrice Henry. Que sont venus faire là Jacques Boireau et Joëlle Wintrebert ? Vider leurs fonds de tiroir ?

Dominique WARFA (lui écrire) (site web)
Première parution : 1/5/1987 dans Fiction 386
Mise en ligne le : 11/3/2015


 
     Les presses de l'atelier du Gué, avaient édité il y a quelques années un spécial SF, concocté par Michel Lamart. Aujourd'hui R. Comballot et PK Rey nous offrent, en contrepoint à Superfuturs, la preuve que la vague venue de Futurs au présent n'était pas de la vague écume, et que le flot qui les apporta n'était pas celui de la dernière pluie. 6 nouvellistes, des meilleurs : Durastanti, Vernay/Lecigne (la meilleure nouvelle, il faut bien l'avouer, malgré la qualité des autres !), Barberi, Stolze, et même ô honneur suprême, Brussolo. Ce n'est pas de la hard science, ni de l'heroic fantasy, ce n'a rien à voir avec du gore, rien non plus de canada dry : c'est une petite fête de l'écriture d'imagination. En même temps ça montre bien qu'il ne suffit pas de poétiser dans le recoin du signifiant pour faire de la SF. Si la nouvelle de Vernay/Lecigne (et accessoirement celle de Brussolo) me paraissent des plus réussies, c'est qu'elles mettent en phase des thèmes reconnaissables de SF avec une habileté d'écriture, une performance du récit bien mené. Les autres sont bonnes, mais plutôt du côté du poétique, et peut être au détriment des articulations du récit. On va dire que je suis ringard, que l'imagination c'est ce qui est proche du rêve et patin et couffin. J'admets tout ce qu'on veut, mais j'aime à lire des récits construits, et suivre un scénario (fantasmatique si l'on veut). Sinon je lis des poèmes. Et j'aime, ça. Donc un recueil de haute tenue, avec des réussites plus brillantes que d'autres. Ben, à côté, Superfuturs ne fait pas toujours le poids, faut bien dire... les trentenaires ont encore du muscle imaginatif, et pas trop de graisse.

Roger BOZZETTO
Première parution : 1/3/1987 dans Fiction 384
Mise en ligne le : 11/3/2015

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