Qu'un traducteur ignore que « quiproquo », en anglais, n'a pas tout à fait ( !) le même sens qu'en français, passe. Qu'il fasse triomphalement de son contresens la chute d'un chapitre, passe encore : ce livre comporte tant de chapitres, et ils sont si courts, qu'il pourrait plaider n'avoir pu faire autrement. Que ce ne soit pas sa seule maladresse, passe encore : il est sans doute sous-payé. Mais qu'il transforme le titre originel, Conscience place, en ce « machin », non ! On ne vend pas en solde la clé du mystère dès la couverture, même si le lecteur, dans une collection de littérature générale, est supposé ignare ou débile. C'est d'autant plus grave que le premier tiers du livre, particulièrement intéressant, les décrit, ces « enfants de l'atome » ; c'est somptueux, mais on n'est censé comprendre de quoi il s'agit que petit à petit. Evidemment, c'est raté ! On ne peut que suggérer de déchirer la couverture, d'oublier le livre quelques mois avant de le redécouvrir au détour d'un rayonnage. Ce n'est pas une solution, mais enfin...
Pour le reste, quelques Harlequinades dans un milieu scientifique sommairement esquissé n'arrivent pas à gâcher une histoire finalement bien menée. On s'attache aux personnages, on s'inquiète avec eux. Margot pleure, tant mieux.
Ce qui est original, c'est que la menace c'est le reaganisme. En SF, on est habitué aux héros en bonne santé et au compte en banque convenablement approvisionné, tonnant contre l'Etat et les programmes d'aide sociale. Là, les personnages sont faibles et ne peuvent être des humains à part entière que grâce à la protection de l'état, laquelle est dangereusement aléatoire. Ce n'est peut-être pas à la mode ; tant pis, et tant pis si ça vous déplait !
Éric VIAL (lui écrire)
Première parution : 1/1/1985 dans Fiction 358
Mise en ligne le : 16/12/2008