Critiques
Les éditions l'Age d'Homme, qui viennent par ailleurs de rééditer (avec, enfin !, un index) l'illustrissime Encyclopédie de l'Utopie, des Voyages Extraordinaires et de la Science-fiction (c'est à dire le Versins) s'aventurent quelquefois jusqu'aux confins des domaines qui sont les nôtres. Dans ce roman, coédité par Julliard, une « femme-machine », privée d'âme ( ?), est offerte à un peintre, faussaire de génie, tourmenté par la quête du beau, et par quelques autres obsessions. Ce pourrait être de la science-fiction : il y est question d'androïdes perfectionnés et de neurochirurgie : mais tout cela n'a que peu d'effets sur le monde, sur la société. L'invention n'induit aucun changement, et ce n'est pas un hasard si tout ce passe à Venise, autant dire hors du temps. On est plus proche du fantastique. Au lieu de parler commerce, exploitation, trafics ou évolution des mœurs, l'auteur s'interroge sur l'Amour, sur l'Être. Il dit sa peur de découvrir que l'être humain, à cause de son passé, à cause de ses gènes, n'est pas moins programmé qu'une machine, il parle de l'art, du vrai, du faux, de l'illusion en peinture ou au théâtre. Il flirte avec la métaphysique, sans arriver à être ennuyeux. Il faut dire que le thème, pour ne pas être neuf, est fort, et que le roman est construit, pensé, écrit, Il se place sous le patronage de Mann, Villiers de l'Isle Adam et Hofmann, et ces noms ne sont pas invoqués en vain. Il ne renouvelle pas le thème, sans doute, mais il l'affine. Ni la littérature ni l'imaginaire n'ont quoi que ce soit à y perdre. Éric VIAL (lui écrire) Première parution : 1/2/1985 dans Fiction 359 Mise en ligne le : 16/12/2008
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