Daniel Walther est un auteur précieux qui se fait trop rare, regretté par ses lecteurs et inconnu pour la nouvelle génération de fan de SF et de fantastique français, genres auxquels il a donné certaines de ses plus belles lettres de noblesse. Un style flamboyant et riche, une imagination fertile au service d'obsessions récurrentes, une sensibilité exacerbée qui gonfle ses personnages d'une vie bouillonnante et leurs relations d'un érotisme omniprésent, des influences littéraires évidentes parfaitement assimilées, un talent d'écrivain indéniable que peuvent lui envier la majorité de ses collègues d'aujourd'hui, Daniel Walther possède toutes ces qualités qui expliquent peut-être pourquoi ses écrits sont souvent si foisonnants qu'ils en deviennent complexes et difficiles.
Ce recueil regroupe quatre nouvelles de SF et une de fantastique. Passé la préface dithyrambique de Richard Comballot,
Un bal costumé à la maison Schürk nous plonge dans une ambiance vénéneuse à l'érotisme malsain qui donne une force incroyable à cette nouvelle fantastique qui aurait pu être un petit bijou du genre si la fin du récit n'avait pas été aussi convenue et, avouons-le, aussi décevante.
Le Domaine de cristal est un hommage explicite et réussi à
J.G. Ballard à travers une guerre entre Terriens et une présence invisible et mystérieuse dans un paysage d'une beauté mortelle. Une courte nouvelle étrange et habile.
Balaklava (bis) explore le thème du voyage dans le temps à la façon des grands de la Speculative Fiction. Là encore, un final trop cartésien déséquilibre un peu la nouvelle dont l'ensemble déborde d'idées et de possibilités.
I.C.E T.W.O est un texte superbe, un hymne triomphal à l'amour, un éclat de poésie tour à tour brûlant et glacé. Walther, entre froid arctique et chaleur sensuelle, n'est jamais aussi bon que lorsqu' il libère ses fantasmes. Le plat de résistance,
Les Rapiéceurs de néant, vient conclure en beauté ce recueil en mélangeant exotisme, croyances antédiluviennes, érotisme et fin d'un monde. Une réussite qui stigmatise la folie de l'homme blanc. On ne recoud pas le ciel quand les cœurs se déchirent...