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Le Sous-marin noir

Robert HARRIS

Titre original : Fatherland, 1992
Première parution : Hutchinson, 1992
Traduction de Hubert GALLE

JULLIARD
Dépôt légal : 1992
Première édition
Roman, 424 pages, catégorie / prix : 110 F
ISBN : 2-260-00978-6
Genre : Science-Fiction


Autres éditions

Sous le titre Fatherland   JULLIARD, 1993
   POCKET, 1996, 1998, 1999, 2008
   POCKET Jeunesse, 2003

Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org
Ressources externes sur cette édition de l'œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture
     Berlin, 1964. Depuis que les forces de l'Axe ont gagné la guerre en 1944, la paix nazie règne sur l'Europe. Seule, l'Amérique a refusé jusqu'ici le joug. Mais dans quelques jours, le président Kennedy viendra conclure une alliance avec le Reich. Ce sera la fin du monde libre.
     Deux meurtres étranges viennent perturber les préparatifs. Les victimes sont d'anciens S.S. de haut rang jouissant d'une paisible retraite. Chargé de l'affaire, l'inspecteur March s'interroge. S'agit-il d'un règlement de comptes entre dignitaires ? Mais, s'il s'agit d'affaires criminelles, pourquoi la Gestapo s'intéresse-t-elle à l'enquête ? Quelle est cette vérité indicible qui tuent tout ceux qui la détiennent et semblent menacer les fondations mêmes du régime ? Le mystère s'épaissit et, dans Berlin pavoisée, les bourreaux guettent, prêts à tout pour étouffer dans la nuit et le brouillard les dernières lueurs de liberté.

     Ce roman du Britannique Robert Harris a été traduit dans le monde entier et a suscité de nombreuses polémiques en Grande-Bretagne, mais aussi en Allemagne où les éditeurs se refusèrent d'abord à le publier. Salué par une presse élogieuse, il est devenu un best-seller international.
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition POCKET, Thriller (2001)

     L'hypothèse de base qui sert de toile de fond à cette uchronie peut apparaître aujourd'hui classique, après Le Maître du Haut-Château  : l'Allemagne a gagné la deuxième guerre mondiale et son empire s'étend sur l'Europe et une grande partie de la Russie. Toutefois, Robert Harris introduit d'importantes variantes par rapport au récit de Dick  : les Etats-Unis, de leur côté, ont vaincu le Japon grâce à l'arme atomique et la guerre froide s'est installée entre le Reich et l'Amérique. La ressemblance avec Le Maître du Haut-Château se limite donc à l'hypothèse de départ, d'autant que là où Philip K. Dick déployait un arsenal culturo-intellectuel parfois lassant, Richard Harris choisit de nous faire vivre une intrigue haletante semée de péripéties et de rebondissements.

     Allemagne, 1964. Hitler s'apprête à fêter ses soixante-quinze ans. Xavier March, un policier d'élite de la Kripo idéologiquement peu orthodoxe, enquête sur la noyade d'un mystérieux personnage dont il apprend bientôt qu'il est l'un des premiers compagnons du Führer. Très rapidement, on lui retire la responsabilité de l'affaire, mais il s'entête et poursuit ses investigations en compagnie d'une jeune journaliste américaine. Morts suspectes et disparitions le convainquent qu'il est sur le point de découvrir un terrible secret. On devine sans peine de quoi il s'agit, et là réside peut-être une des faiblesses de l'œuvre car le « secret  » en question, s'il recouvre l'un des épisodes les plus abominables de l'histoire de l'humanité, nous apparaît presque banal tant il fait partie de notre quotidien culturel. De ce point de vue, l'auteur se comporte plus comme l'historien qu'il est que comme un romancier aguerri. Il le sent bien d'ailleurs, puisqu'il tente de surenchérir dans le sordide en mettant en cause la responsabilité du président des Etats-Unis, un certain Joseph Keneddy ( !). Harris n'ose cependant pas aller trop loin, en raison du caractère encore très « sensible  » de cette période historique, et c'est peut-être ce que l'on pourrait lui reprocher. On aurait également aimé en apprendre plus sur le statut politique des autres états européens qui (à part celui de la Suisse) demeure obscur, bien que leur allégeance au Reich soit clairement affichée.

     Mais ce ne sont que des défauts mineurs, largement compensés par la remarquable puissance d'évocation de l'œuvre, qui tient à plusieurs facteurs.

     Tout d'abord, le décor étouffant de Berlin écrasé par le gigantisme académique des monuments nazis est planté avec une grande vérité. L'auteur est spécialiste de l'histoire du Reich, et il dose avec habileté les détails qui rendent crédible cet univers vaguement hallucinant, avec lequel les protagonistes interagissent en permanence.

     Il y a ensuite l'évocation, par touches successives, d'un régime militaro-policier où tout le monde ou presque porte un uniforme, où chacun surveille chacun et où il est impossible de se fier même (surtout  ?) à ceux que l'on aime le plus. Sur ce point, l'influence de Georges Orwell est évidente, mais elle était inévitable, le Maître ayant (presque) tout dit sur les régimes totalitaires.

     Enfin, et c'est là que réside la grande force de ce roman, la psychologie des personnages mêle endoctrinement, révolte et culpabilité avec une grande justesse et une totale vérité humaine. Le comportement de March, finement analysé, est de ce point de vue exemplaire, et la justification psychologique de ses actes, même les plus irrationnels, est adroitement distillée au fil des pages.

     La terme de « thriller  » utilisé par l'éditeur pour qualifier ce roman ne se justifie véritablement que dans le dernier tiers de l'ouvrage, dont la plus grande partie relève plutôt du polar psychologique et politique.

     Un roman passionnant, sans fléchissement, qui vous tient en haleine de bout en bout. Dommage que la traduction soit assez moyenne. Un tel chef d'œuvre méritait mieux.

Robert BELMAS (lui écrire)
Première parution : 1/10/2001
nooSFere


Edition POCKET, Thriller (1996)

     On a affaire à un thriller, avec policier (allemand) mal dans sa peau, journaliste (américaine) l'exaspérant assez pour qu'il en soit amoureux, coffres (suisses), lutte entre services, et happy end non-garanti. C'est efficacement ficelé, le lecteur marche. L'action se situe en 1964, et jusque-là, on est loin de la SF. Mais le président Kennedy qui va visiter Berlin se prénomme Joseph, pro-nazi dans cet univers comme dans le nôtre, et père de celui dont nous savons qu'il a été tué à Dallas en 1963. L'Allemagne a gagné la seconde guerre mondiale, l'Amérique va cesser de soutenir la guérilla sur l'Oural, l'Europe est sous la botte. Le thriller est aussi une uchronie, ce qui le sort de l'ordinaire et justifie qu'on en parle ici. Et ce qui aurait pu n'être qu'un décor dérangeant, voire angoissant, se révèle au cours du livre le moteur même de l'intrigue, l'assassinat inexpliqué de quelques seconds couteaux de l'état-major hitlérien débouchant sur l'Histoire, telle qu'elle a été et telle qu'on la raconte, ce qui assure la parfaite cohérence de l'ensemble.
     Pour laisser la part belle aux rebondissements, l'auteur a escamoté les relations internationales, encore que, clin d'œil d'Anglais eurosceptique, une Union Européenne sous hégémonie germanique soit signalée, avec un drapeau bleu à étoiles d'or. L'essentiel, son décor, c'est l'Allemagne des vainqueurs. Certains s'indigneront qu'elle ne se situe pas entre Le Son du cor et Dante. Mais l'apparente normalité de ce monde laisse affleurer le totalitarisme au quotidien, fait de pressions sociales, de dénonciations intra-familiales et de peurs intériorisées. Et autour de quelques millions de disparus dont on n'ose plus, dont on ne sait plus parler à voix haute, le silence organisé fait un bruit assourdissant, pour qui sait écouter d'abord, pour tous ensuite quand il rejoint l'intrigue policière. Il n'y a donc là ni relativisme moral, ni putréfaction négationniste.
     L'amateur de littérature populaire appréciera un suspense prenant, le fan de SF découvrira un monde différent du nôtre et qui pourtant en rappelle certains aspects et fait s'interroger sur lui. L'historien aura peu à redire. Les uchronies centrées sur la seconde guerre mondiale fournissent le pire et le meilleur  : cette fois, on est près du meilleur.

Éric VIAL (lui écrire)
Première parution : 1/12/1996
dans Galaxies 3
Mise en ligne le : 1/12/2001

Cité dans les pages thématiques suivantes
Uchronie

Adaptations (cinéma, télévision, BD, théâtre, radio, jeu vidéo...)
Le Crépuscule des aigles , 1994, Christopher Menaul (Téléfilm)

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