Harvey a dix ans. Son père, pris par l'ivresse, lui confie le nécessaire de barbier et l'envoie raser Lord Fearnwood, le châtelain qui vient de décéder. Angoissé, paniqué, Harvey se dit pour se rassurer, qu'avec un mort la première expérience sera plus facile. Mais, sur place, il doit raser une toison aussi dense qu'une forêt. Alors qu'il termine, il découvre, dissimulé jusque là par la barbe luxuriante, un tatouage étrange couleur de sang. Harvey comprend qu'il a découvert un secret bien trop lourd pour son âge. Il décide de le cacher avec du talc. Il rentre chez lui, avec cette vision qui le taraude, contrebalancée, cependant, par la gracieuse image, volée au passage, d'une jeune fille.
Pendant ce temps Henry, le frère jumeau du lord et MacPherson, le majordome, cherchent dans la riche bibliothèque constituée ces derniers années, la piste du trésor d'Hadrien, l'or qui devait servir à payer la construction du mur. Un métayer du domaine l'aurait trouvé avant de disparaître sans laisser la moindre trace.
Harvey a repris ses différentes activités : enfant de cœur, livreur à l'épicerie Hornby. Alors qu'il est chargé comme une mule par les marchandises qu'il doit livrer à l'auberge, un homme l'aide. Cet homme étrange, ouvert et disert, lui demande de le guider jusqu'au manoir des Fearnwood.
Prenant l'Écosse du milieu du XIXè siècle pour décor et une construction légendaire, Denis Bretin plonge un jeune garçon dans une histoire qui le dépasse. Il construit une suite d'aventures nourrie des thèmes chers à la littérature de distraction, telle la quête d'un trésor disparu depuis vingt siècles et animent toutes les péripéties qui se rattachent à sa recherche. Il base son intrigue sur le mur d'Hadrien, un mur gigantesque construit entre 122 et 131 de notre ère, par un empereur romain voulant barrer la route aux tribus de l'actuelle Écosse qui menaçaient les provinces du sud conquises par Rome.
Il introduit une bonne dose de fantastique, prêtant à ce mur d'autres propriétés que celles d'un simple ouvrage d'art, faisant appel à des croyances oubliées, à des forces tutélaires négligées.
Si le récit est mené tambour battant avec une tension qui ne faiblit pas, l'auteur laisse libre cours à son humour tant dans les situations que dans les réflexions. Mais quel que soit le ton employé, dramatique ou humoristique, celui-ci est relayé par une écriture fluide, d'une grande richesse, où un vocabulaire recherché le dispute à un foisonnement d'images d'une grande originalité et d'une grande beauté.
L'auteur maîtrise l'art du portrait et sait, en quelques traits bien sentis, brosser un personnage d'un caractère étonnant. Il entoure son héros, un petit garçon pour lequel l'empathie est immédiate, d'un groupe de protagonistes attachants et fort bien construits. On retiendra, dans des registres différents, le curé du village, son ami Julius et la jolie Amélia au tempérament affirmé.
Avec D'or que landes, Denis Bretin signe un livre particulièrement savoureux. On souhaite vivement qu'Harvey Squire ait d'autres aventures de jeunesse à nous raconter pour avoir le grand plaisir de le retrouver.
Serge PERRAUD
Première parution : 3/9/2009 nooSFere