Trente ans avant Le crépuscule des elfes, le monde est en proie à la guerre.
Lliane, princesse héritière des elfes d'Eliande, est retenue prisonnière dans les Terres noires. Horrifiée par la sauvagerie et la cruauté de ses habitants, elle doit lutter pour sa survie... et pourtant elle découvre peu à peu que les orcs, gobelins et autres monstres au service de Celui-qui-ne-peut-être-nommé sont plus proches d'elle qu'elle ne l'aurait cru.
Pour Lliane, le seul espoir d'évasion est au prix d'une improbable alliance, alors même que les royaumes des hommes et des elfes, désunis et minés par la trahison, doivent se préparer à la plus effroyable des menaces.
« Servie par une belle écriture, l'histoire est prenante et recherchée. Pour ceux qui ne connaissent pas l'auteur, n'attendez plus pour le découvrir. Il le mérite ! »
Après la bataille contre les monstres, Lliane est prisonnière. Le pays où vivent les orques et les gobelins est terrifiant ; les pluies qui l’arrosent sont acides et corrosives ; les elfes et les hommes réduits en esclavage peinent à survivre. Les horreurs qu’ils subissent marqueront leur âme à jamais. Pendant ce temps, les elfes de la forêt d’Eliande sont en deuil. Morvryn et Llandon n’ont toutefois pas abandonné espoir de retrouver Lliane et ils voyagent jusqu’au royaume de Loth, en quête de quelques nouvelles de la princesse. Mais si le roi Ker se montre favorable à une alliance entre les hommes et les elfes, complots et trahisons gangrènent sa cour.
Le deuxième tome des Chroniques des Elfes, « préquelle » à la Trilogie des Elfes initialement parue entre 1998 et 2000, démarre sur les chapeaux de roues. Fetjaine ne perd pas de temps à résumer l’épisode précédent – il vaut donc mieux avoir lu Lliane avant de lire L’Elfe des Terres Noires. Il préfère peaufiner ses personnages, qui acquièrent ainsi une dimension psychologique parfois absente du premier tome, et ses décors, véritables moteurs de l’intrigue puisque Lliane en arrive à trouver une ressemblance entre les orques et les elfes, et à se demander si les quatre tribus de Dana ne formaient pas à l’origine un seul et même peuple que l’environnement aurait façonné, déformé, divisé. Et cette question de l’autre, du peuple ennemi, haï, traverse les intrigues mêlées de la cité des gnomes à celle des monstres, de la forêt des elfes au royaume des hommes. Cela donne au roman une profondeur inattendue, encore amplifiée par les abominations vues ou subies par Lliane et ses compagnons, qui évoquent les camps de concentration nazis.
Le fait de connaître le destin de certains personnages, pour ceux d’entre les lecteurs qui auraient déjà lu la Trilogie des Elfes, est nettement moins gênant qu’à la lecture du premier tome. Ce second opus est d’ailleurs mieux écrit que Lliane, mieux construit, mais aussi coulant de source, comme si Fetjaine se lâchait dans son propos après avoir, dans le précédent volume, sacrifié au rituel de présentation des personnages. L’Elfe des Terres Noires, roman de fantasy épique, de facture somme toute assez classique, se révèle plutôt original et profondément humain, sans manichéisme excessif, en plus de raconter une histoire vraiment intéressante.
Lucie CHENU Première parution : 5/10/2009 nooSFere