Il existe deux Mike Resnick : celui qui, envoûté par l'Afrique, livre une oeuvre extrêmement personnelle (je pense à la trilogie de L'Infernale Comédie en Présence du Futur, mais surtout aux admirables chroniques de Kirinyaga, en cours de parution dans Galaxies), et celui qui débite du western galactique au kilomètre (voir Santiago en PdF).
    Hélas, Le faiseur de veuves est écrit par le deuxième Resnick.
    Pourtant, le postulat de départ était excitant : pour d'obscures raisons politiques, le gouverneur de Solio II fait cloner le fameux tueur à gages Jefferson Nighthawk, quasiment moribond et maintenu en état d'hibernation depuis un siècle. Après accélération du métabolisme, voici créée une redoutable machine à tuer de 23 ans. Mais s'il possède l'instinct de tueur et les capacités du Faiseur de veuves initial, le clone Jefferson n'en a pas moins la naïveté d'un gamin ! La vie, ça ne s'apprend pas en quelques mois. Et surtout, cela s'apprend par soi-même et non par procuration.
    D'où une origionale variation sur la question de l'identité du clone : Jefferson se retrouve prisonnier d'attributs qui ne sont pas les siens, plus exactement d' attributs qu'il n'a pas contribué à forger, qu'il n'a même pas désirés, à la différence du vrai Faiseur de veuves. En somme, on lui demande d'être un tueur-né.
    Mais cette intéressante problématique n'est pas approfondie : elle est seulement répétée, engluée dans des dialogues insipides et des péripéties peu convaincantes. La narration au présent, sans charme, n'arrange pas les choses.