Personne dans Fiction, curieusement, n'a parlé du Syndrome chinois (le film), alors que c'était tout de même l'un des événements SF de l'année 79. Rien non plus sur le livre du même titre, presque passé inaperçu.
Rétablissons vite cette injustice : cette histoire-là est l'une des principales réussites de la SF politique, alliant parfaitement un récit hollywoodien à suspense à une suite de dénonciations militantes urgentes. Le livre, roman directement issu du scénario du film, répond aux mêmes exigences : raconter une histoire qui retienne l'attention et mettre le doigt sur la folie nucléaire. Le tout est parfait, bien ficelé et, je crois, d'une utilité politique formidable surtout depuis la catastrophe d'Harrisburg et, un peu avant, l'affaire Karen Silkwood
1.
Tous les détails du Syndrome chinois reposent sur des faits réels. Cela donne de la force à la fiction. Une force dont les antinucléaires ont bien besoin pour contrecarrer les trusts multinationaux qui se cachent derrière les centrales...
L'édition de SF en France s'intéresse de plus en plus au nucléaire civil
2, de
L'explosion de Ziemann (Lattes) au
Crise de Lester Del Rey (Laffont), en passant par
Jours de cendres de Gérard Blanchi (Ed. Citron Hallucinogène). Ce n'est pas pour nous déplaire : toutes les bonnes volontés sont les bienvenues pour s'opposer à l'hydre nucléaire.
Le syndrome chinois est à verser à ce dossier, c'en est même l'une des pièces majeures. Indispensable, donc, comme la solide combinaison antiradiations que vous avez eu la prudence de vous faire offrir pour votre anniversaire.
Notes :
1. Cette jeune américaine assassinée par les nucléocrates, dont la mésaventure mortelle est racontée en détails dans l'article d'Howard Kohn, Le terrible pouvoir de l'industrie nucléaire, in Rolling Stone, une anthologie du nouveau journalisme (Ed. Veyrier).
2. Voir mon article La SF est-elle radioactive ? dans Univers 14 (J'ai Lu).
Bernard BLANC (lui écrire)
Première parution : 1/6/1980 dans Fiction 309
Mise en ligne le : 16/12/2010