Plus besoin de présenter Jean-Pierre Hubert. On a lu partout d'excellentes nouvelles de lui, on a apprécié à sa juste mesure son Mort à l'étouffée (Kesselring) et on attend avec beaucoup d'impatience ses deux prochains romans. Scènes de guerre civile, une politique-fiction, et Couples de scorpions, une ambitieuse variation sur l'amour et la mort ¹.

     Hubert s'est associé avec son complice et collègue Christian Vilà (qui n'écrit pas assez à mon goût) pour ce petit livre au rythme haletant, à l'intrigue simple mais efficace, paru chez un jeune éditeur qui a du mal à survivre, et c'est dommage, parce que sa production (de luxueux albums de photos, entre autres) mérite un coup d'œil prolongé.

     Noël noir raconte la montée d'un groupe fasciste, le T.A.M. (Terreur Anti-Macaques) qui effectue en plein jour des opérations meurtrières contre les gens de couleur, dans notre pays. L'action se passe dans pas longtemps, la police est largement complice (c'est une habitude) et le gouvernement, sous prétexte de sécurité, organise une Saint-Barthélémy qui n'a d'égal que les camps de concentrations hitlériens.

     Un livre très politique, donc, de cette SF qui veut, par l'intermédiaire de l'imaginaire, faire réfléchir sur notre temps. Un livre d'actualité, aussi, puisque le racisme est plus que jamais à l'ordre du jour. Un thriller, enfin, fabriqué avec habileté et métier par deux des meilleurs auteurs français du moment.

     Très vite, on plonge dans un « cauchemar absolu ». C'est Viluber qui le dit. C'est vrai que c'est un bien mauvais rêve que ce Noël noir. Mais un rêve utile, sans doute, pour nous préparer au jour (proche ?} où cette science-fiction deviendra réalité, si nous n'y prenons garde.