Fantastique et Politique

Vampires semant la panique au cœur du Londres victorien ou du New York postmoderne, spectres réclamant leur dû, zombies et créatures de la catastrophe... toutes ces figures du fantastique sont-elles rétives à une signification politique ? Le politique serait-il fatalement soluble dans l'excès et l'ambivalence de la fiction fantastique ?
À rebours d'une tradition critique qui veut ignorer l'intention politique au profit de la seule indétermination fantastique, ce numéro d'Otrante entend montrer comment spectres et vampires s'adressent aussi - par l'effroi et l'incertitude - à l'espace social, historique, idéologique qui les a engendrés. Le fantastique comme fiction de la subversion ? A moins qu'il ne serve tout autant à figurer l'expulsion d'un Autre terrifiant ?
L'évidence du lien entre Fantastique et Politique est à lire dans ces récits de mondes imaginaires et de contre-utopie, dans le recours au sublime et au gothique, dans l'univers de Sade ou celui du roman populaire, dans l'envers monstrueux de la bourgeoisie et du capital ou dans ce grimaçant retour des corps de l'horreur au sein même du rêve américain. La question doit être entendue de Balzac à Marx, et jusqu'à aujourd'hui, de Cortazar à Rushdie.
Avec la participation de : Lambert Barthélémy, Georges Benrekassa, Christian Biet, Rachel Bouvet, Serge Chauvin, Eric Dayre, Jean-Paul Gabilliet, Gérard Gengembre, Laurent Gerbier, Jean-Louis Haquette, Cyrille Legrand, Denis Mellier, Luc Ruiz, Darko Suvin, Bernard Terramorsi.