À la veille de l’hiver 2004, William Drum, ex-inspecteur de la police criminelle de Chicago, est exilé par ses supérieurs à Retrocity.
Retrocity, la Cité déchue, fermée sur elle-même, que l’on tente de faire disparaître des consciences depuis plus d’un demi-siècle.
À l’aide d’une machine à écrire trouvée dans son appartement, William se lance dans la rédaction de son journal de bord, et s’enfonce dans la ville.
Une ville hors du temps, que les citoyens ont depuis longtemps désertée.
Une ville où la mécanique remplace les organes humains.
Une ville malade et rongée par un étrange virus.
Une ville de laquelle on ne revient pas.
L’auteur :
Mettre ses textes en images ? Raconter ses illustrations ? Pour Bastien Lecouffe Deharme, alias « B. », l'écriture et les images ne vont pas l'un sans l'autre. C'est ainsi qu'il a bâtit Retrocity, puisant dans ses références encrées depuis l'enfance : les classiques de la Science-Fiction, mêlés d’une bonne dose de Romans Noirs, de cinéma et de musique.
Dessinateur, peintre et photographe , il utilise l'outil digital pour mixer ces différentes techniques. Il aime utiliser la photographie pour « prélever » des élément de notre réalité, pour les faire basculer dans une autre. Retrocity, l'univers de son roman-graphique, est construite avec des morceaux de réel.
Parallèlement, il réalise des couvertures de romans, chez Gallimard, Pocket, Fleuve Noir et de nombreux autres, pour des auteurs tels que Chuck Palahniuk, Franck Herbert, H.P.Lovecraft, Theodore Sturgeon, Robin Hobb, Mélanie Fazi ...
Au delà de son activité d'illustrateur, il réalise de nombreuses pièces destinées a l'exposition, et prend parfois le rôle de directeur artistique. Notamment pour des évènements tels que les expositions Venus Robotica et Phantasms au Cabinet des Curieux (Paris), en association avec Thierry Ruby.
Bastien Lecouffe Deharme est agé de 29 ans et vit désormais aux États-Unis.
« Retrocitytenourritdesa langueur,tefaitingurgitersa propre logique. Puis, lorsque tu esassezmûr,elletedévore, doucement... Et tu deviens alors unepartied'elle.Unedeces choses étranges qui m'ont tant effrayélorsdemonarrivée, durant mes premiers jours ici. » Page 45... aux alentours, disons, l'ouvrage n'étant pas folioté.
MemoriesofRetrocity,lejournalde William Drum nous raconte l'histoire d'un flic exilé dans une ville nord-américaine éternellement grise, sur laquelle règne la compagnie Hover qui produit des prothèses chirurgicales, du matériel électronique désuet et bien d'autres choses encore (des cigarettes dégueulasses, du whisky tourbé !). Un mal endémique a frappé cette mégapole, le rétro-processus, dont la finalité est la fusion homme-machine, homme-objet (à un moment, un homme-fauteuil tente de mordre son épouse à rouages apparents ; ça vous rappelle quelque chose ?). Le seul moyen d'échapper au rétro-processus, c'est de se faire greffer un mécanisme qui sert alors de vaccin et éloigne définitivement une maladie qui, paradoxalement, peut vous conduire à une répugnante forme d'immortalité biomécanique. Voilà le monde glauque que va découvrir William Drum. Un monde forcément dangereux.
MemoriesofRetrocity est un projet à part dans le petit monde de l'Imaginaire de langue française (j'imagine assez douloureuse la facture de l'imprimeur), un roman graphique entièrement en quadrichromie, postfacé par Alain Damasio (plus sobre qu'à l'accoutumée, et qui produit là le meilleur segment textuel de l'ouvrage). Une première constatation s'impose : l'objet est magnifique. Mise en page de qualité, couverture embossée, fausses publicités ; tout est réussi sur le plan esthétique. La version luxe contient un CD musical, parfois redondant avec le texte mais pas inintéressant. Quant aux dessins, ils sont pour la plupart bluffants, les corps se mélangeant avec des engrenages, de la technologie très fifties. Ce n'est pas du steampunk, pas du gothique, pas du post-apocalyptique, mais un mélange de tout ça et de visions SF typiques des années 50-60. Impossible de ne pas penser au DrAdder de K. W. Jeter pour les mutilations, aux délires visuels du Terry Gilliam de Brazil, au Blade Runner de Ridley Scott et à la série de jeux vidéos Fallout pour l'ambiance années cinquante remixées trash radioactif.
Pour ce qui est de la partie romanesque (écrite, donc), force est de constater que l'auteur n'est malheureusement pas toujours au niveau de ses ambitions. C'est honnête, il y a de bons passages, une vraie progression dramatique, une fin très forte, mais la narration n'est pas au diapason des dessins, époustouflants dans les registres érotiques ou horrifiques. A ce manque de punch narratif, on ajoutera des maladresses stylistiques, des disparités de ton malvenues, des problèmes de concordance des temps, des coquilles, une ponctuation pas toujours bien sentie. Des broutilles, si ce n'était qu'en un mot comme en cent, le texte est trop SAGE (surtout quand on le compare à celui de Damasio). On aurait aimé pénétrer plus profond dans ce délire érotique, tangenter une saine pornographie, on aurait aimé sentir davantage l'horreur (rarement indicible, brutale, frontale) de cette ville mutante qui semble tirée d'un mauvais trip de feu William S. Burroughs.
Malgré ses petits défauts (d'écriture), Memories of retrocity est un beau cadeau pour les fans de SF horrifique (ils se régaleront des références, parfois bien cachées, mais listées, par plaisir ? par honnêteté intellectuelle ? en fin de volume). Une initiative (et une ambition rare) à soutenir 1.
Notes :
1. Diffusée à la va-comme-j'te-pousse, la production des éditions du Riez est peu visible en librairie. On se reportera au site de l'éditeur (<editionsduriez.fr>) pour tout commande et un aperçu visuel de l'ouvrage en question. [NDRC]