Le monde d'une rock star bascule dans le cauchemar après un accident de voiture... Vous croyiez connaître la peur ? Ce thriller vous ouvre les portes d'une nouvelle dimension : bienvenue en enfer.

     Mais que pouvait bien chercher Malko Swann cette nuit-là ? Une overdose d'adrénaline, la sensation ultime, le sentiment de liberté ?

     Pourquoi roulait-il aussi vite en pleine nuit sur une route de campagne étroite et sinueuse jusqu'à faire une chute de trente mètres en bas du pont du Diable ?

     Atteint d'un traumatisme inexplicable, le musicien est désormais incapable d'entendre la musique. Mais il ne s'agit que du début de sa déchéance. Dans l'ombre, quelqu'un l'observe... quelqu'un qui veut jouer avec lui. Un jeu au goût de sang... Il s'engage alors dans un combat désespéré.

     L'art singulier du suspense de Sire Cédric, sa fascination du vertige et son plaisir manifeste à manipuler le lecteur donnent à ce roman une saveur particulière : l'envie de sympathiser, le temps d'un livre, avec ceux qui sont tombés dans l'obscurité du mal.

     Malko Swann est une rock star, mais il faut croire que ni l'argent, ni le succès, n'apportent le bonheur. Un soir, après un concert, Malko roule au volant de son Aston Martin, les enceintes à fond et le pied au plancher, jusqu'à ce que, arrivé au Pont du Diable, il plonge dans le précipice. Lorsqu'il se réveille dans une chambre d'hôpital, Swann est frappé de surdité sélective : il ne peut plus entendre la moindre note de musique. Il a aussi oublié ce qui s'est passé, la raison et les circonstances de son accident. Il entame alors une lente reconstruction, aidé de son fidèle ami Jack Chevalier. Mais quelque temps plus tard, on découvre les corps de jeunes femmes ayant eu, à un moment ou un autre, une aventure avec Malko. Ses trous de mémoire cacheraient-ils une terrible vérité ?

     Le Jeu de l'ombre est le troisième livre de Sire Cédric publié au Pré aux Clercs, son troisième thriller, et comme dans les deux précédents, l'enquête est menée par le commandant Vauvert. Mais Vauvert n'est pas le personnage principal de ce roman dont l'intrigue est axée sur Malko Swann — et sur la musique. D'ailleurs, Le Jeu de l'ombre s'intercale entre L'Enfant des cimetières et De fièvre et de sang. Ainsi, Vauvert n'a pas encore découvert toutes ses capacités — il refuse d'admettre qu'il s'est déjà frotté au surnaturel — et il n'a pas encore rencontré Eva Svärta. Les fans de la profileuse albinos pourront le regretter, mais cela permet à Sire Cédric de s'affranchir de toute surenchère dans le gore et d'enfin montrer ce dont il est capable sans sa panoplie d'effets spéciaux. Du coup, le fantastique se fait subtil et Sire Cédric privilégie le polar et le thriller psychologique, avec deux fils narrateurs entremêlés : l'enquête du commandant Vauvert et l'histoire de ce musicien privé de son art, de cet homme qui voit son monde s'écrouler autour de lui, telle une véritable descente aux enfers. Et si par endroits le roman pâtit de quelques longueurs, de « ralentissements » d'une intrigue par ailleurs haletante, c'est pour laisser la place à cet autre personnage essentiel à l'histoire et au cœur de l'auteur : la musique. Ces moments où Malko se met à son piano, le caresse et joue, souffrant de ne pouvoir entendre, ceux où une note ou une mélodie lui parviennent, comme par surprise, sans qu'il comprenne pourquoi l'ouïe, tout d'un coup, semble lui revenir, ces moments sont précieux, tant pour le plaisir de la lecture que pour la construction du piège où, il faut bien se l'avouer, l'auteur entraîne son lecteur.