Il a franchi la frontière qui sépare la vie de la mort.
Et, aujourd'hui, le moment de la révélation est venu.
Tout commence lorsque l'ethnologue Franklin Adamov découvre, au fin fond de l'Amazonie, une statue représentant un homme assis armé d'une épée. L'homme est de type européen, l'objet date du XVe siècle, et sur la garde de l'épée est inscrit un mot : « Malhorne ». C'est impossible...
Pourtant, ce n'est que le premier indice.
En effet, peu après, Franklin est contacté par une fondation appartenant à un riche financier, qui lui offre des moyens illimités pour résoudre cette énigme. Car le mystère s'épaissit : on a repéré une deuxième statue, absolument identique, à l'autre bout du monde... Qui se cache derrière ces monuments ? Qui a laissé ces signes, et pourquoi ?
Alors débute une traque haletante, une quête initiatique à travers l'Histoire, les cultures et les religions du monde entier, dont l'enjeu est rien moins que l'immortalité.
Jérôme Camut, né en 1968, vit à Paris et écrit des scénarios pour le cinéma et la télévision. Malhorne est son premier roman, remarquablement documenté, aussi efficace qu'un best-seller anglo-saxon. Il ouvre une trilogie mêlant thriller, merveilleux et mystère.
Imaginez... Un éditeur qui ne fait pas partie des grosses maisons d'éditions de science-fiction... Un auteur français débutant proche de la trentaine... Un premier roman qui est aussi le premier volume d'une trilogie, et qui pèse plus de 500 pages... Cela ne vous fait pas penser à quelqu'un ?
En effet, il y a beaucoup de points communs entre Jérôme Camut et le Pierre Bordage des Guerriers du Silence. Mais là où l'auteur vendéen nous proposait un space opera flamboyant, ce jeune parisien s'attache à la planète Terre et à ses habitants, explorant l'une des facettes les plus mystérieuses de leur existence : leur âme. Sera-t-il lui aussi couronné de succès ?
Un beau jour, le professeur Adamov découvre en pleine forêt amazonienne une statue représentant visiblement un occidental armé d'une épée sur laquelle est gravée l'inscription « Malhorne ». Cette découverte attise la curiosité du professeur, mais il lui faut se rendre à l'évidence : aucun indice ne lui permet de déterminer la provenance de la statue. Rentré aux Etats-Unis, il a néanmoins la surprise de voir débarquer le représentant de la Fondation Prométhée. Celle-ci, dirigée et financée par le milliardaire Dennis Caig, a pour but de faire progresser les connaissances humaines en offrant aux scientifiques des conditions de travail optimales. Craig espère trouver par ce biais de nouveaux débouchés pour accroître sa fortune. S'il a fait appel à Adamov, c'est à cause de la découverte d'une seconde statue de Malhorne dans un endroit sans aucun lien apparent avec celui de la précédente. Dès lors, une énorme machinerie de recherche de renseignements se met en marche, au terme de laquelle on découvre un étrange personnage, Julian Stark, riche mais interné, qui préfère se faire appeler Malhorne. Il confie qu'il est éternel, et donne des preuves tangibles de la véracité de ses dires.
Avec Malhorne, on est en pleine quête mystique (encore un point commun avec Bordage). Le protagoniste central avoue lui-même se considérer comme le « lien entre les mondes », entre le corps et l'esprit, comme l'attestent ses diverses réincarnations, au cours desquelles il se souvient de toutes ses précédentes existences. Jérôme Camut n'a pas cherché à rendre sympathique ce personnage romanesque par excellence, ni à faire en sorte que le lecteur s'identifie à lui. C'est du reste impossible : Malhorne est une légende à part entière, un « damné originel » qui bon gré mal gré essaye de vivre avec sa malédiction. Même s'il est éternel – et pas immortel, comme il le spécifie lui-même, puisqu'il meurt régulièrement – il lui manque quelque chose : la reconnaissance. Comme il semble soumis au destin commun, personne ne se rend compte de son extraordinaire condition. Il éprouve donc un besoin aigu d'être reconnu, qu'il tente d'assouvir en laissant des traces de son existence (les statues).
Bien évidemment, ce personnage écrase les autres par sa puissance, son côté « plus grand que la vie », mais ceux qui l'étudient sont néanmoins campés avec conviction, notamment le professeur Adamov, dont l'évolution personnelle répond à la quête de Malhorne. Le style est alerte, et le métier de l'auteur (qui travaille dans les médias, cinéma et télévision) n'y est certainement pas étranger. Les cinq cents pages se lisent sans mal, même si Camut a tendance à délayer son intrigue, notamment dans la deuxième partie. Même si le sujet impose à l'auteur une certaine ampleur dans le traitement, un texte plus resserré aurait été plus convaincant (encore et toujours Bordage).
Au final, on a affaire ici à une histoire originale, hantée par un personnage quasi hugolien de damné en voie de rédemption, et entraînée par la puissance dynamique de la narration. Voilà un premier roman globalement très maîtrisé dont le succès, s'il advient, ne sera pas immérité. On attend avec impatience la suite de cette trilogie.
520 pages écrites petit. Premier volume d'une trilogie annoncée. Une ampleur peu fréquente dans notre imaginaire hexagonal. La couverture est particulièrement hideuse, ce qui, par contre, est fort fréquent. Le roman n'est pas estampillé S-F. Mais cela en est-il ? Peut-être bien...
L'ouvrage n'est pas facile à classer. Ni thriller ni mainstream, ni S-F ni fable mystique. Un peu de tout ça... Jérôme Camut a délaissé les effets de manches du thriller tout en en conservant la construction. Il a sabré à la base toute dimension tragique et laissé tomber l'issue dramatique avec la fatalité d'une pierre. Ça aurait pu être un roman de Michael Crichton et c'est tout autre chose.
À l'aube du XVIe siècle, dans une France renaissante où sévit l'Inquisition, Malhorne ressuscite pour la première fois. Faut-il parler de métempsycose ou de transmigration ? La conscience — ou faut-il dire l'âme — de notre bonhomme qui en avait alors fort peu se transfère dans le corps d'un nouveau né où elle reste en stand-by jusqu'à ce qu'il perde son pucelage. Un bon moyen que l'auteur a trouvé pour esquiver les problèmes générés par une conscience adulte dans le corps d'un petit enfant.
Après être bêtement mort sur le champ de bataille, il sera traumatisé par sa première résurrection. Il jettera ensuite à la Macarine les bases d'une famille qui le suivra de génération en génération avant de partir sur le chemin de St Jacques, puis Lisbonne, et de traverser l'Atlantique pour s'échouer sur les côtes du Brésil et y mourir d'une flèche au curare. Revenir comme chamane et conduire sa tribu au fond de la sylve pour échapper aux Blancs ; franchir les Andes pour défier le Pacifique en pirogue et y mourir. Revenir esclave africain, traverser l'océan Indien et mourir. Revenir Japonais et traverser une Inde en proie à la peste et gagner le Tibet pour y recevoir l'enseignement d'un lama. Devenu riche anglais, retrouver les Macare, faire fortune en Louisiane et mourir sous la guillotine durant la révolution française et renaître mongolien, puis Egyptien. Rencontrer Van Gogh, l'aventure coloniale, les camps de la mort et le goulag... Au cours de toutes ses vies, Malhorne a marqué le monde d'un heptagone de statues identiques...
Franklin Adamov en a découvert une, la seconde, façonnée en Amazonie, et la mystérieuse fondation Prométhée ne tarde pas à compléter la collection. A la fin du tome 1, on ne sait pas pourquoi Denis Craig, le magnat de l'armement, a créé cette fondation, comme s'il subodorait l'existence de Malhorne, lequel semble entretenir des liens mystiques avec les descendants de ceux qu'il a rencontrés ici ou là.
Livre de son époque, Malhorne ne véhicule tout au plus qu'une problématique résiduelle et relève du divertissement. On y retrouve l'idée, présente dans le film Stigmata ou le Jésus Vidéo d'Andreas Eschbach, que, pour préserver la foi, l'Église se doit de combattre tout ce qui pourrait établir sa « mystique » dans les faits puisqu'elle perdrait dès lors son statut de mystère.
Ce premier tome est avant tout une esquisse, encore floue et amenée à acquérir une dimension plus large. Tout apparaît lié en dépit de nombreux fils encore épars. L'aspect narratif domine le roman, avec, notamment, le récit des vies antérieures de Malhorne. Malgré quelques détails douteux et certaines longueurs — on a connu bien pire sur des livres plus courts — Malhorne est somme toute un roman prenant. La force de Jérôme Camut réside dans ses personnages. Non qu'il leur confère une épaisseur psychologique hors du commun, mais il sait leur donner du corps, du jus, de la saveur. Même les troisièmes rôles que Malhorne a croisés au cours de ses vies ont leur empreinte, parfois forte. Certains arrivent à être touchants. Et pourtant, souvent on frôle le cliché. Mais ça fonctionne. Paradoxalement, c'est un roman très professionnel tout en restant personnel. Comme si la volonté de fabriquer un best-seller n'était pas parvenue à gommer la patte de l'auteur.
Pas speed mais bien mené, pas prise de tête pour un rond, idéal pour la plage...