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La Mémoire double

Grichka BOGDANOFF & Igor BOGDANOFF

Première parution : Paris, France : Hachette, 1985

Illustration de Marc TARASKOFF

HACHETTE
Dépôt légal : octobre 1985
Première édition
Roman, 384 pages, catégorie / prix : 98 FF
ISBN : 2-01-011494-9
Genre : Science-Fiction



Quatrième de couverture
     Au fond, pourquoi Antoine a-t-il eu le pressentiment qu'il ne devait pas fournir le moindre renseignement aux deux inspecteurs ? Pourquoi l'univers paisible de la ferme où il travaille depuis l'enfance s'est-il, brutalement, peuplé de signes étranges ? Et pourquoi, certains soirs, a-t-il l'impression que le ciel se déchire, que le vin se transforme en cendre, que des puissances malfaisantes et venues d'ailleurs veulent lui extorquer un secret dont il ignore la nature ? Telles sont, à première vue, les questions qui ouvrent ce roman. Mais il y en aura d'autres, plus angoissantes, et qui concernent les enjeux d'un savoir qui peut manipuler le destin des hommes ou voler leur identité... Dans ce livre, Igor et Grichka Bogdanoff ont voulu, précisément, offrir à la science sa fiction et jouer sur la mémoire double qui, seule, permet de penser le monde et d'apercevoir ce qui s'agite à travers la réalité qui le masque. Un roman à suspens, riche en surprise, déroutant et logique.
     Igor et Grichka Bogdanoff animent, à la Télévision, la célèbre émission « Temps X ». Ils ont déjà publié des nouvelles et des essais. La mémoire double est leur premier roman.
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition LIVRE DE POCHE, (1986)

     Critique de « La mémoire double » (éditions Hachette) & « La machine fantôme » (éditions J'ai Lu)&10;
     Cette phrase est-elle de la science-fiction : Lorsqu'une dizaine de gerbes furent dépiquées, la paille chassée, par les demoiselles de la batteuse, commença d'affluer sur le manteau de la presse ? Sans doute, pour qui n'a jamais vécu à. la campagne et n'a jamais vu à l'œuvre une batteuse-lieuse. La mémoire double oblige ainsi à une double lecture, une lecture parallèle, que le sage montage un chapitre vert/un chapitre gris renforce. Il y a le roman paysan, qui paraît étrangement décalé hors du temps et de l'espace (on comprendra pourquoi en fin de volume), et qui est un vrai bonheur de couleurs, de bruits, d'odeurs, de sensations — de signes enfin : Porté par la chaleur, un claquement d'ailes passa dans !e ciel. Il y a le roman électronique, où le moindre de ces signes est réduit à ses composantes recrées : Du point de vue de l'informaticien, l'émotion amoureuse pouvait être interprétée comme un facteur donné dans un système...
     On a donc un jeune ouvrier agricole de 36 ans, Antoine, qui vit dans une ferme de Dordogne (patrie des Bogdanoff... et de Jeury, autre grand paysan sous le ciel de la s-f), et dont les pas n'ont jamais dépassé l'horizon qu'il voit de chez lui. On a de mystérieux personnages qui vivent « ailleurs » et essayent de s'infiltrer dans le monde d'Antoine, pour lui soutirer un secret. Même si le roman est peut-être un peu lent à démarrer dans sa première moitié, le suspens, le mystère sont bien conservés, et en même temps subtilement menés vers leur résolution : La mémoire double n'est pas un roman à chute, mais un roman à décryptage : quelle est l'interface exacte entre le monde vert et le monde gris, d'où vient Antoine, quel secret doit-on lui soutirer... tout est affaire de petites touches, qui finissent par s'assembler en une construction cohérente et vraisemblable, forte aussi, quand bien même le contexte de confrontation USA-URSS est cliché.
     Si l'auteur peut un court instant parler sous le critique j'ajouterai que j'ai pris plaisir à retrouver dans cette enclave paysanne dont on ne peut sortir un peu de mon Désert du monde, dans cet être qui n'est qu'un « psychogramme » un peu de mon Cauchemar... cauchemars !, et dans cette confrontation monde vert, monde gris un reflet de ma nouvelle Le futur t'attend ! Foin de modestie, et pas non plus le moindre soupçon d'influence : les Bogdanoff et moi sommes sur des chemins parallèles, et on sait bien qu'en s-f les parallèles souvent se croisent ! Mais ce n'est pas non plus ces rencontres qui m'ont poussé à cette célébration : voilà un roman chaleureux et énigmatique qui vaut plus que le détour, et dont la conclusion possède une subtilité supplémentaire : car si tout son cours laisse supposer la terrible menace que le monde gris fait peser sur le monde vert, on s'aperçoit in fine que ce dernier n'existe que par le précédent. Ambiguïté idéologique ? Dialectique en mouvement ? Chacun jugera.
     La machine fantôme (un titre qui pourrait s'appliquer également au roman ci-dessus) est un recueil de sept textes d'intérêt et de qualité inégaux. Il y a des inutilités (L'horloge parlante, un gag qui tombe à plat), des ratages (Le cratyle, où le véritable sujet, une réflexion amère sur le pouvoir, à la Silverberg, n'est effleuré qu'en toute fin de texte), il y a aussi d'indéniables réussites, comme Le dormeur de l'éternité, La cage, et Lapsus (les trois meilleurs textes du recueil), qui tous roulent sur le thème de la prison intérieure, de la perte de l'identité ou de la mémoire (Hum... encore des sujets que j'ai souvent abordés !). L'ensemble forme ce qu'on pourrait taxer, sans paternalisme ni mépris, de bon galop d'essai pour débutants nourris de s-f américaine des fourties et fiveties. Il est simplement étonnant que paraissent en même temps cet exercice de style (au style précisément un peu négligé parfois, avec l'abus d'adjectifs qui est le défaut habituel des débutants), et un roman parfaitement maîtrisé comme La mémoire double. Dysfonctionnement dans l'interface gémellaire ?
     Reste un point de détail hors littérature : le matraquage des auteurs dans le cours de leur émission Temps X. Mais on sait bien que les livres ne naissent pas libres et égaux... Quant à l'attribution du Prix d'Avoriaz à La mémoire double, copinage ou pas, elle est méritée : c'est le meilleur ouvrage français de la rentrée.

Jean-Pierre ANDREVON (lui écrire) (site web)
Première parution : 1/4/1986
dans Fiction 373
Mise en ligne le : 11/11/2003

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