Hiver 1313. Sur une route enneigée des Alpes, Grimpow, petit bandit des grands chemins, découvre un cadavre. Aux côtés du mort, se trouve une mystérieuse amulette et un bout de parchemin. L'amulette dégage une étrange chaleur et les signes sur le parchemin se révèlent à Grimpow... en même temps que le cadavre disparaît, comme par enchantement. Perdu et effrayé, Grimpow n'a qu'une certitude : il a été élu. Mais pour quelle mission ?

     Grimpow s'approche du plus grand secret du Moyen Âge : celui que détiennent les Templiers.

     Un beau jour de 1313, dans les Alpes, le jeune Grimpow et son protecteur, Durlib, deux bandits, découvrent le corps sans vie d'un chevalier, qui possède entre autres de splendides dagues orientales, un parchemin, et une pierre qui, au contact des mains de Grimpow, se révèle comme douée d'une vie propre ; en outre, Grimpow, qui ne savait pas lire, est désormais capable de comprendre des langages runiques qu'il n'a jamais vus auparavant. Les deux hommes se réfugient dans l'abbaye de Brinkdum. Grâce à certains moines, Grimpow apprend des révélations sur le cadavre, la pierre philosophale et les Templiers. Mais la quiétude est troublée par l'arrivée soudaine de l'inquisiteur Boulvar de Goztell, qui traquait l'homme trouvé par Grimpow. Ce dernier, après avoir été caché par les moines durant l'enquête de l'inquisiteur, décide de partir à la découverte de sa destinée, en commençant par la ville de Strasbourg, mentionnée dans le parchemin retrouvé.

     Au début, cela ressemble très fortement au Nom de la Rose, d'Umberto Eco : un jeune qui apprend la vie aux côtés d'un homme plus aguerri, une abbaye isolée où vivent des moines aux connaissances encyclopédiques, dont l'un est vieux et aveugle, et dont l'un des serviteurs est un « monstre » au grand coeur, et enfin l'arrivée d'un froid inquisiteur. Le roman d'Abalos étant néanmoins adressé aux jeunes lecteurs, il va moins loin dans la description des cruautés et dans le côté glauque, sans pour autant les ignorer. Mais l'inquisiteur repart bientôt, et la quête de Grimpow peut alors véritablement commencer. Elle progressera au fil des rencontres avec des personnages attachants, qui seront parfois sacrifiés, Histoire oblige. Au final, on ne s'ennuie pas un instant, on se prend à essayer de deviner quelle sera la prochaine étape/épreuve à laquelle seront confrontés Grimpow et ses amis.

     Malgré ses qualités, ce livre souffre néanmoins d'un certain nombre de défauts : on reprochera ainsi à Abalos une entrée trop rapide dans son sujet : au bout de dix pages, Grimpow a déjà hérité de sa pierre, qui lui a conféré des pouvoirs surnaturels, et on comprend qu'il ne lui arrivera rien, de telle sorte qu'à aucun moment on ne tremble pour lui, et que notre plaisir de lecteur s'en trouve diminué. Au rang des déceptions, également, certains des énigmes, tarabiscotées mais résolues en deux temps trois mouvements par Grimpow et ses acolytes ; trop de perspicacité nuit à la crédibilité des personnages, fussent-ils aidés par une pierre octroyant l'omniscience. Enfin, l'auteur abuse également des petites phrases accrocheuses du genre « Grimpow pensait ne jamais revoir untel. Il se trompait lourdement, comme il s'en apercevrait par la suite au château de Camelot » ; on sait ainsi à l'avance ce qui va se passer. Couplé à l'assurance qu'il n'arrivera rien de fâcheux à Grimpow, ce procédé anéantit quasiment tout effet de surprise. Dommage, car avec un sens du rebondissement plus maîtrisé, ce livre aurait pu se transformer en oeuvre inoubliable. En l'état, Grimpow, l'élu des Templiers, reste un roman plaisant, traitant d'un matériau intéressant, mais sans réel ressort dramatique.