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Exodes

Jean-Marc LIGNY


Illustration de LERAF

L'ATALANTE (Nantes, France), coll. La Dentelle du Cygne
Dépôt légal : juin 2012
Première édition
Roman, 544 pages, catégorie / prix : 23 €
ISBN : 978-2-84172-592-2
Genre : Science-Fiction



Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org
Ressources externes sur cette édition de l'œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture
     Le réchauffement climatique s’est emballé au point que la Terre devient une planète hostile à la vie. Partout la civilisation s’effondre, les hommes n’en ont plus pour longtemps, et ils le savent.
     Va-t-on, comme Pradeesh Gorayan et sa famille, dans l’enclave sous dôme de Genève, poursuivre notre train-train comme si de rien n’était ?
     Va-t-on, comme Mercedes Sanchez, en Espagne, se réfugier dans la religions et attendre des Anges venus du ciel qu’ils nous emportent au jardin d’Éden ?
     Va-t-on, comme Fernando, le fils de Mercedes, rejoindre les Boutefeux et précipiter notre destruction dans une orgie de feu et de violence ?
     Va-t-on, comme l’Italienne Paula Rossi, vendre corps et âme pour quelques médicaments ?
     Va-t-on, comme Mélanie Lemoine, consacrer nos ultimes forces à sauver les derniers animaux ?
     Va-t-on, comme le marin Olaf Eriksson et sa femme, fuir les îles Lofoten et chercher une terre un peu plus hospitalière, vierge de toute présence humaine ?
     C’est le temps des exodes, et, tels des termines sur une bûche enflammée, les derniers hommes courent en tous sens pour échapper à l’enfer...

     Après le succès d'AquaTM, Jean-Marc Ligny signe un nouveau thriller d'anticipation écologique aux enjeux économiques et humains saisissants.
Critiques
     Le dernier roman de Jean-Marc Ligny est un post-apocalyptique bien âpre, comme on les aime. Son apocalypse n'est pas due à une guerre totale, mais bien aux dérèglements climatiques en tous genres qui, peu à peu, ont rendu la Terre impropre à la vie. Alors, bien sûr, toute l'Humanité n'est pas morte, l'Homme subsiste tant bien que mal. Certains mieux que d'autres, quand même : des enclaves ont été créées, minuscules bulles de société préservée, comme à Davos, qui bénéficient toujours du confort moderne, tandis qu'à l'extérieur le reste de la population survit, entre cités abandonnées, désert médical et malnutrition. D'aucuns ont encore espoir que la situation s'améliore un jour, comme Olaf qui fuit ses chères îles Lofoten devenues invivables, ou Mélanie qui tente de sauver les animaux blessés. Mais d'autres n'ont de cesse de précipiter la planète encore plus dans le gouffre qui s'ouvre devant ses pieds : il s'agit des Boutefeux et des Mangemorts, dont les noms sont suffisamment évocateurs pour qu'on n'ait pas besoin de les décrire.
     Jean-Marc Ligny prend son matériau à bras-le-corps et nous livre un roman dense, sans concession. Il s'attache à une dizaine de protagonistes, dont il adopte tour à tour le point de vue afin de nous décrire de l'intérieur ce monde en déliquescence. Pas facile de nous faire comprendre la «  philosophie » de certains d'entre eux, comme Fernando le Boutefeu, pourtant l'auteur y parvient, en brossant des portraits crédibles à souhait. Ses protagonistes sont certes bien différenciés et parfois archétypaux, ce qui l'aide dans sa tache, il n'en reste pas moins qu'ils ont une vraie épaisseur, de telle sorte que l'empathie du lecteur est instantanément acquise. Et cela n'en confère que plus de force au développement – également parfaitement maîtrisé par l'auteur – de ces itinéraires personnels, qui comme on s'en doute vont peu à peu converger vers un final particulièrement noir.
     Exodes a ainsi tout pour plaire... sauf que je ne m'attendais pas à lire un post-apocalyptique d'aventures, il est vrai parfaitement maîtrisé, mais j'espérais davantage de consistance d'un point de vue anticipation écologique. Certes, Ligny a soigné la crédibilité scientifique de l'évolution de la planète, mais il se sert de celle-ci essentiellement comme d'un décor, alors que j'aurais aimé plus de développements de ses postulats de base. Cela ne remet bien sûr pas en cause les qualités de ce roman, qui sont nombreuses, mais, en l'état, Exodes me semble manquer d'une réelle dimension prospectiviste qui l'aurait rendu incontournable.

Bruno PARA (lui écrire)
Première parution : 19/11/2012 nooSFere


 
     Jean-Marc Ligny, après son formidable AquaTM, où il raconte, la lutte d'un peuple pour conserver l'usage de son eau, contre des rapaces financiers, continue d'explorer notre probable futur. Avec Exodes il sillonne une Terre devenue quasiment invivable en raison du réchauffement climatique. Pour en explorer les principales conséquences, il propose de suivre les tribulations de six terriens dans l'enfer qu'est devenue la planète.

     Il place son histoire en 2100 et ouvre son roman sur Pradeesh Gorayan. Celui-ci vit, avec son épouse et sa fille, dans une enclave de nantis, une bulle étanche construite au bord du lac Léman. Il est généticien et doit trouver le secret pour allonger la vie humaine de ceux qui sont protégés.
     Après un périlleux périple sur les routes d'Italie, Paula Rossi arrive en vue de Naples. Elle cherche le médecin qui, selon certains dires, sera capable de soigner son plus jeune fils.
     Mélanie Lemoine vit dans une ferme des Monts du Forez, à l'écart du bourg. Celui-ci est barricadé pour lutter contre les bandes de pillards qui veulent s'approprier le peu qui reste ou détruire. Elle recueille les derniers animaux, les soigne et les protège.
     Fernando, le jour de ses dix-huit ans, a quitté le domicile familial de Séville. Il rêve de faste et d'opulence et pense les trouver au nord, avec, en plus, les bras de belles Suédoises ou Norvégiennes.
     Mercèdes Sanchez, dont le mari est une épave alcoolique, s'est réfugiée dans la religion. Elle fréquente la congrégation Los Ninos del Paraiso, sous la houlette du padre Garcia. Elle est bien démoralisée par le départ de Fernando. Aussi, quand la padre lui propose de l'accompagner dans l'enclave du Vatican, où il doit se rendre...
     Olaf Ericksen est pêcheur dans les îles Lafoten, mais la mer est de plus en plus vide de poissons. Il est confronté aux Réco, les réfugiés climatiques, qui ont trouvé là le bout du chemin. Il pense que le salut est au sud.
     Tous s'engagent dans un exode personnel et leurs chemins vont se rejoindre pour... le pire.

     En choisissant avec soin ses personnages principaux, en les confrontant à de nombreuses éventualités de dérives, tant humaines, sociétales que physiques l'auteur met en scène tout un éventail de situations éloquentes et plausibles. À partir de ces diverses orientations, depuis celle des nantis, prisonniers volontaires (Mais, n'est-ce pas déjà le cas, confinés dans leur enclave ?) qui crèvent de peur et d'ennui, jusqu'aux plus déshérités pour qui, chaque instant est une lutte pour la vie, il dresse un état de l'Europe. Il décrit les différentes évolutions des hommes, leurs adaptations face aux mutations entrainées par les changements des conditions de vie. Il pose un regard lucide et perspicace sur les mutations de la société humaine quand la mince couche de vernis, ses règles, ses institutions qui tentent de les faire respecter, volent en éclats. Il montre la déchéance de l'humanité, entre ceux qui cherchent à détruire et ceux qui cherchent à survivre à n'importe quel prix.
     Jean-Marc Ligny retrace, avec justesse, l'escalade des violences, le rejet de l'autre, les représailles, le repliement sur soi-même, les façons de protéger les maigres ressources qui subsistent. Il raconte la déliquescence des communautés, l'émergence des petits caïds, des roitelets ivres de pouvoir, qui réinstallent par la terreur, la force, des régimes dictatoriaux pires que les plus célèbres.

     L'auteur, dans son livre donne une image éloquente de la situation qu'il imagine quand il compare l'humanité à des fourmis sur un bâton en feu. Il n'y a nulle part où aller lorsque l'ensemble de la planète brûle. Avec Exodes, l'auteur prouve le côté vain de ces parcours, la fuite dérisoire vers d'autres lieux tout aussi ravagés. Mais, il ne tire pas de leçons, ne donne pas de morale, il explicite, avec crédibilité, des possibilités. La solution se déduit d'elle-même : éviter de mettre la planète, et donc l'humanité, dans cette position cataclysmique. Mais, n'est-ce pas utopique de penser à un salut raisonné de l'Homme quand le seul credo des véritables dirigeants est le profit à court terme, le gain immédiat sans soucis des conséquences, sans compassion pour le reste de l'humanité ?

     Si l'auteur développe un volet humain important, il ne néglige pas le côté économique des situations qu'il crée, montrant comment les survivants adaptent des schémas pour gérer la pénurie.

     Cependant, l'auteur n'exclut pas l'espoir, ce sentiment profondément enraciné chez l'humain. Il montre sa capacité à s'adapter aux pires conditions pour : « ...survivre encore un jour, une heure, éperdument. » Si l'auteur sème allègrement la mort tout au long de son récit, il ne met pas en scène de suicide.

     Exodes est un livre « coup de poing », noir, désespérant. C'est un roman magnifique par ces personnages crédibles dans leur quête absurde, touchants, éminemment humains auxquels on s'attache naturellement.

Serge PERRAUD
Première parution : 23/10/2012 nooSFere


 
     Les fins du monde sont rarement gaies. Avec Jean-Marc Ligny, elles s'avèrent paradoxalement belles, à l'image de l'illustration de couverture très graphique de Teraf, fait suffisamment rare chez l'Atalante pour qu'on le signale.
     Le lecteur avide de questions environnementales et géopolitiques se souvient sans doute de AquaTM. Le roman anticipait les plus que probables conflits de l'eau, se contentant, comme toute bonne SF, de pousser l'extrapolation jusque dans ses ultimes retranchements. Avec Exodes, l'auteur français nous projette en Europe, quelque part entre la fin du XXIe et le début du XXIIe siècle. Une projection dont on a pu découvrir un aperçu avec la nouvelle « Le Porteur d'eau » au sommaire du n° 56 de Bifrost. A cette époque, l'emballement du réchauffement climatique a fini par faire passer les pires prévisions du GIEC pour une aimable bluette. Les mesurettes préconisées par le développement durable apparaissent désormais comme l'ultime blague d'une économie productiviste ne voulant surtout rien changer à sa manière de faire. Le dernier pied de nez d'une société de consommation ne désirant rien bouleverser dans sa façon de vivre. On suit ainsi les itinéraires de six groupes à travers une Europe en proie au chaos, au struggle for life et à la barbarie. Des trajectoires jalonnées d'épreuves, de moments de répit, parfois d'espoir, mais qui s'achèvent surtout sur une voie sans issue.
     Mélanie, l'amie des animaux, cherchant à faire le bien autour d'elle pour en récolter les bienfaits. Fernando, jeune homme parti autant à l'aventure que pour fuir une mère dévote, persuadée que les anges descendront bientôt du ciel dans leurs OVNI pour sauver les élus de l'enfer terrestre où croupit l'humanité. Elle prendra la route à la suite de son fils pour répondre à des visions. Paula, prête à tout pour protéger ses deux enfants. Olaf et sa femme, couple des Lofoten à la recherche d'un refuge, loin de la folie des hommes. Pradesh Gorayan, chercheur en génétique condamné à trouver le secret de l'immortalité s'il souhaite continuer à vivre en toute quiétude dans l'enclave climatisée et surprotégée de Davos. Tous se démènent pour survivre dans un monde où dieux et maîtres imposent leur férule sur des existences précaires.
     Le récit de ces destins nous dévoile un vieux continent arrivé en bout de course. Squelettes urbains hantés par les Mange-morts, spectres décharnés, humains déchus retournés à l'état de bêtes dévorant les cadavres. Terres incultes polluées par les effluents toxiques et les remontées d'eau salée. Ecosystème à l'agonie, déjà colonisé par les successeurs de l'homme : fourmis, scorpions, plantes mutantes, méduses gorgées d'acide, moustiques porteurs de maladies tropicales... Routes à la chaussée tavelée par le soleil parcourues par des véhicules bricolés à la Mad Max. Villages retranchés où prévaut la loi du chacun pour soi. Et la menace constante des Boutefeux, hordes anarchiques vouées à la destruction, à l'annihilation et à l'extermination, histoire de purger la Terre de l'humanité, ce virus qui la ronge jusqu'à l'os.
     Dans ce monde, seules quelques enclaves brillent encore des derniers éclats de la civilisation. Des havres de paix et de science ? Plutôt des mouroirs pour une classe de nantis, fins de race avides de découvrir le secret de l'immortalité afin de perpétuer leur pouvoir le plus longtemps possible sans se soucier du futur.
     Roman noir de l'avenir, la dystopie de Jean-Marc Ligny secoue les certitudes. Si le réchauffement climatique et l'effondrement sociétal en résultant constituent l'arrière-plan d'Exodes, l'homme apparaît comme le cœur du propos de l'auteur. A la fois lyrique, sarcastique et cruel, Ligny ne ménage pas ses effets pour rendre son roman d'une lucidité douloureuse. Il se focalise sur l'humain, le dépouillant de son vernis d'être civilisé. Au rencart la compassion, la solidarité et la générosité. Que reste-t-il ? Un animal dont l'unique souci semble être d'arracher un jour de vie supplémentaire, quitte à le prendre à autrui. On reste pétrifié par ce comportement, hélas très vraisemblable.
     Après AquaTM, Jean-Marc Ligny signe à nouveau un roman coup de poing. De ceux parlant autant à la tête qu'aux tripes. Une lecture plus que recommandable, pour ne pas dire indispensable !

Laurent LELEU
Première parution : 1/10/2012 dans Bifrost 68
Mise en ligne le : 9/4/2016

Prix obtenus


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