Trois hommes se réveillent dans les débris d'un chariot pénitentiaire accidenté en pleine montagne. Aucun d'eux n'a le moindre souvenir de son nom, de son passé, de la raison pour laquelle il se trouve là, en haillons, dans un pays inconnu. Sur leurs traces, une horde de guerriers venus de l'autre bout du monde, mettra le royaume à feu et à sang pour les retrouver.
Fugitifs, mis à prix, jmpitoyablement traqués raison mystérieuse, ils vont devoir survivre dans un monde où, régnent la violence, les complots et la magie noire.
Critiques
(Critiques des tomes 1 et 2)
Il est plutôt difficile de faire preuve d’originalité dans la fantasy d’aujourd’hui. C’est pourtant ce que réussit Gabriel Katz avec « Le Puits des Mémoires » dont deux tomes sont déjà sortis chez Scrinéo. Avec le premier, « La Traque », trois hommes s’extraient non sans peine des débris d’un chariot où ils étaient enfermés au secret dans des compartiments individuels. Ils ne savent pas qui ils sont ni pourquoi ils étaient emprisonnés : mais il leur reste les automatismes de la vie, le langage, des connaissances profondes qui refont surface comme manier des armes, soigner des chevaux, faire de la magie ou baratiner le chaland... Réussissant à se défendre contre une attaque de soldats juste après l’accident — qui sont-ils et pourquoi veulent-ils les capturer ? — , tous trois vont se donner des noms — Nils, Karib et Olen — puis nouer une alliance afin de survivre. Ils vont découvrir qu’ils sont dans le minuscule royaume d’Hélion, en émoi car le roi de Woltan, le plus puissant de tous les royaumes, a été assassiné et la description de ses meurtriers coïncide curieusement avec celle de nos trois fugitifs. Et c’est là tout l’art de Gabriel Katz : cette quête de l’identité perdue se révèle absolument passionnante car nos trois héros se découvrent peu à peu en faisant un petit métier après l’autre pour gagner un peu d’argent, se cacher et mener leur propre enquête. Olen se retrouvera par exemple vendre des navets au marché de Dreda et Karib sera débardeur avant de s’engager tous trois dans une bande de mercenaires à leur propre recherche ! Car pourquoi les Woltaniens offrent-ils une récompense colossale pour leur capture, attirant ainsi à Hélion tous les chasseurs de primes du monde connu ? Et pourquoi le Fils de la Lune ravage-t-il et massacre-t-il, avec ses cavaliers de cristal, les campagnes d’Hélion, accompagné d’un molosse démoniaque que même ses mages ont du mal à contrôler ? Petit à petit se mettent en place un certain nombre d’intrigues croisées où chacun essaye de tirer son épingle du jeu, entre mages et militaires, courtisanes arrivistes et roi incompétent, politiques divers et fonctionnaires, face aux Woltaniens enragés. Après avoir mis en évidence un certain nombre d’incohérences dans l’histoire officielle de l’assassinat qu’ils auraient perpétré, le tome se termine sur l’embarquement de Nils, Karib et Olen pour les rivages de Woltan afin d’en savoir plus.
Cela nous amène au tome 2, « Le Fils de la Lune », où nos trois héros vont aller de surprise en surprise dès leur débarquement. Je ne vous en dirais pas plus afin de ménager les rebondissements nombreux : Gabriel Katz utilise avec brio tous les ressorts du roman populaire traditionnel — traîtres, comploteurs, amour perdu, assassins, héros disparu mystérieusement et retrouvé tout aussi mystérieusement aux yeux du peuple — en 400 pages pleines d’humour — l’origine du nom de Karib est à la fois drôle et fort bien trouvé psychologiquement parlant — et d’action. Nos héros vont découvrir qui ils sont vraiment — très beau retournement de situation qui m’a pris totalement par surprise, vraiment excellent ! — , découvrir comment ils ont perdu la mémoire — ils ont été soumis à un enchantement rare et difficile, le Puits des Mémoires — mais qui l’ a fait, sur l’ordre de qui et pourquoi reste une énigme. Tout cela en n’ayant toujours aucun souvenir de leurs vies antérieures ! Je me suis retrouvé fasciné par ce jeu de faux semblants et par cette quête du moi perdu qui débouche sur un complot colossal et mystérieux, par la pléthore de personnages mis en scène par l’auteur dont aucun n’est véritablement secondaire car même le plus humble a un rôle à jouer déterminant pour la suite des événements.
A la fois roman de bonne fantasy, avec ce qu’il faut de mages et de créatures surnaturelles mais pas trop, et polar psychologique, voilà déjà deux tiers de cette trilogie qui sont très réussis ! J’attends maintenant avec impatience la conclusion dans le tome 3 à paraître, « Les Terres de Cristal », car Gabriel Katz, en bon feuilletoniste, termine son récit sur une révélation — la toute dernière ligne ! — qui rend le suspense insoutenable.
Jean-Luc RIVERA Critique déjà parue sur ce site Parution sur nooSFere : 1/11/2012 ActuSF Mise en ligne le : 27/1/2013