Stanislas LEM Titre original : Niezwyciezony, 1964 Première parution : Pologne, Varsovie : MON (éditions du Ministère de la Défense Nationale), 1964ISFDB Traduction de Anna POSNER Illustration de Wojtek SIUDMAK
POCKET
(Paris, France), coll. Science-Fiction / Fantasy n° 5010 Dépôt légal : 3ème trimestre 1977, Achevé d'imprimer : 12 décembre 1980 Retirage Roman, 224 pages, catégorie / prix : 2 ISBN : 2-266-00438-7 Format : 10,8 x 17,8 cm✅ Genre : Science-Fiction
L'invincible, croiseur de seconde classe, la plus forte unité de toute la constellation de la Lyre, recelait dans ses flancs une puissance redoutable. Il pouvait raser une chaîne de montagnes ou porter à ébullition un océan de bonne taille. Sillonnant le vide, ou même posé à la surface d'une planète, l'Invincible constituait une forteresse imprenable.
Sur Régis III, l'Invincible n'avait donc rien à redouter. D'autant que les sols émergés paraissaient vierges de toute vie. Mais alors, pourquoi le Condor, vaisseau de la même classe que l'Invincible, et équipé du même armement, n'est-il jamais revenu de la mission qui l'a conduit sur Régis III ?
Existe-t-il des forces plus redoutables encore que celles de la vie ?
Stanislas LEM est né le 12 septembre 1921 à Lemberg, en Pologne. Il a commencé sa médecine avant la guerre, puis a exercé la profession de mécanicien, et n'a pu achever ses études qu'après la fin des hostilités. Il n'est d'ailleurs demeuré médecin que peu d'années et se consacre aujourd'hui entièrement à sa carrière littéraire. A côté de ses nombreux romans et nouvelles de science-fiction, il a publié des ouvrages de prospective et des essais philosophiques où il tente d'établir les relations entre éthique et technologie.
Critiques
Le croiseur Condor a brusquement cessé de donner signe de vie alors qu’il était en mission sur Régis III, et ce malgré le fait qu’il est équipé de champs de force infranchissables et d’un armement suffisant pour raser des montagnes ou assécher un océan. Un vaisseau du même type, l’Invincible, arrive sur place pour enquêter. Il découvre un monde étrange, où la vie existe dans les océans mais est totalement absente sur les continents – des déserts stériles que parsèment d’étranges ruines formées d’entrelacs de câbles noirs. Le Condor est presque intact, mais tout son équipage est mort mystérieusement, à l’exception d’un homme plongé en hibernation dont, une fois éveillé, on s’aperçoit que ses centres cérébraux de la parole sont effacés. C’est alors qu’un étrange nuage de « mouches » noires va se mettre en branle…
Rédigé en 1962-63, L’Invincible est une application très précoce d’une thématique / technologie SF dont il n’existe que trois ancêtres antérieurs (dont un également rédigé par Lem – dans Eden) et qui ne deviendra courante dans le genre que plusieurs décennies plus tard. Sur ce point et sur d’autres, c’est un roman de hard SF tout à fait remarquable, du Peter Watts bien avant l’heure, montrant que ce n’est pas l’être le plus évolué, le plus conscient ou le plus intelligent qui prend l’avantage sur ses concurrents… bien au contraire. Mais ce roman est aussi un anti-space opera, montrant que la prétendue toute puissante technologie humaine ne peut pas tout résoudre et que notre espèce n’est peut-être pas destinée à occuper ou transformer chaque monde, ni à détruire toute espèce qui menace un homme. L’Invincible ressemble à Solaris dans la futilité des tentatives de communication avec l’Autre, mais s’en démarque dans le fait que si la planète Solaris est le triomphe de l’évolution d’une biosphère, qui finit par être intelligente à l’échelle d’un monde entier, la Nécrosphère de Régis III relève de principes opposés.
Sur le papier, voilà a priori un roman de SF de tout premier plan. Las, si le fond est suprêmement intéressant, surtout pour un texte aussi ancien, la forme ne suit pas du tout. La narration est très froide, tenant presque plus du rapport que d’un récit vivant, et les personnages sont des spectres sans âme ou presque. De plus, une fois l’explication sur la nature et les origines de la Nécrosphère donnée, le reste du livre n’a plus guère d’utilité, et on pourrait en arrêter la lecture sans rien manquer d’essentiel. On ajoutera que le propos (la traduction ?) fait vieillot, avec ses moteurs atomiques, ses robots très pulps et ses rayons d’antimatière de la mort-qui-tue (même si ces derniers catalysent une scène de combat ultra-spectaculaire). On conseillera donc plus sa lecture à l’historien de la (hard) SF qu’au lecteur moyen.