Certains écrivains français ou étrangers, d'hier et d'aujourd'hui, se sont révélés, plus que tous les autres, parfaitement maîtres du roman cynique et du conte cruel : D'une plume trempée dans le vitriol et le sang, ils ont, de Sacher-Masoch à Ambrose Bierce, de Léon Bloy à José-André Lacour, donné à la littérature sa vérité nocturne... Cette collection va les redécouvrir.

     Quatre histoires ambiguës, équivoques, qui servent de support à des plongées dans l'inconscient des protagonistes où gisent des impulsions de meurtre et d'érotisme, des sentiments troubles aussi inavoués qu'inavouables. Mais si les héros de ces nouvelles obéissent, parfois sans s'en rendre compte eux-mêmes, à leurs mobiles secrets, les instincts qui les poussent n'existent-ils pas en chacun de nous ? Le réseau complexe du récit enveloppe le lecteur, le ligote comme un rêve où s'ouvriraient les portes de ses propres tréfonds et, troublé, gêné, entraîné malgré lui dans le drcuit, il se reconnaît avec une fascination admirative.

     José-André Lacour a passé sa jeunesse en Belgique avant de s'installer à Paris à la Libération. En 1949, la parution de Châtiment des victimes déchaîne les passions. Le roman — « où, dit Lacour, les héros résistants n'étaient pas tout à fait des héros et les salauds pas si salauds que cela » — est pressenti pour le Prix Femina, mais l'audace du propos soulève l'indignation et Lacour n'aura pas le Prix. Après ce livre, José-André Lacour publiera de nombreux romans et sa pièce L'année du bac est jouée 1200 fois, traduite en douze langues et adaptée au cinéma. Parmi les romans les plus connus de ses débuts : La mort en ce jardin que Luis Bunuel porte à l'écran. Suivent près de dix ans de silence (pendant lesquels il écrira, sous le nom de Benoît Becker, nombre des romans de la collection « Angoisse » aux Editions Fleuve Noir, en traduira d'autres pour la même collection ainsi que, pour Robert Laffont, Roderick Random de Tobias G. Smollett que nous avons récemment réédité dans notre collection « L'internationale ») jusqu'en 1978 où il publie à la Table Ronde l'admirable Opéra con/uga/, suivi, cette année, d'un autre fabuleux roman Le rire de Caïn par lequel la critique et le public redécouvrent ce qu'ils n'auraient jamais dû perdre de vue : qu'il est un des premiers écrivains de sa génération. Vous m'inquiétez. Lord Scones ! a paru pour la première fois en 1966 aux Editions Julliard. Sans être passées inaperçues ces quatre nouvelles baroques n'avaient pas eu le destin qu'elles méritent. Souhaitons qu'aujourd'hui, grâce à leur reparution dans cette collection, elles soient redécouvertes par le plus grand nombre.