Stockholm, 13 août 2002... un orage électrique terrasse les vivants... et fait se lever les morts.
Tous ceux qui ont disparu depuis deux mois reviennent à la vie. Dans quel état ? Dans quel but ?
Au coeur de toutes les familles, l'espoir et l'horreur se mêlent bientôt. Inextricablement.
Avec un réalisme sidérant et la sensibilité unique qui est sa marque, John Ajvide Lindqvist réinvente le roman de morts-vivants comme il l'avait fait pour le thème du vampire avec Laisse-moi entrer, adapté par deux fois au cinéma.
« Poétique, subtil et obsédant. Un conte glaçant comme vous n'en verrez pas avant longtemps. »
Guillermo Del Toro
« Mordez suédois ! »
L'Express
« Admirable, tout en délicatesse même dans les pages les plus gore. »
L'Écran fantastique
« Une merveille de subversion, glaçant d'efficacité. »
Studio
« Le parfum d'un nouveau Stephen King... à la fois terrifiant et déchirant. À ne surtout pas manquer. »
The Times
« L'horreur à la sauce viking... pure et mortifère. »
Technikart
« Un des meilleurs écrivains de fantastique depuis longtemps. »
Chronic'art
Critiques
En mars 2010, les éditions Télémaque publiaient Laisse-moi entrer, roman de John Ajvide Lindqvist (sorti en VO en 2004), quarantenaire suédois, prestidigitateur et comédien de stand-up de son état. Si notre homme signait là une histoire vampirique qui ne révolutionna pas le genre, ce premier roman, appelé à rencontrer un succès commercial important (en Suède d'abord, mais pas que), n'en reste pas moins un excellent exemple de la capacité à se régénérer de l'un des thèmes les plus rebattus des littératures fantastiques. Un livre dur et poignant, intimiste, qui connut deux adaptations cinématographiques : l'une, remarquable, sous le tire Morse, par Tomas Alfredson (film suédois de 2008) ; l'autre, plus dispensable et inutile — sans pour autant s'avérer scandaleuse — sous le titre éponyme au roman par le réalisateur Matt Reeves (film américain de 2010). Autant dire que notre ami John Ajvide Lindqvist abandonna bien vite ses activités de bateleur pour se consacrer à l'écriture...
Ainsi, après s'être attaqué aux vampires dans son premier livre, Lindqvist signe en 2005 le présent Retour des morts, roman qui, on l'aura compris, s'intéresse cette fois aux morts vivants (les « revivants », dans le récit), et arrive traduit chez nous sept ans après sa parution suédeoise.
A l'instar de Laisse-moi entrer, Le Retour des morts n'a rien d'un livre à grand spectacle nourri d'effets pyrotechniques rythmés, et le seul rapport qu'on pourrait ici faire avec le « pan Roméro » de la production zombiesque se limite au clin d'œil du titre français. De fait, très inscrit dans le tissu social du Stockholm moderne, Le Retour des morts tient davantage de la satire socioculturelle que de Walking Dead.
Stockholm, donc, août 2002. La canicule écrase le royaume suédois. La canicule, et une migraine tenace qui broie les méninges des habitants de la capitale, migraine qui culmine bientôt en un paroxysme de douleur intenable alors que tous les appareils électriques refusent systématiquement de s'éteindre, voire même de se laisser débrancher... Puis soudain tout s'arrête, céphalées et perturbations électriques. Le calme revient. La météo annonce l'arrivée d'un front pluvieux : retour à la normale. Sauf que — bien sûr — bientôt, les morts reviennent à la vie. Pas tous. Ceux des deux derniers mois. Soit deux mille individus environ circonscrits à Stockholm — le reste du pays, comme du monde, semble épargné par le phénomène sans qu'on sache pourquoi. Pas belliqueux pour deux sous, plutôt du genre légume recuit pour l'essentiel, ces deux mille individus n'en posent pas moins un sacré problème aux autorités, sans même parler des proches des « revivants »... Ainsi suivra-t-on la gestion des événements, gestion politique mais surtout humaine et affective, à travers le point de vue alterné de divers personnages et familles directement touchées par l'événement, le tout lardé d'articles de presses, de reportages, d'extraits de conversations « secret défense » des autorités...
Avant d'être un roman de genre, et dans la droite ligne de Laisse-moi entrer, Le Retour des mortsest un roman tout court, un récit où l'élément fantastique, quoique moteur, s'avère surtout prétexte à disséquer les personnages et la société dans laquelle ils évoluent, le tout sans complaisance, mais avec une sensibilité extrême et une justesse non exempte de poésie — avec un accessit spécial au personnage de Flora, adolescente punkette particulièrement bien vue... Un livre doté d'une réelle dimension politique, en somme, empreint d'une grande justesse dans la préhension des rapports humains, d'où un sentiment d'empathie avec les personnages quasi immédiat. Un livre sur l'incommunicabilité, le rapport à l'autre et à la différence (là encore, à l'instar de Laisse-moi entrer), la perte, le manque. Un livre brillant de quelques pépites poétiques, on l'a dit, et emmaillés de vrais morceaux d'horreur. Mais un livre un peu long tout de même, voire ça et là presque chiant, oui, tant l'arc narratif peine à rester tendu tout du long une fois intégré que l'enjeu fantastique n'en est pas un (ou si peu), et se cantonne définitivement au rôle de moyen plutôt que de fin. Bref, un beau livre, mais un livre un tantinet bancal, trop long, qui échoue à pleinement revisiter un genre faute de s'y colleter réellement en continu.
Si Lindqvist avait frappé fort avec Laisse-moi entrer, son second roman confirme un vrai talent littéraire sans tout à fait l'asseoir. Gageons que le recueil et les autres romans qu'il a depuis publiés l'ont fait sans défaut, en espérant les voir un jour traduits par chez nous, tant il ne fait aucun doute que nous voici en présence d'un auteur remarqué car remarquable.
ORG Première parution : 1/10/2012 dans Bifrost 68 Mise en ligne le : 9/4/2016
Je pense que peu de ses lecteurs, moi compris, ont oublié l’étonnant roman de vampires qu’était « Laisse-moi entrer » de l’auteur suédois John Ajvide Lindqvist. Dans son nouveau roman publié en français, « Le retour des morts » (Editions Télémaque), il s’intéresse, comme le titre l’indique, aux morts-vivants.
Le roman débute avec l’atmosphère électrique, au sens propre du mot, qui accable la capitale suédoise la nuit du 13 août ; et, à 22h49, la tempête atteint son point culminant avant de disparaitre. Or, par un phénomène qui restera plus ou moins inexpliqué, les morts de la région reviennent à une sorte de vie, mais uniquement ceux des deux derniers mois !
A travers les vies bouleversées de trois familles prises en exemple — David Zetterberg et son fils Magnus, dont l’épouse et mère meurt dans un accident de voiture juste avant le « retour » des morts, Gustav Mahler, journaliste, et sa fille, qui ont perdu leur petit-fils, Elvy et sa petite-fille Flora dont le mari et grand-père vient de disparaitre — Lindqvist analyse de manière froide et presque clinique la manière dont la société va vivre un tel bouleversement. C’est cela qui fait toute la force et l’intérêt de ce roman : comment les « revivants », comme on les appelle, qui n’ont ni conscience de ce qu’ils sont ni message particulier à transmettre — ils sont en fait des sortes de corps animés d’une vague vie végétative — vont-ils impacter la société en général et modifier la vie des vivants, d’autant plus que le phénomène est circonscrit à deux mille personnes dans la région de Stockholm ? Quelles seraient nos réactions individuelles, gouvernementales, religieuses, face à cela, un évènement remettant en cause a priori toutes nos convictions ? Ce sont ces réponses que nous apporte Lindqvist en utilisant les trois familles représentatives citées plus haut, représentant les diverses attitudes possibles. Le plus intéressant est sans doute le cas d’Elvy qui a un « don » parapsychologique la rendant encore plus réceptive que les autres aux « émissions » mentales qui semblent se dégager des « revivants ». J’avoue m’être passionné pour cette analyse de notre société à laquelle se livre l’auteur, son écriture très factuelle la rendant encore plus effective. La fin du roman est à la fois surprenante et peut-être un peu conventionnelle mais nous laisse face à nos interrogations et à nos doutes, ce qui est le but. Un roman fascinant qui, comme pour les vampires, permet à l’auteur de se démarquer totalement de la littérature de zombies actuelle. A découvrir de toute urgence !
Jean-Luc RIVERA Critique déjà parue sur ce site Parution sur nooSFere : 1/7/2012 ActuSF Mise en ligne le : 27/1/2013