Serge, Thibaut et Xolotl font la connaissance du professeur Auvernaux. Celui-ci a mis au point un appareil permettant de voyager dans le temps, suite aux découvertes accidentelles faites par son ami le professeur Lorenzo dans L'éclair qui effaçait tout. Habillés d'une ceinture d'autinios, un métal aux fantastiques propriétés, puis soumis à un champ magnétique intense, les trois garçons vont pouvoir repartir dans le passé... Mais cette fois avec une mission précise : en pleine Révolution Française, ils désirent faire évader le dauphin de sa prison du Temple, afin de permettre au jeune prince de mener une vie normale...
Cela peut sembler une drôle d'idée que de risquer sa vie pour aller sauver un fils de roi mort depuis si longtemps. Mais Ebly parvient à la rendre crédible en faisant du commanditaire de cette expédition une riche baronne férue d'Histoire, probablement obsédée par le sort de cet enfant-roi encore innocent et pourtant châtié comme un coupable.
En revanche, une fois de plus, l'auteur ne s'attarde pas sur la possibilité d'un paradoxe temporel. Les trois jeunes gens s'interrogent bien sur leur droit à modifier l'Histoire, mais pas sur les conséquences éventuelles de ces modifications, qui pourraient pourtant inclure leur propre disparition.
Peu importe, le voyage dans le temps n'est chez Ebly qu'un prétexte pour écrire un remarquable roman d'aventures historiques, aussi captivant qu'un roman d'Alexandre Dumas. Ainsi, à partir d'une anecdote qui ne doit occuper qu'une ligne dans nos manuels scolaires, Ebly fait revivre sous nos yeux le Paris de 1793 et de la Terreur. Comme toujours, il évite toute mièvrerie ainsi que les simplifications abusives : le dauphin de France est un véritable symbole et, même s'il n'est encore qu'un jeune enfant, sa libération peut mettre en péril la Révolution. Si les conquérants de l'impossible semblent se ranger du côté des aristocrates en préparant cette évasion, ils comprennent parfaitement la misère et la colère du peuple de Paris, ainsi que son désir de laisser celui que l'on nomme le « louveteau » croupir en prison.
Ebly est décidément un excellent conteur. Non seulement l'époque est décrite avec intelligence et réalisme, mais en plus la préparation de l'évasion maintient un suspense qui tient le lecteur en haleine jusqu'à la dernière ligne.
Comme L'éclair qui effaçait tout — qui se déroulait dans la Rome antique — L'évadé de l'An II peut réconcilier les amateurs de science-fiction et les partisans de romans solidement ancrés dans la réalité historique. Tout le monde y trouvera son compte, ainsi qu'un vrai plaisir de lecture.