MALPERTUIS
(Noisy le Sec, France), coll. Brouillards n° 24 Dépôt légal : février 2013 Première édition Anthologie, 346 pages, catégorie / prix : 16 € ISBN : 978-2-917035-28-3 Format : 15,6 x 23,4 cm Genre : Fantastique
Quatrième de couverture
Et si un simple baladeur pouvait déterminer l’avenir ? Pourquoi un homme se passionnerait-il pour un couple de siamois somnambules et télépathes ? Des accros au fast-food peuvent-ils créer à leur insu une nouvelle forme de magie ? Les bonnes actions guérissent-elles le cancer ?
Tous les magiciens ne portent pas des chapeaux pointus, certaines sorcières se passent aisément de baguette ou de balai. Ils sont parmi nous, et les courants de magie serpentent dans les endroits les plus banals, s’invitent dans les objets de tous les jours et peuvent même sillonner l’espace intersidéral. Vingt-quatre auteurs ont relevé le défi et vous invitent à les rencontrer. Ils ont promis-juré de ne pas changer un seul lecteur en crapaud.
1 - Thomas BAUDURET & Christophe THILL, Préface, pages 1 à 2, préface 2 - Lucie CHENU, L'Eau pure, pages 3 à 12, nouvelle 3 - Claude MAMIER, Bataille, pages 13 à 20, nouvelle 4 - Jean-François SEIGNOL, La Nuit où tu m'aimeras, pages 21 à 40, nouvelle 5 - Robert DARVEL, Amour, siamois et sorcellerie, pages 41 à 50, nouvelle 6 - Bénédicte COUDIÈRE, Le Chant du cygne, pages 51 à 54, nouvelle 7 - Julien HEYLBROECK, Magic Best-Of, pages 55 à 72, nouvelle 8 - Laurent FÉTIS, Les Filles de la doublure intérieure, pages 73 à 84, nouvelle 9 - Jacques FUENTEALBA, Deuil, pages 85 à 98, nouvelle 10 - Anthelme HAUCHECORNE, Le Butô atomique, pages 99 à 116, nouvelle 11 - Ketty STEWARD, Sanguine, pages 117 à 124, nouvelle 12 - Laurent MANTESE, Le Sorcier de Brassac, pages 125 à 126, nouvelle 13 - Simon SANAHUJAS, Le Marchand de réalités, pages 167 à 182, nouvelle 14 - Christian PERROT, Démon encombrant, pages 183 à 186, nouvelle 15 - Jan THIRION, Scribe du réel, pages 187 à 194, nouvelle 16 - Romain D'HUISSIER, Hong Kong by Night - Vengeance pour un dragon, pages 195 à 216, nouvelle 17 - Franck FERRIC, Simulacres, pages 217 à 224, nouvelle 18 - Léo HENRY, Tordre le cou à la pensée magique, pages 225 à 236, nouvelle 19 - Bernard LEONETTI, La Neige noire, pages 237 à 250, nouvelle 20 - Nico BALLY, La Disparition totale, pages 251 à 262, nouvelle 21 - Olivier CARUSO, Tournesol, pages 263 à 270, nouvelle 22 - Julie CONSEIL, L'Oiseau bleu-noir, pages 271 à 282, nouvelle 23 - SYLAS, Rêve de magie, pages 283 à 292, nouvelle 24 - Emmanuelle CART-TANNEUR, La Disparition, pages 293 à 302, nouvelle 25 - Karim BERROUKA, Vaisseau d'espoir, comment es-tu devenu un vaisseau de douleur ?, pages 303 à 330, nouvelle 26 - (non mentionné), Biographie des auteurs, pages 331 à 336, dictionnaire d'auteurs
Critiques
Après les éditions Griffe d'Encre l'an dernier et la très réussie Destination univers (cf. critique d'Hervé Le Roux dans le Bifrost n°66), c'est au tour des éditions Malpertuis de publier l'anthologie officielle du festival Zone Franche, qui s'est tenu en février dernier à Bagneux. Première différence de taille : là où Jeanne-A. Debats et Jean-Claude Dunyach avaient opté pour une sélection resserrée (huit textes, dont une moitié signée par de jeunes auteurs), Thomas Bauduret et Christophe Thill ont au contraire fait le choix de l'opulence, et L'Amicale des jeteurs de sorts affiche pas moins de vingt-quatre nouvelles à son sommaire.
La plupart de ces textes mettent donc en scène sorciers, magiciens et autres jeteurs de sorts, avec la volonté affichée en préface d'éviter les stéréotypes généralement liés à ce type de personnages et de récits. De ce point de vue, le choix d'ouvrir l'anthologie avec « L'Eau pure » de Lucie Chenu est à peu près le pire possible. Non que la nouvelle en question soit mauvaise, mais il s'agit d'une sorte de conte moral à l'ancienne, tout à fait désuet, tant sur le fond que sur la forme.
De manière générale, les nouvelles au sommaire de cette anthologie sortent assez peu des sentiers battus. Dans le meilleur des cas, leurs auteurs revisitent quelque conte célèbre (l'histoire du Petit Chaperon Rouge revue et corrigée par Ketty Steward) ou prolongent quelque œuvre fameuse (Claude Mamier jouant avec les personnages du Songe d'une nuit d'été de Shakespeare). Trop souvent, ils ne font qu'enfiler les perles et alimentent à grands coups de clichés des récits d'une vacuité absolue, ou signent des nouvelles à chute qui pouvaient faire sourire du temps des pulps mais qui, aujourd'hui, ont pris un méchant coup de vieux.
Et puis, de temps en temps, on a tout de même de belles surprises. C'est « La Nuit où tu m'aimeras » de Jean-François Seignol, où la sorcellerie se danse sur un air de tango ; c'est la magie qui se terre dans un vieux bistrot parisien dans « Les Filles de la doublure intérieure » de Laurent Fétis ; ou encore les oniromanciens de Simon Sanahujas, qui modifient la marche du temps dans « Le Marchand de réalité ».
Quelques rares auteurs font l'effort d'aborder le thème de manière plus originale. Léo Henry y parvient fort bien avec « Tordre le cou à la pensée magique », où un anodin lecteur mp3 se transforme soudain en oracle musical. A l'inverse, Julien Heylbroeck signe la pire nouvelle du recueil avec « Magic Best-of », en tentant de marier sorcellerie et junk-food. L'idée pouvait être amusante, le résultat est d'un amateurisme absolu. Quant à Romain d'Huissier, on lui accordera volontiers la palme de l'exotisme pour « Hong Kong by Night — Vengeance pour un dragon », une fantaisie urbaine nourrie au cinéma de genre local qui mériterait sa classification en Catégorie III.
Finalement, la meilleure nouvelle de cette anthologie se cache en toute fin de volume et est signée Karim Berrouka. « Vaisseau d'espoir, comment es-tu devenu un vaisseau de douleur ? », nous invite à bord d'un navire spatial où ont pris place quelques milliers de colons en route vers une Terre nouvelle. Sauf que les secrets du voyage supraluminique ne doivent rien à la science... La fin aurait pu être plus cruelle encore, mais le texte en l'état fonctionne fort bien.
On trouvera donc au sommaire de L'Amicale des jeteurs de sorts quelques nouvelles de qualité, un peu perdues au milieu d'une majorité de récits médiocres. Décidément, un élagage un peu plus sévère aurait fait le plus grand bien à cette anthologie.