Inédit. Première parution en 2013 (non référencée dans nooSFere).
6 - Martin PAGE, Je pleure pour ne plus être malheureuse, pages 87 à 100, nouvelle
Inédit. Première parution en 2013 (non référencée dans nooSFere).
7 - Jean-Michel GUENASSIA, L'Incroyable Histoire de Sigmund F., pages 101 à 113, nouvelle
Inédit. Première parution en 2013 (non référencée dans nooSFere).
8 - Jakuta ALIKAVAZOVIC, Chaque vampire est un groupe, pages 115 à 126, nouvelle
Inédit. Première parution en 2013 (non référencée dans nooSFere).
9 - Joël EGLOFF, La Grande réparation, pages 127 à 142, nouvelle
Inédit. Première parution en 2013 (non référencée dans nooSFere).
Critiques
Bien curieuse anthologie que ce livre, repéré au hasard d'un rayonnage de librairie : titrée « Bienvenue en Transylvanie », publiée de manière incongrue chez Points (maison peu versée dans la littérature vampirique), et arborant fièrement en couverture un crâne argenté. Oui, un crâne. Argenté. Ne me demandez pas pourquoi, je serais bien en peine de vous l'expliquer. Les noms sur la couverture sont assez intrigants : aucun auteur qui nous semble avoir traité jusqu'à présent de cette thématique (même si Martin Page, par exemple, a déjà taté du zombie sous le pseudonyme de Pit Agarmen), on nage donc en pleine tentative de la part d'auteurs mainstream de se confronter aux usages de cette littérature très codifiée. Le livre, une fois ouvert, ne nous donnera aucun élément supplémentaire : aucune mention d'anthologiste, aucune préface qui expliquerait un tant soit peu le propos de l'ouvrage (même si des éléments très succincts nous en sont donnés en quatrième de couverture). On est donc bien obligé de se lancer dans la lecture, non sans avoir noté la relative minceur du livre qui présente néanmoins neuf textes. Aucun ne dépassant vingt pages, il semble fort que la longueur des nouvelles ait été plus ou moins imposée ; dès lors, tenter de « réinventer avec originalité et humour le mythe du vampire en faisant la peau aux clichés du genre » semble une gageure impossible à tenir.
Malheureusement, après lecture, il nous faut bien nous rendre à l'évidence : aucun texte réellement convaincant dans cette anthologie. Certes, il faudrait pour se prononcer plus avant, connaître l’œuvre de chacun des auteurs réunis ici (ce qui n'est clairement pas mon cas), pour voir comment il a pu s'approprier cette figure ultra-populaire. Mais bon, en l'absence de tout paratexte explicatif, la lecture de ces textes devra parler d'elle même.
Si le texte de François Bégaudeau joue au départ joliment sur la retenue de son protagoniste, il est gâché par une fin maladroite et tarabiscotée. Régis de Sa Moreira choisit d'emprunter la forme du dialogue pur ; malgré ce choix original, et un personnage réceptacle assez intéressant, on n'y croit pas une seconde. « Raymond le vampire », de David Foenkinos, s'il nous fait parfois sourire, est une fausse bonne idée de texte à double chute, peu crédible. Thomas B. Reverdy dresse un parallèle entre la figure du vampire et le Londres des années 1970, en plein marasme social ; si l'idée est intéressante, elle pêche par un style un peu trop tape-à-l'oeil et une phrase finale qui fleure trop la citation auteurisante. Le texte de Philippe Jaenada, qui joue sur une perception assez négative du Roumain dans certaines franges de notre société française, aurait pu convaincre sans une fin abrupte qui nous laisse songeur sur la signification réelle de ce texte. La nouvelle de Martin Page vaut essentiellement par sa description d'une jeune femme en perte de repères ; les choses se gâtent lorsqu'elle rencontre une psychologue... Jean-Michel Guenassia nous présente un jeune Sigmund Freud aux prises avec une amie vampire... mais encore une fois, le texte tourne court. Le livre se conclue par deux nouvelles un brin plus convaincantes : Jakuta Alikavazovic mélange habilement drame serbe et vampirisme, alors que Joël Egloff se joue comme Jaenada de l'image véhiculée par les Roumains, mais en adoptant un traitement aux antipodes, un humour noir qui fait mouche.
Au final, sans être réellement désagréable, cette anthologie ne livre aucun texte inoubliable. En outre, à aucun moment elle ne semble se donner les moyens de son ambition, renouveler le mythe vampirique en s'éloignant des clichés du genre. Bien sûr, on croise au final fort peu de vampires à la Dracula, mais on a surtout l'impression que les auteurs, plutôt que tenter de dynamiter quoi que ce soit, sont restés finalement bien sages, et pour certains se sont retrouvés piégés par le format semble-t-il imposé du texte court.