Médecin protestant lyonnais, disciple de la médecine nouvelle d'Ambroise Paré, Philibert Sarrazin se rend à Paris pour participer à une dissection clandestine. Piégé, il se retrouve battu et enlevé par les hommes de main d'un mystérieux gentilhomme de la Cour. Ce proche du roi lui ordonne, parce qu'il est son beau-frère, d'aller espionner Michel de Nostredame, l'illustre Nostradamus. Emporté par un complot qui le dépasse, Philibert se lance sur les traces de l'astrologue, jusqu'à Salon, en Provence, terre de fantasmes et de sorcellerie, à travers la peste et la guerre civile. Là, il touchera du doigt le secret de Nostradamus, le secret de sa science et de ses mystérieux voyages, le secret de la mort de sa première épouse. Autant de révélations surprenantes. Dangereuses.
Deuxième roman de l'auteur, Les jours étranges de Nostradamus se lit comme un thriller et, au gré de son intrigue, éclaire d'une lumière inattendue les zones d'ombre de la vie du plus célèbre astrologue français. Il a reçu le prix Masterton 2012.
Scientifique de formation, passionné d'histoire et de littérature, Jean-Philippe Depotte est né à Lille en 1967. Il a été inventeur « breveté », éditeur de méthodes de langues et directeur de production de jeux vidéo. Il est l'auteur de quatre romans, tous parus aux Éditions Denoël.
Jean-Philippe Depotte, révélation de l’année 2010 avec son premier roman, revient avec un nouveau récit mêlant histoire et fantastique. Les démons de Paris mettait en scène quelques personnages célèbres dans la capitale avant la Première Guerre mondiale ; les Jours étranges de Nostradamus utilise le même procédé, cette fois au cœur du XVIe siècle.
Philibert Sarrazin, médecin lyonnais et protestant intéressé par les nouvelles techniques chirurgicales, tombe dans un piège lors du vol d’un cadavre à fins d’autopsie. Son maître-chanteur lui demande de se rendre à Salon de Provence pour renouer contact avec Michel de Nostredame et l’espionner. Car Philibert a un lien de parenté avec Michel : ils ont épousé deux sœurs une vingtaine d’années auparavant et si Philibert est toujours marié avec l’une, l’autre est décédée aussi rapidement que mystérieusement. Mais lorsque Sarrazin arrive à Salon, la peste ronge la ville que les riches protestants ont quitté et il n’a d’autre choix que de se dire catholique pour s’intégrer et tenter de renouer une relation avec celui qui, maintenant connu comme Nostradamus, est visité par les seigneurs de toute l’Europe pour ses prédictions.
Catholicisme contre réforme, médecins contre chirurgiens, hommes contre femmes, personnages éclairés contre superstitieux, raison contre inquisition, Jean-Philippe Depotte multiplie les oppositions tout au long du roman pour donner un rythme soutenu à son récit. N’hésitant pas à recourir à quelques scènes sanglantes (les soins apportés à Henri II après son accident de tournoi ou l’accouchement qui tourne mal marqueront les lecteurs les plus sensibles), l’auteur fait souffrir son narrateur : Philibert Sarrazin traverse les évènements tel un jouet sur lequel les puissants s’acharnent. Souvent dépassé (tout comme le jeune père des Démons de Paris), témoin impuissant de son époque, il ne prend de l’ampleur que face à un homme énigmatique et retord : Michel de Nostredame. Celui-ci se révèle complexe, changeant, autant devin que politique, et la relation ambivalente entre Michel et Philibert devient petit à petit l’axe central du récit autour duquel le monde s’écroule jusqu’à une fin aussi surprenante qu’ouverte.
Roman historique déviant (on passera avec amusement du livre à Wikipedia pour comparer les personnages et les lignes historiques et on notera quelques anachronismes comme la mention du bonneteau), roman fantastique contournant avec finesse l’écueil Nostradamus pour en suggérer une nouvelle approche, Les Jours étranges de Nostradamus propose un récit haletant, sans temps morts, qui passionnera tous les amateurs d’histoire parallèle. Jean-Philippe Depotte fait plus que confirmer les qualités déjà entrevues dans son premier livre, et on ne peut qu’attendre impatiemment sa troisième œuvre qui devrait s’attaquer à une période quelque peu méconnue : la Commune de Paris.
XVIe siècle, en France, Philibert Sarrazin, médecin lyonnais protestant, disciple de la médecine nouvelle de Vésale et Paré, se rend à Paris à l'appel d'un ancien collègue afin de pratiquer une dissection clandestine. Piégé et enlevé par un proche de la cour du Roi qui le fait chanter, il devra accepter d'espionner Michel de Nostredame, son beau-frère, afin de découvrir ses secrets et préserver ainsi son honneur. De Paris à Salon de Provence, en passant par Lyon, à une époque où mijotent les ingrédients de la guerre entre catholiques et protestants, nous suivrons les déconvenues de notre modeste médecin, héros malgré lui d'une histoire qui le dépasse...
Deuxième roman de Jean-Philippe Depotte, jeune auteur découvert par Denoël, voici une livraison difficile à classer. Thriller fantastico-historique ? Il y a de cela, tant l'auteur mêle l'exactitude des faits historiques à une certaine fantasmagorie mâtinée d'ésotérisme, le tout soutenu par un rythme romanesque débridé. On s'y perd et c'est très bien comme ça.
Même si Les jours étranges de Nostradamus s'inscrit moins dans la veine fantastique que Les DémonsdeParis (cf. critique in Bifrost n°58), il n'en reste pas moins quelques récurrences évidentes. D'abord, un personnage central éminemment croyant, bouleversé par la puissance du divin, en doute quant à la mise en réalité humaine du spirituel, en perpétuelle quête de sens. Ensuite la place des femmes, dans leur contexte, dans leur temps. Elles sont toujours prépondérantes à chaque ressort de l'intrigue.
On frôle parfois la stigmatisation, les comportements stéréotypés des personnages, qu'ils soient catholiques ou protestants, sont poussés à l'extrême. Et pourtant le rendu final demeure équilibré, cohérent, et nous donne une image finalement assez complète et juste (autant qu'on puisse en juger) de l'effervescence religieuse mortifère de l'époque, prémisse des massacres de la Saint Barthelemy. Certains y verront une forme de neutralité dans l'équilibre du regard porté par l'auteur, d'autres un jugement définitif dans l'analyse accablante qu'il a de son sujet. En tout cas, l'approche de Jean-Philippe Depotte ne peut laisser indifférent tant elle est fouillée. Là où d'autres n'ont fait qu'effleurer le sujet, il pousse loin dans l'exploration des thématiques sous-jacentes : proximité de l'absolue et de la folie ; triptyque pouvoir, religion, dissidence ; dualité de la science et du divin... On retrouve dans Les Jours étranges de Nostradamus quelques envolées du Moineau de Dieu de Mary Doria Russell (chef-d'œuvre, s'il en est). C'est dire si Depotte aura su approfondir son sujet et nous le restituer dans un format limpide et palpitant. Un livre intelligent et ludique. Plus que le présent roman, c'est ici l'auteur qui nous intéresse. De ceux dont le travail ne peut réellement s'appréhender que dans l'appréciation de l'ensemble, tissé patiemment de passerelles d'un écrit à l'autre. Alors évidemment, deux romans c'est encore un peu court, ne nous emballons pas, mais attendons avec impatience la suite pour vérifier notre hypothèse.
Bref, un vrai plaisir de lecture, un livre qui vous emmène tard dans la nuit alors que vous deviez vous coucher tôt ! Interpellant, troublant, envoûtant... impossible à lâcher.
Enfin, que dire de l'illustration de couverture, sinon que celle de Daylon pour Les Démons de Paris était somptueuse... ?
Après une entrée remarquée dans le petit monde de l'Imaginaire français, Jean-Philippe Depotte confirme ici tant son talent que son définitif statut d'auteur à suivre... et à lire.