L'ARBRE VENGEUR
, coll. Forêt invisible Dépôt légal : 4ème trimestre 2013 Première édition Roman, 144 pages, catégorie / prix : 12 € ISBN : 979-10-91504-05-8 Format : 11,5 x 16,8 cm✅
Quatrième de couverture
Un nouveau fléau dévaste les familles : les gamins ne parviennent plus à s'endormir, transformant la vie de leurs parents éreintés en enfer. Heureusement il y a l'ours Doux Dodo, la peluche fantastique qui, parce qu'elle refuse de céder au sommeil, épuise les petits insomniaques acharnés.
Estrella Gutiérrez a réussi par miracle à en dégoter un et se réjouit d'une nuit enfin calme... Naïve et épuisée, elle mésestime cependant Otto, le nouveau compagnon nocturne de son fils, qui en a décidé autrement et s'apprête à faire vivre au garçon quelques heures très intenses...
Ne laissez pas traîner ce livre devant l'enfant qui sommeille en vous, il est rempli de comptines bizarres, d'histoires à dormir debout, d'animaux sauvages et bavards, de créatures étranges, et vous risqueriez y prendre, venu de fort loin, un certain plaisir.
Critiques
Tous les parents du monde savent qu'il n'existe pas de recette miracle pour faire dormir un enfant en bas âge. Aussi, quand Estrella Gutiérrez découvre dans une boutique de Buenos Aires une marque d'ours en peluche, Doux Dodo, qui garantit visiblement un endormissement inévitable et très rapide, se jette-t-elle sur l'occasion. Même le fait que le prénom de l'ourson, Otto, ne fasse pas partie de la gamme de Doux Dodo ne l'inquiète pas. Elle le rapporte donc chez elle et le présente à Vladimir, son fils. Le principe de cette famille d'ours est simple : transposer les peurs enfantines sur le jouet, de façon à ce que l'enfant, plutôt que de ressasser son inquiétude et d'en oublier de s'endormir, s'occupe de son compagnon pour le rassurer et, ce faisant, se tranquillise lui-même. Sauf qu'Otto n'est pas un ours Doux Dodo, et ne va ainsi pas laisser Vladimir dormir : il va le maintenir éveillé, et lui raconter des histoires tantôt horribles, tantôt drolatiques, avec des animaux étonnants, telle cette grenouille, Esméralda, qui prône l'écologie et possède sa propre émission de télévision...
De l'aveu de l'auteur, l'idée de ce roman lui est venue du terme « oso » (ours, en espagnol), palindrome qui peut également être tourné à 180° tout en restant identique. Partant de là, il avait envie de raconter une histoire universelle, aussi s'est-il tout naturellement tourné vers les ours en peluche, figure mondialement connue. Son imagination féconde a fait le reste ; en effet, après une première scène ubuesque dans un magasin de jouets, ce récit plonge dans le monde des contes. Mais attention ! pas un conte où l'on croiserait des fées ou des princes charmants, mais bien un conte moderne, urbain, qui se déroule en partie dans les égouts mais où l'on convoque l'écologie, où l'on frémit autant que l'on rit. Vecchio réussit ainsi l’amalgame entre le côté cru des décors (les toilettes, les égouts) et une certaine féerie (la rencontre avec Esméralda) : pour peu que l'on ait conservé une part d'enfance, il nous emmène dans une fable fort réjouissante, où l'on ne sait jamais dans quelle direction il a prévu d'aller, ni s'il réussira à retomber sur ses pieds. Peu importe, le plaisir simple de se laisser emporter dans une aventure picaresque a ses vertus ; on pourra bien sûr imaginer qu'il a truffé son livre de quelques références à la société argentine, et plus spécialement à sa capitale (la mafia, l'importance de la télévision), mais, en tout état de cause, le premier degré fonctionne très bien, avec ses personnages hauts en couleurs. À tel point qu'on a parfois l'impression de se retrouver dans un dessin animé.
Avec Ours, auquel fait écho de manière appropriée la couverture joliment illustrée par Alban Caumont, Diego Vecchio nous propose donc une histoire réjouissante et rafraîchissante, puisant aux peurs et aux émerveillements enfantins, ce qui lui confère son universalité, qui parlera à tous ceux qui ont eu un compagnon en peluche dans leur enfance (voire encore à l'âge adulte pour certains), et qui fera regretter à tous les autres de ne pas en avoir eu.