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Cosmos Factory

Jacques BARBÉRI

Cycle : Le Crépuscule des chimères  vol. 2


Illustration de Stéphane PERGER

La VOLTE
Dépôt légal : décembre 2013
Première édition
Roman, 256 pages, catégorie / prix : 18 €
ISBN : 978-2-917157-67-1
Format : 17,0 x 23,0 cm



Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org
Ressources externes sur cette édition de l'œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture
À des éons de la Miskatonic en Nouvelle-Angleterre (planète Terre),
par-delà le monde de Nodens et l'univers charnière de Yahvé,
existe une prison qui s'étend sur des milliards d'années-lumière.
Sa Porte est sur le point de céder. Croyez-en ceux qui savent, la panique est toute
indiquée ! L'esprit humain ne saurait décrire l'entité innommable libérée de cette
immensité... Quelques centaines de mondes vont d'ailleurs être rayés de la carte.

Les anciens dieux qui ont construit la prison cyclopéenne pourraient peut-être
empêcher ce drame. Encore faudrait-il dénicher un kassakaappimies, le seul être
vivant capable d'abattre la Porte du monde où ils se terrent, dans les bas-fonds
des origines. Au cœur de l'Anamorphovers. L'enquête est à la mesure du cosmos :
effarante, prodigieusement !

     L'inclassable Jacques Barbéri est sans doute
     l'auteur français qui se rapproche le plus
     de l'hybride de laboratoire qu'on aurait pu
     créer à partir de Philip K. Dick, Serge Brussolo
     et J. G. Ballard : audacieux, dingue,
     et sans concession.
Critiques

            Il faut remonter à l’année 2002 pour goûter à la précédente version du Crépuscule des chimères. Dans un univers anamorphique voisin, le roman est paru dans la défunte collection « Imagine » chez Flammarion. En démiurge accompli, en maître des mots, Jacques Barbéri surfe sur les chronovagues, défiant les marées quantiques, pour repêcher ce titre antédiluvien et lui adjoindre un second volet, faisant de l’ensemble un diptyque aussi revigorant qu’un double scotch-benzédrine. Avertissement au lecteur : ça va tanguer dans la Structure.

            Vous qui entrez dans l’universcule de Jacques Barbéri, abandonnez tout espoir. À l’instar de Dante, mais en beaucoup plus fun et déjanté, l’auteur français accouche d’une œuvre monstre. Un hybride littéraire peuplé de chimères au génome encodé dans des séquences empruntées aux règnes animal et végétal. De dangereuses visions où la métaphysique se mêle à la science selon une alchimie dont l’auteur maîtrise les arcanes. Un toboggan en forme de double hélice, celle d’un ADN nourri aux littératures populaires. Un melting-pot d’influences diverses, d’auteurs cultes, de thématiques transcendantales, mais aussi plus prosaïques, innerve le diptyque de Jacques Barbéri. Sans céder au name-dropping, difficile de ne pas relever en vrac les allusions, emprunts, clins d’œil à Philip José Farmer, Fritz Leiber, Alfred E. van Vogt, Michael Moorcock, H. P. Lovecraft, Philip K. Dick, Jules Verne, Lewis Carroll et bien d’autres… Jacques Barbéri n’est en effet pas avare en la matière. Il rend hommage à tous ces créateurs dont les univers déclinent une arborescence des possibles vertigineuse. Pourtant, loin de se contenter d’en recycler la substance, il en flocule l’existence livresque, pliant le Verbe à sa volonté pour habiller la Structure de son propre universcule d’une profusion de trouvailles langagières, de mots-valises et d’images sidérantes.

            Résumer Le Crépuscule des chimères et Cosmos Factory ne rend pas justice à l’œuvre elle-même. L’acte contribue à intercaler le filtre de sa propre perception au propos de l’auteur. Optons plutôt pour le lâcher-prise. Plongeons en narcose, celle provoquée par l’ivresse des images contre-nature, celle suscitée par les concepts, les mots et les archétypes. Affrontons les légions d’Épeires/Daren, seigneur de la guerre, alliées aux créatures impies peuplant le delta de la rivière Miskatonic, à deux pas de la station balnéaire de Stellavista. Ou alors, livrons-nous avec Anjel, son jumeau bénéfique, à une étude en coupe de cet anamorphovers malade, en proie aux tiraillements de ses multiples dieux. Accomplissons une quête essentielle : celle de l’origine du monde. Non pas le tableau de Gustave Courbet, quoique… À moins qu’un séjour dans la torpeur de Kingsport, au bord d’une piscine, en accorte compagnie, ne nous convienne davantage. Une juste récompense pour oublier toutes ces créatures glu-antes, aux tentacules et becs meurtriers, qui hantent le delta, annonçant le retour imminent de Yog Sothoth.

            Bref, Jacques Barbéri bâtit un diptyque apparemment foutraque mais cohérent de bout en bout. Son propre monde, son volvox, de l’autre côté du miroir, à la charnière du monde réel et de son imagination. Mais de toute façon, qu’est-ce que la réalité ? Une floculation de la Structure déclenchée par l’activation d’un point de modulation perceptif ? Ou un ensemble de théories reposant sur un consensus déterminé scientifiquement ? Avec tout le respect dû à la science, que l’on nous permette de préférer la méthode Barbéri. Une méthode, certes en roue libre, mais diablement jouissive.

Laurent LELEU
Première parution : 1/4/2014 dans Bifrost 74
Mise en ligne le : 25/3/2020

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