Certains écrivains français ou étrangers, d’hier et d’aujourd’hui, se sont révélés, plus que tous les autres, parfaitement maîtres du roman cynique et du conte cruel : d’une plume trempée dans le vitriol et le sang, ils ont, de Sacher-Masoch à Ambrose Bierce, de Léon Bloy à José-André Lacour, donné à la littérature sa vérité nocturne... Cette collection va les redécouvrir.
LA PAPESSE JEANNE
suivi de
LE MOUTARDIER DU PAPE
C’est en 818, à Ingelheim, sur les bords du Rhin, que naît Jeanne, d’un père moine et d’une mère prénommée Judith, tous deux anglais. A la mort de son père, elle revêt l’habit monastique et devient nonne, puis — poussée au travestissement par la nécessité — moine, jusqu’à ce que, après de nombreux voyages et aventures, elle soit élue pape à Rome.
De ce pontificat sacrilège, qui aurait duré un peu plus de deux ans, la légende ne nous conte que la fin : l’accouchement et la mort, au cours d’une procession, de la Papesse.
Alfred Jarry, le père d’Ubu et de Faustroll, l’inventeur de la Pataphysique, ne pouvait qu’être séduit par la Papesse. En 1903, il commence à travailler sur une opérette à partir de ce thème. Le remaniement de ce projet donnera Le Moutardier du Pape qui paraîtra en 1907. Entre-temps, il a traduit avec le Dr Saltas, La Papesse Jeanne qui ne paraîtra qu’après sa mort, en 1908.
Le lecteur trouvera, réunis ici pour la première fois, ces deux textes capitaux — dans leur version définitive — sur lesquels se sont rencontrés la mythique Papesse et Alfred Jarry.
Il trouvera également le point sur la question, fait par Marc Voline, dont la voix est particulièrement autorisée puisqu’il est membre (occulte) du Collège de Pataphysique.