La Ville – la Ville toujours sombre – est noyée de brouillard et livrée aux barbares et aux chiens. Ses habitants se terrent. Mais qui sont les barbares et qui sont les chiens ? Dans la Ville, dont le tyran est un enfant, une monstrueuse mystification est à l’œuvre. Azert, petit fonctionnaire obnubilé par l’éclat de ses chaussures, est occupé à des tâches honorables. Son destin bascule après sa rencontre avec le Maître de la Ville et son ascension fulgurante le conduit à exécuter ses nouvelles tâches de tortionnaire avec la même application que ses précédentes fonctions.
Christian Chavassieux revisite dans « Le Baiser de la Nourrice » le thème de la naissance du bourreau, à mi-chemin entre la théorie sadienne (« il avait pris le parti de jouir du mal fait aux autres ») et l’interrogation de Kafka : « pourquoi n’y aurait-il pas un bourreau qui sommeille en tout honorable fonctionnaire ? »
Avec son écriture dense, parfois oppressante, parfois ponctuée d’humour noir, ce roman décline, dans une implacable logique de tragédie grecque, le rapport ô combien ambigu du plus commun des mortels à la mort et au pouvoir.
Jean-Patrick Péju
La collection « Les Sœurs Océanes », qui privilégie l’écriture poétique sous toutes ses formes, du texte versifié aux nouvelles en prose, favorisant l’innovation, l’originalité et le non-conformisme, est dirigée par Jean-Patrick Péju.