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L'Abomination d'Innswich

Edward LEE

Titre original : The Innswich Horror, 2010
Première parution : États-Unis, Forest Hill (Maryland) : Cemetery Dance Publications, 29 juin 2010
Traduction de Thomas BAUDURET
Illustration de Philippe JOZELON

MYTHOLOGICA (Les Clayes sous bois, France)
Dépôt légal : avril 2014, Achevé d'imprimer : mars 2014
Première édition
Roman, 152 pages, catégorie / prix : 11 €
ISBN : 979-10-93004-02-0
Format : 17,0 x 23,5 cm
Genre : Fantastique

Roman dédié à Wendy Brewer. Sois ma Cthulhina.
Contrairement à ce qu'affirme la quatrième de couverture, Edward Lee n'a pas remporté le prix Bram Stoker (il fut simplement nominé en 1995, les lauréats cette année-là étant Nancy Holder et Jack Ketchum, ex aequo).



Quatrième de couverture
Riche dilettante et fan de Lovecraft, à titre posthume puisque le maître mourut quelques années plus tôt, Foster Morley entreprend une tournée en bus à travers le Massachusetts, cherchant à mieux connaître les lieux qui inspirèrent le Maître.
Jusqu’à ce qu’il tombe sur Innswich, une petite ville côtière qui pourrait bien avoir inspiré à Lovecraft Le Cauchemar d’Innsmouth ! S’attardant en ville, il découvre que l’hôtel dans lequel il réside est le même que celui où le Maître a séjourné. De plus, un douteux photographe l’appâte en prétendant détenir une photo de l’écrivain, preuve incontestable de son passage en ville.
Mais pourquoi toutes les femmes de ce petit port sont-elles enceintes ? Quels rituels sinistres se déroulent au premier étage inaccessible de l’hôtel ? Et si Lovecraft ne s’était pas juste inspiré des lieux ? Certaines de ses créatures les plus grotesques sont-elles uniquement le fruit d’une imagination fertile ?
 
Edward Lee est l’auteur de quarante romans et de nombreuses nouvelles, dont Mr Torso, qui reçut le prix Bram Stoker. Il est traduit en Allemagne, en Grèce, en Roumanie et en Pologne, et maintenant en France.
Critiques

Focus Lovecraftien

            Piqûre de rappel après le numéro 73 de Bifrost, et démonstration qu’il y a toujours une actualité lovecraftienne. Trois publications récentes constituent en effet, à titres divers, des hommages au Maître de Providence ou des variations sur son œuvre (et encore, sans compter ce qui s’est publié en numérique, mais ne poussons pas le shoggoth dans les orties…) ; trois approches radicalement différentes, pourtant, de cette matière commune ; et, comme de juste, le résultat est plus ou moins bon…

            La revue Mythologica, parallèlement à son numéro spécial Lovecraft (eh) abordé plus avant dans nos pages dans « Le coin des revues » de Thomas Day, a également publié L’Abomination d’Innswich d’Edward Lee, titre ne laissant guère de doute sur l’objet du livre. Il s’agit bien ici de reprendre la fameuse nouvelle de Lovecraft qu’est « Le Cauchemar d’Innsmouth », avec ce riche dilettante, lovecraftien précoce d’une naïveté confondante, qui fait du tourisme en Nouvelle-Angleterre sur les pas du Maître. Il arrive ainsi dans la ville d’Olmstead (nom du narrateur de ladite nouvelle), et y découvre tant de coïncidences que cela ne peut être le fait du hasard ; de toute évidence, Lovecraft est passé par ici, et y a puisé son inspiration. Et sans doute pas seulement pour les noms propres… Un pastiche anecdotique, et certainement pas « pour public averti », en dépit des prétentions de la quatrième de couverture. Ça colle énormément à la nouvelle originale et ne surprendra guère le lecteur, mais ça se révèle malgré tout honnête, et c’est déjà pas mal ; une lecture distrayante pour amateur de lovecrafteries pas trop exigeant.

            On passe à quelque chose de bien plus intéressant avec Le Piège de Lovecraft d’Arnaud Delalande, auteur à succès du Piège de Dante. Il s’agit cette fois d’un thriller ésotérique dans lequel le narrateur, confronté à la folie d’un camarade étudiant qui commet un meurtre de masse avant de se suicider sous ses yeux, en vient à s’intéresser à Lovecraft, au « Mythe de Cthulhu » (notamment dans ses variantes ludiques), et tout particulièrement aux « livres maudits », Necronomicon en tête. Bien entendu, se pose très vite la question de l’existence réelle, sous une forme ou une autre, de l’ouvrage de l’Arabe dément Abdul Alhazred… Mais la quête du narrateur va au-delà, baignant dans l’horreur cosmique et visant à circonscrire le mal à l’état métaphysique. On se doute là encore très vite de comment cela va finir, ce qui pourrait être rédhibitoire, d’autant que la pirouette finale, outre son évidence, a quelque chose d’arrogant, pour ne pas dire mégalomane. Et pourtant, ça marche. Car Arnaud Delalande se montre un conteur efficace qui sait promener le lecteur, bien aidé par une intrigue malgré tout palpitante et une plume agréable. Plus malin qu’il n’en a l’air, et assurément ludique, Le Piège de Lovecraft constitue donc, en dépit de quelques défauts notables, une bonne surprise.

            Le plus intéressant de ces trois volumes, cependant, est de loin Les Furies de Borås du Suédois Anders Fager, aux éditions Mirobole. Il s’agit d’une sélection de nouvelles piochées dans trois recueils, et quelle sélection ! On est là, de toute évidence, devant de l’excellente littérature fantastique, comme on n’en avait probablement pas lu depuis longtemps (hélas…). Anders Fager se place bel et bien dans la lignée de Lovecraft (les références ou allusions ne manquent pas, toujours réjouissantes), mais en modernisant sa matière ; aussi peut-on à juste titre le comparer à Stephen King (la quatrième de couverture ne s’en prive pas), mais aussi, sans doute, au Clive Barker des « Livres de sang ». Du sexe, du sang, des tentacules : joli programme pour un superbe recueil qui fait mouche à tous les coups, et dont les textes se répondent habilement. On se régale ainsi de ces jeunes ménades qui vont danser (et plus puisque affinités) dans les bois, de ce gamin qui fait l’apprentissage du mal auprès de « lapins-caca » pas tout à fait innocents, de cette femme ( ?) entourée d’aquariums et avide de conquêtes, de cet inexplicable suicide collectif de vieillards… ou, dans le passé, de la terrible vengeance d’un homme brisé par l’horreur de la guerre, voire encore de cette séance fondatrice à l’aube de la psychanalyse. Tout le recueil, à vrai dire, pourrait y passer. Répétons-le, ça le mérite : Les Furies de Borås comblera tout amateur d’horreur ; indispensable.

Bertrand BONNET
Première parution : 1/7/2014 dans Bifrost 75
Mise en ligne le : 5/4/2020

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