Le dernier roman de Sternberg ressemble à son avant-dernier, Le cœur froid, qui déjà ressemblait à ces nouvelles qu’on peut trouver dans Contes glacés (Marabout), comme Marée basse, ou surtout Le reste est silence, qui inspire directement Sophie, lequel roman provient d’ailleurs de sa dramatique télévisée Comme des ombres jumelles (vue en automne 74). Boucle indéfiniment bouclée d’une inspiration qui est véritablement respiration – respiration de ce fameux Profumo di dona que Sternberg aspire comme il vit, vit comme il respire, reboucle rebouclée. Histoire d’un amour donc plus que portrait de femme, histoire d’un amour fuyant, insaisissable plus qu’impossible, histoire d’un faire l’amour a en perdre le souffle, telle est cette Sophie hantée de mer et de nuit, jusqu’à ce que l’une et l’autre l’engloutissent dans un final à peine fantastique. Sternberg ici dit trop vrai et touche trop juste pour que ce récit ne soit pas ressenti jusqu’à l’os, jusqu’au sexe. Comme aussi toutes ces formules (celle-ci entre autres : Je suis d’un naturel très curieux. Du moins avec les gens que j’aime. Les autres, je m’en fous), que le signataire de cette notice pourrait reprendre à son compte, signe d’une fraternité de cœur et de tripe avec Sternberg, signe aussi d’une partialité qui ne cherche pas à se cacher sous les artifices de la « critique ». « Sophie, la mer et la nuit s’impose sans faille comme le meilleur roman de Sternberg », lit-on au dos du livre. Pour une fois, c’est vrai.