GALLIMARD
(Paris, France), coll. Bibliothèque de la Pléiade n° 456 Dépôt légal : février 2010, Achevé d'imprimer : 18 février 2010 Réédition en omnibus Recueil de romans, 1584 pages, catégorie / prix : 63,50 € ISBN : 978-2-07-012816-7 Format : 10,5 x 17,0 cm✅ Genre : Imaginaire
Couverture : Borges en 1984 - Ferdinando Scianna-Magnum.
Sommaire limité aux œuvres du genre.
La publication du second volume de ce qu'il faut se résoudre à appeler l'« intégrale » de Borges — ont été exclues de ces Œuvres complètes de rares textes reniés par l'auteur — a été abondamment commentée dans la presse, qui en a fait l'un des événements de l'année. Pourquoi alors en parler dans Galaxies ? D'abord parce que Borges, esprit éclectique s'il en fut, s'est souvent intéressé à notre genre d'élection — sa préface aux Chroniques martiennes, reprise dans ces pages, est un petit chef-d'œuvre, fort émouvant qui plus est — en plus d'être lui aussi, à sa façon, un créateur d'univers.
Ensuite, même si cette réflexion est purement anecdotique, parce que la lecture de ces Œuvres complètes n'est pas sans faire penser à un autre grand des littératures de l'imaginaire, à savoir Lovecraft : Jean-Pierre Bernès, responsable de cette édition, est un peu à Roger Caillois, le « découvreur » de Borges, ce que S. T. Joshi fut naguère à August Derleth — un érudit qui remet les pendules à l'heure, rétablit quelques vérités historiques et donne de l'auteur une vision plus complète, sinon plus juste.
Mais ce qui fait que Borges est indispensable, c'est la place qu'il occupe dans la littérature contemporaine, place qui n'est pas partout reconnue à sa juste valeur. Le caractère référentiel de ses fictions, son interrogation constante sur les rapports entre littérature et réalité, sa façon de brouiller les cartes à coups de rapports sur des livres inexistants, de plagiats à rebours et de traductions supérieures à leur version originale, font de lui un précurseur, sinon un prophète, de ce que l'on appelle le postmodernisme.
En lisant ce volume, on a un peu l'impression de découvrir un atlas littéraire, le portrait d'une culture en gestation, une anticipation aussi ironique qu'inquiétante de la littérature en devenir. Bref, une encyclopédie qui, elle aussi, aurait crée de toutes pièces le sujet de son étude, qui aurait créé Tlön en le disant.