« Au-dessus d'elle, ses yeux morts la regardaient. »
Que s'est-il passé cette nuit-là entre Peter Grace, le fondateur de la secte, et ses disciples ? Que comptait-il faire de l'enfant qu'on lui avait amené ? Nul ne le sait. Car on retrouva le cadavre de Peter, la nuque brisée, et ses disciples s'enfuirent, soulagés qu'il ait emporté son secret dans la tombe.
La théorie était pourtant d'une redoutable simplicité : lorsqu'on est capable de quitter son propre corps par projection astrale, on peut aussi pénétrer le corps d'un autre individu, à condition de dominer sa personnalité. Un très jeune enfant, par exemple, est un excellent sujet...
« Un tel individu peut-il vraiment mourir ? » se demandait Rose qui se sentait étrangement impliquée dans cette sinistre histoire.
Ramsey Campbell, l'un des « grands » de l'horreur contemporaine, était jusqu'à cette année pratiquement inconnu chez nous, hormis quelques trop rares nouvelles — notamment Le mandataire, in Fiction n° 360, L'essayage, in Les Masques de la peur, anthologie de Richard D. Nolane, Fiction Spécial n° 33 et Les téléphones in Arachné. La publication à quelques mois d'intervalle de La poupée qui dévora sa mère et du Parasite ne fait donc que rendre justice à un auteur qu'il convenait de découvrir.
Le parasite commence par une scène étrange et obscure où des adolescents se livrent à une séance de spiritisme qui, apparemment, tourne plutôt mal pour la plus jeune des protagonistes. Le genre de scène destinée à accrocher le lecteur dès les premières pages. Puis Campbell enchaîne sur la vie quotidienne d'un couple sympathique et attachant qui écrit des livres sur le cinéma. On l'aura deviné, le roman conte la lente révélation du rapport existant entre la première scène et le couple en question.
Ramsey Campbell a écrit là une histoire d'horreur moite et étouffante, un modèle du genre. L'humour et la légèreté des premières pages — passé le prologue — cèdent peu à peu la place à une terreur qui ne cesse de monter, tandis que se révèle la nature de ce parasite qui donne son titre au roman et que Rose, l'héroïne, s'enfonce dans l'angoisse et l'incompréhension. La description de la dégradation des rapports de celle-ci avec son mari et ses semblables n'aurait pas déparé dans une œuvre « littéraire », bien au contraire ! Campbell est aussi un styliste et la traduction — bien que coupée d'environ 10 % — a su conserver son écriture riche et efficace. Un très grand texte aux relents de soufre, dont le seul défaut est la quatrième de couverture, qui tue inutilement le suspense ; évitez donc de la lire si vous voulez profiter pleinement du Parasite.