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(Chambéry, France), coll. Hélios n° 36 Date de parution : 20 août 2015 Dépôt légal : août 2015, Achevé d'imprimer : juillet 2015 Réédition Recueil de nouvelles, 376 pages, catégorie / prix : 9 € ISBN : 978-2-917689-91-2 Format : 11,0 x 18,0 cm Genre : Fantastique
"C'est mon travail de traquer les monstres. J'en ai connu beaucoup, brièvement. Ils étaient tous humains à la base."
Navarre, alias Raphaël, est un vampire vieux de plusieurs siècles, terriblement beau, joyeusement bisexuel et surtout un assassin redoutable à la solde du Vatican. Pour sa nouvelle mission, il est envoyé au Brésil sur les traces d’un ancien nazi. Mais, entre les divinités locales et la chaleur du Carnaval, la chasse ne s'annonce pas de tout repos... d'autant qu'il se retrouve accompagné d'un prêtre, au dogme laxiste, et d'une autre créature de la nuit, Dana, particulièrement attirante.
Rythmé, drôle, étonnant, osé... Dans la lignée de L'Héritière, Jeanne-A Debats, avec Métaphysique du vampire, réinvente le roman vampirique pour mieux nous faire s'interroger sur la notion d'humanité.
Jouant avec les codes de la science fiction et du fantastique, Jeanne-A Debats est désormais une voix importante des littératures de l’imaginaire en France. Son œuvre interpelle, distrait et fait réfléchir, avec toujours des personnages hauts en couleur, de La Vieille Anglaise et le continent à Plaguers en passant pour les plus jeunes par La Ballade de Trash. Cette édition contient en prime les nouvelles "Lance", "La Fontaine aux serpents" et "Ovogenèse du vampire".
1 - Lance, pages 185 à 252, nouvelle 2 - Ovogenèse du vampire, pages 253 à 297, nouvelle 3 - La Fontaine aux serpents, pages 299 à 365, nouvelle 4 - Jean MARIGNY, Postface, pages 367 à 374, postface
Fin janvier 1968. Navarre, vampire âgé de plusieurs siècles et qui œuvre pour le Vatican sous le nom de code « Raphaël », est contacté par le père jésuite Ignacio en vue d'une prochaine mission. Navarre doit en effet se rendre à Rio afin de ramener vivant le nazi Kelten pour le livrer au Mossad, commanditaire de l'opération. Sur place, le vampire découvrira des congénères à la chevelure platine, une entité vaudou toute-puissante dénommée familièrement « Sac de Patates », et un lot de gadgets wicca. Le tout servi par nombre de péripéties qui changeront son devenir.
Etrange roman que celui-ci et c'est rien de le dire. Dédié à Roland C. Wagner et Serge Lehman, précisément en référence à un fil de discussion d'un forum où Jeanne-A. Debats a son rond de serviette, le texte revendique complètement sa dimension fanique, construction foutraque et syntaxe au frein à main (sans rétrograder) inclus. Des passages à la gouaille alternent avec des éléments surécrits, les répétitions abondent, notamment « gérer » et « je saisis », l'usage de la virgule est assez aléatoire, et enfin les poncifs pullulent sans que l'on sache si c'est du second degré : « sa figure sublime se tord dans un rictus hideux » ; « mes dents crispées à se rompre » ; « ses cheveux d'or pâle étalés sur l'oreiller ». Certaines expressions et situations nous laissent toutefois penser que l'auteur s'amuse, façon Jean Dujardin dans les deux parodies d'OSS 117 : « Par ici m'sieurs, dames ! » ; « c'est à partir de là que ça devient coton ». Le héros se rend à Rio forcément au moment du carnaval, fait un tour dans les inévitables favelas, et son aide s'appelle nécessairement Joao. Soit un dépaysement digne de la série Docteur Caraïbe avec Louis Velle (chanson du générique interprétée par Herbert Léonard), où l'on côtoie le Vatican toujours aussi calculateur, et les nazis qui peinent à sortir de leur rôle d'enflures. Ajoutons un hommage à Teilhard de Chardin (page 73), et un autre à Joseph Altairac (pp. 96 et 97). Deux anachronismes flagrants (la désignation « string » pour un maillot n'existe pas à l'époque, et de même une référence à Le Bon, la brute et le truand en 1968). Quelques incohérences (par exemple Sandoval ne reconnaît pas la date de naissance d'Hitler page 95, mais il connaît sa date de décès page 107) et pas trop de coquilles. Une bonne conduite de l'action sur cinquante pages, un rythme parfaitement mené sur près d'un tiers du roman tout de même, avec l'intrusion de Sandoval et de Raphaël dans la villa émaillée de trouvailles originales. Un choix narratif qui assume à fond les ballons le manque d'originalité en venant après le Masticationde Jean-Luc Bizien et Petits arrangements avec l'éternité d'Eric Holstein, au point que l'on pourrait parler de copie carbone. Bref, on obtient un texte où, intentionnellement, l'auteur abandonne toute prétention d'écrivain pour servir au mieux une tradition populaire, celle de Les Blondes aiment les bastoset de Passe-moi le beurre !(d'un autre côté, Ad Astra sonne comme un nom de margarine) ou de n'importe quel roman de gare. S'agit-il d'un mauvais livre ? Assurément oui, mais voulu comme tel. On se perd alors dans les couches de sens, et c'est bien là que réside la part métaphysique du projet. Le roman est réussi parce qu'il est mauvais, sa médiocrité volontaire était une condition de sa réussite.
Enfin, dernier point qui parachève la plaisanterie : 13 euros pour un livre format poche qui fait cent soixante pages, à quoi s'ajoute un entretien de dix pages d'un auteur dont on sait par ailleurs tout pour peu que l'on traînasse sur le ouèbe.